MAMADOU OUMAR NDIAYE, NOUVEAU PRESIDENT DU CNRA : «Il s’agit de réguler sur du sable mouvant avec le numérique qui a fini de tuer le secteur de la presse écrite»




 
 
 
Babacar Diagne et son successeur Mamadou Oumar Ndiaye ont procédé hier à la passation de service à la tête du Conseil national de régulation de l’audiovisuel. Prenant la parole, le nouveau patron du Cnra a rappelé les défis à relever qui sont devant lui.
 
C’est finalement hier que le nouveau président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a officiellement pris fonction. La passation de service entre le sortant Babacar Diagne et Mamadou Oumar Ndiaye s’est passée dans une ambiance détendue. A l’entame de son propos, le président du Cnra fait savoir qu’il est conscient des défis qui l’attendent. «Il y a des défis énormes. Aujourd’hui, il s’agit de réguler sur du sable mouvant, avec l’évolution fulgurante des technologies, avec le numérique qui a fini de tuer le secteur de la presse écrite. C’est le secteur que je connais. J’ai fait 44 ans de journalisme… Il va falloir que le législateur adapte les textes, qu’on adapte également notre manière de réguler. Et tout ça, c’est de très vastes chantiers auxquels j’invite tout le monde à m’accompagner», annonce le successeur de Babacar Diagne à la tête du Cnra.
Dans un autre angle de son discours, Mamadou Oumar Ndiaye rassure le monde de la presse qu’il ne sera pas un gendarme, ou un maître d’école armé de sa chicotte pour cravacher quiconque. Mais il apporte une nouvelle vision de la gestion du Cnra au service des acteurs du monde de la presse. Sa ligne «éditoriale» sera axée davantage sur la prévention et non la répression. «Je prends le train en marche. Parce que je viens en pleine période de préparation des élections. Je prends le train en marche. Mais je n’ai pas peur. Parce que je trouve une équipe de rêve. J’entends d’abord faire de la prévention. Je ne me veux pas être gendarme de l’audiovisuel. Je ferai de la régulation. Je ne serai pas un juge qui va trancher de manière autoritaire. Je privilégierai beaucoup la prévention, la sensibilisation, la pédagogie. Et la sanction, si elle doit intervenir, elle n’interviendra qu’en dernier ressort, quand toutes les autres voies de règlement des contentieux auront été épuisées. Mais j’espère que je n’en arriverai pas là», fait-il savoir.
Mamadou Oumar Ndiaye d’informer la jeune génération qu’il faisait partie de l’équipe dirigeante de la presse des années 80 et 90, ceux qui ont lutté d’arrache-pied pour imposer à l’Etat de permettre au monde des médias d’avoir des acquis considérables.
Dans son discours d’adieu au personnel, Babacar Diagne dit quitter cette fonction la tête haute, car il est animé par le sentiment du devoir accompli. «Me voici, sur le départ, un départ, après une mission accomplie, est certes un soulagement, mais comporte toujours quelques regrets. Regrets de quitter l'Administration du Cnra, que j'ai trouvée ici au moment d'entrer en fonction, il y a six ans», dit-il.
Babacar Diagne se réjouit d’avoir comme successeur Mamadou Oumar Ndiaye. «Je ne pouvais espérer mieux trouver comme successeur. Le bien précieux qu'est la liberté de la presse vous doit beaucoup. La presse doit être libre, c'est ma conviction. Il lui incombe tout autant d'être responsable. L'équilibre est fragile, mais il incombe toujours aux acteurs de travailler à maintenir ce fragile équilibre, s'il en est. À notre sens, il est possible d'avoir une presse qui n'encense pas nécessairement, mais qui n'incite pas non plus à la haine. L'autre raison essentielle est qu'aujourd'hui, nous vivons dans un paysage médiatique miné par les tensions financières ; qui mieux que vous pourrait aborder ce sujet avec les nouvelles autorités et les acteurs des médias ? Vous avez été, et ce pendant des décennies, un entrepreneur de presse, courageux et résilient, en presse écrite comme en radio», dit-il.
Baye Modou SARR
 
LES ECHOS

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