MAMADOU KASSÉ, TÊTE DE LISTE DE LA COALITION TAKKU-WALLU À TAMBACOUNDA : «Cette campagne fut une vraie saison de trahison et de coups bas»




 
 
Désormais, les représentants des populations de Tambacounda à l’Assemblée nationale sont de Pastef. La tête de liste de la coalition Takku-Wallu, qui faisait face à Pastef avec le soutien de Samm Sa Kaddu, explique cette défaite par la volonté du peuple sénégalais à aller jusqu’au bout de sa logique, en confiant aux nouvelles autorités les moyens de gouverner. Ce dernier, qui a été lâché par beaucoup d’élus de l’Apr en pleine campagne, regrette l’attitude de ses désormais ex-camarades et parle de trahison et de coups bas.
 
 
Les Échos : Les résultats des législatives anticipées sont connus, vous attendiez-vous à un tel aboutissement au niveau national ?
 
Mamadou Kassé : Les élections, quel que soit le format, renferment d’innombrables secrets. Les législatives anticipées ont confirmé la tendance de la présidentielle de mars 2024 avec un large plébiscite du parti au pouvoir. Je m'attendais à plus d’équilibre et nous avions travaillé à cela, mais les citoyens ont souhaité aller au bout de leur logique initiale. Surpris, oui, pour certains départements, notamment le nôtre, mais l’aboutissement est logique et entre dans une tradition bien sénégalaise de doter tout nouveau pouvoir de tous les leviers pour gouverner.
 
Vous aviez opté pour du porte à porte, ne regrettez-vous pas d’avoir effectué une campagne aussi sobre ?
 
Ma campagne fut intense dans le sens où elle m’a mené dans tous les coins et recoins du vaste département de Tambacounda. Il n’y a aucun regret, car l’option était bonne mais, seulement, il est difficile de stopper un vent national de changement de cette ampleur. De plus, nos adversaires se sont donné tous les moyens d’arriver à un tel résultat. C’est pour cela qu’il faut féliciter les vainqueurs de ce scrutin et aussi le peuple sénégalais qui a opéré le choix. Autant dire qu’une lourde tâche attend les nouvelles autorités, au regard des fortes attentes des populations. Une aussi lourde tâche attend l’opposition qui doit se réinventer et jouer pleinement son rôle vital pour notre démocratie.
 
Lors de cette campagne, vous aviez le soutien affiché de tous les responsables. Qu’est-ce qui explique cette défaite ?
 
Nos différentes évaluations à venir nous édifieront sur nos points forts et nos points faibles. A ce stade, il est prématuré de tirer un bilan. Mais, en tout état de cause, ce fut une vraie saison de trahisons et de coups bas. Mais, il semble que c’est aussi cela la politique ou du moins la perception que la grande majorité en garde. Ce que je garde à l’esprit, c’est qu’une nouvelle unité, large et ample, est porteuse de grands espoirs dans notre département
 
 
Selon certaines informations, vous avez été lâchés en pleine campagne par de grands responsables ?
 
Tous les moyens ont été bons pour arriver à la victoire, mais moi je reverse tout dans le registre d’une volonté de changement exprimée par les citoyens ; et nous devons en tirer des enseignements et faire notre autocritique pour rebondir.
 
Qu’est-ce qui a motivé, selon vous, ce retournement de veste chez plusieurs élus apéristes, en pleine campagne ?
 
Je ne saurais dire ce qui a motivé plusieurs élus à rejoindre le camp du pouvoir, ils ont peut-être leurs raisons, mais je puis certifier que la méthode est des plus inélégantes, au regard du moment choisi et du forcing opéré pour rejoindre un camp où ils ne semblent toujours pas être les bienvenus. J'aurais mieux compris que cela se passe hors contexte électoral. D'ailleurs, une des raisons pour lesquelles j'ai toujours eu de l'estime pour Ousmane Sonko, et je l'ai déjà dit il y a plusieurs années,  c'est qu'il a été constant dans sa démarche, droit dans ses bottes et ancré dans ses convictions qu'il a, en toutes circonstances, défendues avec courage. Moi aussi, j'aimerai être respecté pour les mêmes raisons. En ce qui me concerne, je préfère perdre dans la vérité que gagner dans le mensonge.
 
Vous aviez pourtant le soutien de Samm Sa Kaddu à Tamba
 
Absolument, mais tout cela n’a pas résisté à la volonté des populations de donner une majorité aux nouvelles autorités afin qu’elles aient les moyens de leur politique. L’avenir jugera pour le reste.
 
Maintenant que Tambacounda a basculé vers Pastef, c'est quoi la suite pour vous ?
 
Rien ne change sous les auspices. La vie locale suit son cours. Je suis à la tête d’une institution locale que je dois continuer à piloter pour le compte des populations du département. Le temps de la propagande étant suspendu, place au travail.
 
 
Ndèye khady D. FALL
 
LES ECHOS

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