MANSOUR SAMB, ECONOMISTE, SUR LE GROUPE CONSULTATIF DE PARIS: «C’est bien d’aller à Paris, mais ce qui est important, c’est que l’argent reste au Sénégal»



 
 
Le succès du Sénégal au Groupe consultatif de Paris, s’inscrit dans la dynamique de réussite de notre pays aux rendez-vous précédents avec ses partenaires techniques et financiers. Et il faut le mettre sur le compte de la crédibilité de sa signature qui est garantie. C’est la réaction de l’économiste et membre du parti Rewmi Mansour Samb, pour qui le plus important n’est pas de trouver des milliards, mais de faire en sorte que cet argent reste au Sénégal, en favorisant une croissance inclusive.
 
 
 
Rien n’est surprenant sur les performances du Sénégal, hier, au Groupe consultatif de Paris, si l’on en croit l’économiste Mansour  Samb. «Sur une attente de 2850 milliards, ils ont obtenu près de 8000 milliards. C’est une performance, il faut le dire. Mais ce qui explique cette performance, c’est la signature du Sénégal. Elle est garantie», soutient le responsable du parti Rewmi. 
 
 
 
Depuis Idrissa Seck, le Sénégal double le gap tous les 4 ans
 
 
 
Et il en veut pour preuve les réussites des précédents groupes de consultation. «Le Sénégal double le gap tous les quatre ans. Et on mobilise toujours le double du montant attendu», dit-il. Il rappelle qu’en son temps, Idrissa Seck était allé à Paris, chercher 380 milliards et en a obtenu plus de 840. Idem pour Hadjibou Soumaré qui, sur une attente de base de 1000 milliards, en a eu finalement 2700. Amadou Ba, lors de son premier groupe consultatif, escomptait 1800 milliards et est revenu avec plus de 3800 milliards».
Poursuivant, il ajoute que ces succès se comprennent, si l’on sait que «le groupe de consultation reconnait maintenant le Sénégal» et que «le Sénégal a une bonne image au groupe consultatif». Mieux, il note que «le Sénégal a un très bon cadre macro-économique», encadré et surveillé comme du lait sur le feu, par le Fonds monétaire international (Fmi), à travers l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe). «C’est à cause de ça que le Sénégal mobilise facilement des fonds au niveau international. La signature du Sénégal est garantie par l’Ispe et le Fmi».
Pour l’économiste, le problème n’est pas de trouver de l’argent, mais de savoir bien s’en servir. «Ce qui est important, ce n’est pas de trouver de l’argent, mais ce qu’on en fait après. Si on obtient par exemple 5000 milliards, est-ce que les gens sentent cela ? Est-ce que l’État s’endette pour que les Sénégalais gagnent de l’argent ou pour que les entreprises étrangères gagnent de l’argent ?», questionne-t-il. Pour lui, la réponse coule de source. «L’État finance ses projets avec l’endettement, Or ce sont les entreprises étrangères qui gagnent les marchés, les Chinois, les Français… Si l’État s’endette et que l’argent est capté ensuite par les entreprises étrangères qui rapatrient leurs bénéfices dans leurs pays, ce n’est pas intéressant. Cela ne permet pas de créer une croissance inclusive», note le rewmiste. 
Pour lui, ce serait plus intéressant et plus bénéfique pour le pays, que l’argent emprunté soit mis dans des projets où les entreprises locales sont associées, même si c’est en association avec des entreprises étrangères. «Cela va permettre à ces entreprises locales de travailler et de se développer et l’argent va rester au Sénégal», précise Samb. Poursuivant, il note que «c’est bien d’aller à Paris, mais ce qui est important, c’est que l’argent reste au Sénégal». Et pour cela, l’économiste demande qu’«on l’investisse dans des projets où des entreprises locales peuvent y gagner ; que les dépenses publiques servent les entreprises locales». Car, c’est de cette manière seulement qu’on créera «une croissance inclusive». 
 
Mbaye THIANDOUM
 
 
 

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