Les réactions: Me Demba Ciré Bathily, Me Ousseynou Gaye, Me Baboucar Cissé, Me El Hadji Diouf et Malick Gakou



Me Demba Ciré Bathily: «je suis juriste, j’ai écouté le juge avec le sourire»
«Il est confirmé maintenant que l’intervention de l’Etat a été une intervention politique. Parce qu’il a été démontré de façon claire que l’Etat n’avait pas sa place dans le procès, même s’il s’y est installé depuis le début. Il a été démontré également qu’il y a eu beaucoup d’infractions fantaisistes dans le but de corser l’addition. Mais, la décision nous permet de mieux cerner les difficultés et de nous concentrer sur l’essentiel. Cette décision, en droit, renforce ma conviction dans l’innocence de Khalifa Sall, parce qu’aucun des motifs développés pour asseoir la culpabilité ne parait pertinent. Et je crois qu’il sera facile de le démontrer, dans le cadre de l’exercice de recours. J’ai écouté le juge, je suis juriste, et je l’ai écouté avec le sourire. C’est tout ce que je peux dire».
 
Me Ousseynou Gaye: «c’est une décision qui ne nous réjouit pas totalement»
«C’est une décision qui ne nous réjouit pas totalement. Mais quand même, il faut dire qu’il y a une éclaircie dans la grisaille, pour la bonne et simple raison qu’on a au moins retenu que l’Etat n’avait pas sa place ici. Le tribunal a fait droit à notre demande sur ce point précis. Mais, il est vrai que le Tribunal s’est lourdement trompé en ce qui concerne la recevabilité de notre constitution de partie civile, parce que les actes dont il s’agit, qui sont soumis à une seconde lecture, cet acte-là n’en fait pas partie. A preuve, aujourd’hui, pour le vote du budget de la ville de Dakar, le préfet a demandé une seconde lecture et cela a été fait. En ce qui concerne cet acte, la seule chose que pouvait faire le préfet, c’est d’attaquer l’acte devant la Cour suprême. Le préfet ne l’a pas fait et il est aujourd’hui déchu pour faire quoi que ce soit».
 
Me Baboucar Cissé: «sur les intérêts civils, l’Etat va relever appel»
«Les avocats de la défense évitaient d’aller au fond, parce que le fond, il est assez clair. C’est pourquoi elle s’est toujours focalisée sur les exceptions ; c’était de bonne guerre. Mais, le Tribunal a rejeté les exceptions et est allé au fond et certains prévenus ont été relaxés et d’autres vont recouvrer la liberté aujourd’hui. Par contre, ceux dont la culpabilité a été établie, notamment Mbaye Touré, Yaya Bodian et Khalifa Ababacar Sall, le Tribunal a prononcé des sanctions et ils ont été condamnés chacun à 5 ans d’emprisonnement ferme. Maintenant, la constitution de partie civile de la ville de Dakar a été déclarée irrecevable et par contre ; celle de l’Etat du Sénégal a été déclarée recevable. Mais le Tribunal a estimé que les fonds détournés reviennent à la ville de Dakar ; parce que cela a été prélevé dans le budget de la ville de Dakar. Le Tribunal a écarté le principe de fongibilité estimant qu’il ne pouvait pas allouer des dommages et intérêts à l’Etat du Sénégal. Sur ce point précis, l’Etat va relever appel, en tant que partie civile. Parce que je précise que la loi ne permet à la partie civile de faire appel du jugement qu’en ce qui concerne les intérêts civils. Donc c’est sur les intérêts civils uniquement que l’Etat va se focaliser. Maintenant, en ce qui concerne l’action publique, le ministère public peut relever appel comme les prévenus peuvent relever même appel du jugement en toutes ses dispositions. Le dossier sera soumis à la Cour d’appel et un procès aura lieu certainement au niveau de la Cour d’appel et peut-être même que le dossier peut traverser la Cour d’appel et aller devant la Cour suprême».
 
Me El Hadji Diouf : «l’intention de coffrer Khalifa Sall, de l’empêcher de se présenter à la prochaine présidentielle est manifeste»
«Pour moi, le verdict est tombé depuis très longtemps. L’intention de coffrer Khalifa Ababacar Sall, de l’empêcher de se présenter à la prochaine présidentielle est manifeste. Tous les ingrédients l’ont prouvé. Il fallait le maintenir en prison pour l’empêcher de se présenter à la future présidentielle», martèle l’ancien député à l’Assemblée nationale. L’avocat de dire : «c’est injuste, c’est malhonnête et le peuple sénégalais ne l’acceptera pas. C’est pourquoi, aujourd’hui, dans cette salle, la manifestation de rejet de la décision est fulgurante. Les Sénégalais qui étaient dans la salle ont dit niet à cette décision. Une réaction de désapprobation, une réaction de rejet. Cette injustice-là doit cesser».
 
 
Mamadou Lamine Diallo : «il faut arrêter cette dictature en marche»
«Il faut arrêter cette dictature en marche. Le Sénégal, c’est l’avant-garde démocratique de l’Afrique, ce n’est pas Macky Sall qui va piétiner ça».
 
Malick Gakou : «ce procès est un procès politique et bien évidemment, le résultat est manifestement politique»
«Jamais durant ce procès, il n’a été prouvé la culpabilité de Khalifa Ababacar Sall, ni celle de ses codétenus. Ce procès est un procès politique et bien évidemment, le résultat est manifestement politique. Debout avec les démocrates et les forces vives de la nation, nous allons nous battre pour les libertés, mais également pour la libération de Khalifa Ababacar Sall qui n’a commis aucun délit», s’est irrité le président du Grand Parti. Pour lui, la justice est instrumentalisée. «Le verdict de ce procès est la manifestation la plus hideuse de ce pouvoir aux abois qui ne cesse d’instrumentaliser la justice à des fins politiques. Trop, c’est trop ! Debout, le peuple sénégalais défendra la démocratie et la liberté. Mais surtout, nous n’allons ménager aucun effort afin que le droit soit dit dans ce procès dont l’instrumentalisation systématique est manifeste. C’est la raison pour laquelle nous manifestons encore une fois notre solidarité, notre engagement aux côtés de l’honorable député Khalifa Ababacar Sall, pour qu’ensemble, avec le peuple sénégalais, puissent triompher le droit, la démocratie et les libertés», a terminé Malick Gakou.
 
A.D & F.D.D

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