MACKY SALL : «Insulter le chef de l’Etat, ce n’est pas de cette façon qu’on va atteindre l’émergence. L’heure de l’Afrique a sonné, pour atteindre l’émergence, un changement des mentalités s’impose»



Macky Sall ne digère pas les insultes et autres insanités proférées à l’égard des chefs d’Etat. Hier, le chef de l’Etat s'en est sévèrement pris à leurs détracteurs. Pour lui, il vaudrait mieux s'intéresser à la production. C'était à l'occasion de la 3ème édition de la Conférence internationale sur l’Émergence de l’Afrique, qui a vu la participation de quelques chefs d'Etat, Premiers ministres et des acteurs économiques. Pour le Président Sall, l’heure de l’Afrique a sonné et pour atteindre l’émergence, un changement des mentalités s’impose.

Le nouveau clip «Sai Sai» du groupe de rap Keur Gui de Kaolack, qui défraie la chronique depuis sa sortie, n'a pas laissé insensible le chef de l'Etat. Et hier, à la Conférence internationale sur l’Emergence de l’Afrique, Macky Sall en a profité pour solder ses comptes avec les rappeurs. Sans pour autant les citer, le chef de l'Etat de déclarer : «il faut avoir une jeunesse bien formée, mais pas une jeunesse qui passe tout son temps à insulter. Insulter le chef de l’Etat, ce n’est pas de cette façon qu’on va atteindre l’émergence». Avant de poursuivre : «nous avons besoin d’une jeunesse qui s’implique dans la production, pour créer de la richesse et de la valeur ajoutée».

Macky Sall n’a pas non plus été tendre avec les Organisations non gouvernementales: «cette jeunesse et les organisations qui les soutiennent doivent savoir que l’Afrique n’est pas l’Europe, ni l’Amérique ou l’Asie. Nous sommes l’Afrique et nous avons nos valeurs», a-t-il dit.

«Il nous faut d’abord un état d’esprit qui refuse la fatalité du sous-développement»

Optimiste pour le développement de l'Afrique, le chef de l'Etat reste convaincu que seuls les Africains pourraient développer le continent. «L’Afrique qui émerge est une Afrique qui transforme ses matières premières pour créer des chaînes de valeur, générer des emplois et vaincre le chômage endémique des jeunes. Nous devons réformer et poursuivre les efforts d’amélioration de l’environnement des affaires, pour attirer plus d’investissements privés et saisir les opportunités de délocalisation d'entreprises», a-t-il laissé entendre. Avant de poursuivre : «nous devons réformer, innover et poursuivre les efforts d’amélioration de l’environnement des affaires, pour attirer plus d’investissements, renforcer des capacités des administrations fiscales, y compris le soutien à la dématérialisation des procédures de formalité et le soutien à la révision des codes minier et hydrocarbures pour des contrats plus équitables qui rémunèrent l’investissement pour l’Etat». Pour le président de la République, les États africains devraient élargir la base de leurs partenariats et, par conséquent, éliminer toute idée d'exclusivité et d'exclusion. «Tous les partenaires publics et privés traditionnels et nouveaux sont les bienvenus sur le continent. L’Afrique qui émerge est une Afrique qui transforme ses matières premières, les chaines de valeur, génère des emplois et combat le chômage».
Refuser la fatalité du sous-développement, bousculer les attitudes, remettre en cause les idées reçues et être audacieux

Pour le chef de l'Etat, le développement passe également par un changement des mentalités. «Il nous faut d’abord un état d’esprit qui refuse la fatalité du sous-développement, un état d’esprit qui bouscule les attitudes, qui remet en cause les idées reçues et qui requiert de l’audace. Nous devons croire en nous-mêmes, engager nos ressources et nos intelligences et mobiliser nos partenariats, mutuellement bénéfiques, pour forger par nos propres mains le destin d’une Afrique émergente et prospère». Pour le chef de l'Etat, l’heure de l’Afrique a sonné. «Rien ne doit entraver notre marche résolue vers l’émergence. Gagner le pari de l’émergence est à notre portée. La quête de l’émergence procède ainsi d’une vision à long terme et d’un engagement qui traduit cette vision en actes. Croire en nous-mêmes, définir nos propres priorités, engager nos ressources et notre intelligence, mobiliser des partenariats mutuellement bénéfiques. Voilà ce qui doit être notre quotidien pour forger par nos propres mains le destin d’une Afrique prospère et émergente. Les défis sont là, immenses, nous ne les ignorons pas. Mais le champ du possible pour relever ces défis est encore plus grand pour un continent riche de ses ressources humaines et naturelles», a-t-il laissé entendre.

La Malaisie en exemple

D'après M. Mahatir, Premier ministre malaisien, un miracle économique est bien possible pour l'Afrique. Toutefois, il faut que toutes les conditions soient réunies, comme ce fut le cas en Malaisie. «Grâce à la paix et à la stabilité, la Malaisie a réussi à se développer bien plus rapidement que d’autres pays», a-t-il déclaré. Avant d'ajouter : «nous avons été parmi les premiers à accepter l’investissement étranger direct», rappelle-t-il. Akinwumi Adesina, le président du groupe de la Banque africaine de développement et Mahatir Mohamad, le Premier ministre malaisien ont exhorté les chefs d'Etat à une stabilité politique dans les États africains.

Le Sultan Bin Suleïman satisfait…

Les déboires entre le Sénégal et Dubaï Port Word sont apparemment une vieille histoire. En effet, d'après le Sultan Bin Suleïman, présent à la cérémonie, le changement de régime au Sénégal n'a eu aucun impact sur la présence de DP World au Sénégal. «Nous avons travaillé au Sénégal. Lorsque le Président Macky Sall est arrivé, rien n'a changé pour nous et ça nous a donné de la confiance. Il en va de même pour le Rwanda», affirme-t-il.

Plusieurs autorités et personnalités, telles que le Premier ministre de la Côte d’Ivoire et celui de Malaisie, le Président du Mali, Ahunna Ezoakonwa, Directrice du Bureau Afrique, étaient également présents à la cérémonie.

Khadidjatou DIAKHATE
LES ECHOS

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