MAITRE DE JEU DU COMBAT MODOU LO-AMA BALDE : L’arbitre Pierre Malick Ngom parle de ce duel électrique, de la Var, du fair-play et de l’intrus




 
Il a eu l’honneur de sifflet l’attractive combat Modou Lo-Ama Baldé. Pierre Malick Ngom, dans cet entretien téléphonique qu’il nous a accordé, s’est ouvert sur le choix porté sur lui pour diriger ce combat qui était annoncé de tous les dangers. Il s’est exprimé sur la tenue du combat avec la Var, le fair-play et l’intrusion d’un corps étranger. Pour cet arbitre expérimenté, il faut que les actes du dimanche 12 novembre soit un exemple pour le monde de la lutte.
 
Les Echos : Vous avez été le maître de jeu du combat Modou Lo-Ama Baldé du 5 novembre. Comment avez-vous réagi quand vous avez appris que vous serez l'arbitre entre ces deux lutteurs ?
 
Pierre Malick Ngom : En réalité, ça ne m’a pas fait de choc puisque nous sommes actuellement habitués à gérer ces combats à haute tension. Dieu merci, on s’en sort félicités par la grâce de Dieu.
 
Comment avez-vous vécu ce duel plein de tensions ?
 
Je l’ai vécu sans stress, mais avec beaucoup de concentration tout en implorant le Seigneur de nous aider à juger correctement et conformément aux règles d’arbitrage.
 
L’incident qui a étonné plus d’un, c'est l'accompagnateur de Ama Baldé qui s'est incrusté dans l'enceinte. Quelle analyse en faites-vous ?
 
Cet incident n’est pas une première dans l’arène. C’est juste que beaucoup de lutteurs sont accompagnés de fanatiques qui, par moments, perdent la raison dans certaines situations. Cet incident est une alerte à la sécurité qui fait un travail remarquable dans les stades.
 
Et si l’envahisseur était intervenu quelques secondes plus tôt avant la chute sur quatre appuis. Quelle décision auriez-vous prise ?
 
En guise d’illustration, Papa Boy Djinné était dans la même posture face à Jacob Baldé quand son accompagnateur a trompé la vigilance de la sécurité pour créer le chaos. Le Cng de lutte avait déclaré vaincu Papa Boy Djinné. Cette situation allait se reproduire. Car le lutteur est toujours responsable des actes posés par ses accompagnateurs.
 
Vous avez aussi utilisé la Var. Pouvez-vous revenir sur ce moment ?
 
Nous avons utilisé la Var qui a été une demande générale des acteurs de la lutte. En réalité, elle règle définitivement le problème de certaines décisions arbitrales contestées, lourdes de dégâts liés au mécontentement de supporters incontrôlés. Avec la Var, nous sommes assurés de donner de bonnes décisions acceptées de tous. Pour ce combat royal, on a voulu s’assurer de ne pas commettre d’erreur de jugement avant de rendre le verdict
 
 
Quel serait le sort de ce combat dont le verdict a été facilité par la Var, si elle n’existait pas ?
 
S’il n’y avait pas de Var aussi, les arbitres auraient pris une décision après concertations séparées avec mes juges assistants.
 
Auriez pris la responsabilité de déclarer Ama Baldé perdant ?
 
 Bien sûr que le trio arbitral aurait pris une décision après concertation. Ce qui est certain est qu’il y avait 3 raisons pour que Ama perde son combat. En premier lieu, il y a l’introduction d’un de ses accompagnateurs pour mettre fin au combat alors qu’il était en très mauvaise posture. Ensuite, il y a la menace sur son intégrité physique : le règlement d’arbitrage accepte quand un lutteur, en mauvaise posture, reçoit des coups et n’a aucune possibilité de s’en sortir ni de se défendre, l’arbitre peut mettre fin au combat et donner victoire à son adversaire. Cette disposition est laissée à l’appréciation de l’arbitre qui en juge la nécessité. Et enfin la position de 4 appuis.
 
Modou Lô aurait-il accepté de revenir lutter à la demande du maître du jeu ?
 
Bien sûr que Modou était déjà dans les dispositions de lutter encore. Mon discours avant le démarrage du combat et avant de consulter la Var les avait déjà renseignés. C’est pourquoi ils attendaient tous les deux la décision finale. Ce sont des athlètes de haut niveau qui ont compris le sens du sport.
 
Justement, quel a été votre discours avant le combat ?
 
Comme tout arbitre, il doit assurer la prise en main en début de combat. J’ai rappelé quelques dispositions majeures du genre : il faut lutter au coup de sifflet de l’arbitre qui peut démarrer interrompre ou mettre fin au combat, les morsures, coups de tête sont interdits, qu’on fasse tout dans le fair-play car le monde entier nous regarde. Vous devez montrer à la face du monde que vous n’êtes pas des ennemis... remettez tout dans le cadre d’un simple combat de lutte et qu’il faut un vainqueur mais ça ne sera pas la fin du monde. Nous avons derrière un médecin qui pourrait être consulté au besoin et vous devez rester à l’intérieur pour le verdict final après éventuelle consultation de la Var.
 
 
Le fair-play des deux lutteurs a été salué et magnifié. Quel conseil donneriez-vous aux autres lutteurs ?
 
 Je salue la sportivité de deux Lutteurs qui, au début du combat, ont perçu le message de l’arbitre qui les remettait dans un contexte sportif et leur a fait comprendre que leur attitude déterminera celle de leurs supporters. Ainsi je leur rends un vibrant hommage et profite de l’occasion pour rappeler que le geste de Yawou Dial au premier combat a été plus que sportif. Après avoir perdu son combat contre le lutteur Gambien, Yawou lui a offert et fait porter un maillot du Sénégal et l’adversaire lui a fait porter le maillot de Gambie sous les acclamations du public. Ensemble, ils ont salué le public. Cet acte doit être positivement sanctionné comme celui de Ama et Modou Lo. Tous les autres lutteurs doivent s’en inspirer.
 
 
LES ECHOS

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