Le ministre de l’Intérieur, Antoine Felix Diome, dans un communiqué publié le 2 janvier dernier, a menacé de dissoudre le parti Pastef, si ce dernier ne se conformait pas à la loi dans le cadre de sa campagne de levée de fonds internationale. Au-delà des passions suscitées par des considérations politiques, force est de constater que Pastef-Les Patriotes a violé la loi. Ce, même si ce n’est pas la première formation politique à l’avoir fait. Mais une loi reste une loi, même si elle a été violée plusieurs fois.
Dans la foulée de sa campagne de collecte de fonds «Nemmeekou Tour», Pastef-Les Patriotes a reçu les menaces de dissolution de la part du ministre de l’Intérieur. En effet, Antoine Felix Diome, qui a considéré qu’une telle opération violait de manière flagrante la loi sénégalaise, a rappelé l’article 3 de la loi du 6 mai 1981. «(…) Tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger, ou d’étrangers établis au Sénégal, s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 de la loi de 1981 susmentionnée».
En faisant ainsi, le ministre n’a fait qu’appliquer la loi. Même si, par motivation purement politique, certains ont voulu faire croire que le pouvoir cherche la petite bête à des opposants. Pourtant, s’il n’était motivé que par le désir d’abattre l’opposition, le pouvoir aurait pu laisser Pastef-Les Patriotes violer la loi et sévir contre le parti le moment venu.
Antoine Felix Diome décide d’appliquer la loi dans toute sa rigueur
En fait, le fait est que Pastef-Les Patriotes a violé la loi. Et comme bien d’autres partis avant lui, le parti Pastef-Les Patriotes a voulu utiliser la léthargie (ou l’obsolescence) dans l’application des textes régissant les partis politiques au Sénégal pour lever des fonds à l’international. Mais, si pour les autres, les ministres d’antan avaient choisi de fermer les yeux devant cette violation de la loi, l’actuel ministre de l’Intérieur, Antoine Felix Diome, a lui décidé d’appliquer la loi dans toute sa rigueur.
Pour rappel, la dissolution intervient également dans le cas où un parti a reçu directement ou indirectement des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal ; dans le cas où un parti applique une modification statutaire refusée par le ministre de l’Intérieur ou encore dans le cas où, par son activité générale ou ses prises de positions publiques, un parti a gravement méconnu les obligations qui lui incombent, notamment en ce qui concerne le respect des caractères de l’État (républicain, laïc et démocratique) ; des institutions de la République (de leur statut, de leurs pouvoirs et de leurs compétences) ; de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et de l’unité de l’État et de l’ordre public et des libertés publiques.
Une levée de fonds internationale obéit à des règles
Outre la loi, une levée de fonds internationale obéit à un certain nombre de règles. Et même pour un État, une levée de fonds internationale ne se fait pas n’importe comment. C'est réglementé. Il faut d’abord une due dilligence. En effet, l’autorité a besoin de certaines informations comme la connaissance de la provenance des fonds avant de l’accepter. De même, l’Etat doit donner des assurances sur la destination des fonds.
Les Sénégalais de la diaspora dans la dèche
L’autre chose qui ne milite pas pour Ousmane Sonko et ses partisans, c’est la période choisie. En effet, alors que la pandémie de coronavirus a fini de mettre bien des familles à terre, avec des Sénégalais de l’extérieur tellement fatigués qu'ils n'envoient plus de l’argent à leurs familles, c’est peu de dire que le moment choisi par Pastef-Les Patriotes pour demander aux Sénégalais de contribuer est mal choisi. D’ailleurs, l’Etat a été obligé de leur venir en aide. Comment dans ces circonstances, on peut se permettre de leur demander de mettre la main à la poche ?
Var Ousmane Sonko : «quand on fixe des cotisations à 10.000 francs, les gens vous tournent le dos»
Dans une vidéo devenue virale sur le net, Ousmane Sonko, pour démonter le mode de financement de l’Apr, disait : «vous croyez que l’argent dilapidé par le régime provient des cotisations ? Ici, quand on fixe des cotisations à 10.000 francs, les gens vous tournent le dos». Et pourtant, lui, demande aux Sénégalais de se cotiser pour le fonctionnement de son parti.
Sidy Djimby NDAO