Afin de préserver leur efficacité, certains vaccins contre le Covid-19 se conservent à des températures extrêmement basses. Parmi ce lot, les plus efficaces comme ceux de Pfizer-BioNTech ou Moderna dont la conservation doit se maintenir entre -20°C et -70°C, depuis le lieu de fabrication jusqu’aux centres de vaccination. Une chaîne du froid et un enjeu logistique complexes que tous les pays n’ont pas les moyens de se payer. Au Sénégal, alors que les spéculations sur le choix de vaccin des autorités vont bon train, «Les Échos» révèle ici que le Sénégal n'a pas la capacité de stocker les vaccins Covid-19 à des températures ultra-basses. Ce qui fait que Dakar préférerait recevoir des flacons pouvant être conservés plus longtemps sous une réfrigération ordinaire. Ce qui signifie que les Sénégalais ne devront pas être vaccinés avec les vaccins les plus efficaces.
Lors de son message à la Nation du 31 dernier, le Président Macky Sall a évoqué le vaccin contre le Covid-19 aussi attendu que craint par les Sénégalais. Le Président Sall avait, en effet, déclaré avoir instruit ses collaborateurs à travailler sur une stratégie nationale de vaccination. Avant cette prise de position du Président Macky Sall, beaucoup de déclarations allant dans le sens du vaccin que le Sénégal a choisi avaient été faites. Mais la vérité est que le Sénégal n'a pas la capacité de stocker les vaccins Covid-19 à des températures ultra-basses et préférerait recevoir des flacons pouvant être conservés plus longtemps sous une réfrigération ordinaire. Cette révélation a été faite lundi par le coordonnateur du Programme élargi de vaccination de Sénégal, Docteur Ousseynou Badiane. Les vaccins distribués par Moderna, qui nécessitent un stockage à -20 degrés Celsius et ceux de Pfizer et BioNTech, qui doivent être conservés à -70 degrés Celsius, sont moins souhaitables. Mais s’il en est ainsi, c’est parce que le Sénégal ne pourrait stocker le vaccin Moderna que pendant 30 jours et le vaccin Pfizer pendant sept jours seulement, mais après cela, ils seraient perdus. Le défi majeur consiste donc à respecter la chaîne du froid depuis le lieu de fabrication des vaccins jusqu’aux centres de vaccination. Une logistique complexe et chère qui n’est pas à la portée du Sénégal.
Moderna et Pfizer «exclus»
Ce manque de chambres froides signifie que le Sénégal ne pourrait conserver que les vaccins développés par AstraZeneca et l'Université d'Oxford, par la Chine ou la Russie à long terme, car ils ne nécessitent pas de gel profond. Les vaccins Moderna et Pfizer «ne sont pas notre premier choix. Notre premier choix est le vaccin qui s'intègre facilement dans le système existant, qui ne nécessite pas d'investissement majeur», a déclaré Dr Badiane à Reuters, notant que «si les vaccins ne sont pas utilisés dans le bon laps de temps, ce serait un énorme gaspillage».
C’est le moins qu’on puisse craindre si l’on sait que le Sénégal est un pays pauvre au climat chaud et avec une bonne partie des zones rurales qui n’est pas ou qui est peu électrifiée. Mais cette situation démontre également un manque de préparation du Sénégal à recevoir des vaccins, alors même que la courbe épidémiologique continue de grimper jusqu'à atteindre des records.
7 nouvelles chambres froides installées à Fann
Mais malgré tout, le Sénégal capitalise une bonne expérience dans les campagnes de vaccination. Le pays dispose de quatre chambres froides à Dakar où des milliers de flacons de vaccins contre la fièvre jaune et l'hépatite B sont conservés entre 2 et 8 degrés Celsius.
À l'hôpital Fann, des techniciens installent sept nouvelles chambres froides. Mais pour l'instant, le manque de réfrigération profonde limite les options du pays. Toutefois, estime Docteur Badiane «maintenant si l'option est de prendre les vaccins de Pfizer ou de Moderna, nous devrions refaire toute notre logistique».
En tout état de cause, le Sénégal, à l’image de bien des pays du continent, a accusé beaucoup de retard dans le cadre de la campagne de vaccination. Alors des millions de personnes ont déjà reçu des vaccins dans les pays occidentaux et en Chine, le Sénégal attend des vaccins dans le cadre du programme mondial Covax soutenu par l'Organisation mondiale de la santé. Ce programme aide à financer les livraisons à 92 pays en développement avec des moyens limités ou inexistants d'acheter des vaccins par eux-mêmes.
Sidy Djimby NDAO