MAMADOU THIOR LORS DE LA JOURNEE MONDIALE DE LA LIBERTE DE PRESSE :«La liberté de la presse est chahutée au Sénégal»




 
 
 
Le président du Cored a déploré la chute vertigineuse du Sénégal au classement de Rsf ; une chute liée, dit-il, à la judiciarisation à outrance des délits de presse, au moment où ces délits ont été dépénalisés dans la sous-région. S’agissant de la liberté de la presse, même si elle existe, elle est chahutée, de l’avis de Mamadou Thior.
 
 
 
A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, la Coordination des associations de presse (Cap) et l’Unesco ont organisé une table ronde au terme de laquelle le président du Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (Cored), Mamadou Thior, est revenu sur le rapport de Reporters sans frontières (Rsf) qui classe le Sénégal 104e, après avoir occupé la 73e place en 2022. «Une chute vertigineuse», estime le président du Cored. «Quand vous faites la comparaison sur les deux ans, nous avons perdu 55 places (24 places en 2022 et 31 places en 2023). C’est quand-même beaucoup. Déjà, en 2022, nous avions alerté pour dire que nous n’étions pas dans la bonne direction et qu’il fallait changer de paradigme. Et c’est dû à la judiciarisation à outrance des délits de presse», explique Mamadou Thior, persuadé que certaines affaires ne méritent pas d’être portées à la justice, d’autant plus que les professionnels des médias ont créé un mécanisme en l’occurrence le Cored. «Le tribunal des pairs peut trancher ces affaires-là. Il faudrait que les gens puissent nous faire confiance et cela va nous éviter un tel classement. Un seul journaliste en prison, ça impacte négativement ; à plus forte raison deux à trois journalistes», précise le président du Cored.
Interpellé sur la liberté de la presse, Mamadou Thior de rétorquer : «la liberté de presse est une réalité, mais elle est chahutée», dit-il, avant de poursuivre : «si vous prenez le code de la presse, la dépénalisation des délits de presse est en vogue dans toutes les démocraties modernes, même dans la sous-région où les délits de presse ont été dépénalisés. Mais le Sénégal ne veut pas s’inscrire dans cette dynamique et considère que les journalistes ne sont pas au-dessus des lois. Ce n’est pas la lecture qu’il faut en faire. Dans le cadre de son travail, un journaliste ou un technicien des médias ne doit pas être inquiété. Maintenant, s’il s’agit d’une autre affaire, nous sommes tous des justiciables», explique le journaliste qui appelle l’Etat à mettre ses confrères à l’aise dans l’exercice de leur fonction.
Poursuivant, il s’est désolé de constater que c’est dans le cadre de leur travail que des journalistes ont été inquiétés, simplement parce qu’ils ont été critiques. La vocation d’un journaliste, c’est d’être critique. Nous sommes là pour débusquer les cafards, mais en toute responsabilité», précise Mamadou Thior, qui révèle que le tribunal des pairs a connu et tranché une quarantaine d’affaires. Ce qui veut dire que le Cored travaille et il faudrait que les Sénégalais fassent confiance à cet organe.
 
M.C
 
LES ECHOS

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