Malgré la saisine du bâtonnier par le juge Pape Mohamed Diop pour demander la suspension de Me Ousseynou Fall, ce dernier ne s'est pas empêché d'assister aux débats d'audience à la salle 3 du tribunal de Dakar. Cette robe noire, après que la décision qui condamne Ousmane Sonko est tombée, n'a pas caché son amertume. «Je crois en Dieu au stade où je suis. Ces gens-là qui nous sanctionnent aujourd’hui, est-ce que demain ils seront là ? Nous sommes tous des croyants, Dieu sait tout. J’ai eu deux ans de suspension, il y a quelques années, j’en ai profité pour faire ma thèse de doctorat. Quand je suis revenu, Abdoulaye Wade était au pouvoir et il m’a fait travailler. Je ne crains pas de sanctions, je n’attends rien de ce régime. Je suis un avocat qui dérange, qui gêne. Et ça depuis les procès Khalifa Sall, Barthélemy Dias», s'est-il indigné. Avant d’enchaîner : «J’ai été suspendu, mais c’est parce que tout simplement nous avons un Ordre qui n’en est pas un. Lorsque Me Ciré Clédor Ly a été gazé, le bâtonnier devrait s’insurger contre cela, mais il a préféré croiser les bras, se taire et laisser passer. On n'a pas une représentation digne pour nous défendre et on profite de la moindre occasion pour sanctionner un avocat qui n’a commis comme crime que de défendre son client convenablement».
Sur le verdict rendu contre son client, Me Ousseynou Fall lâche : «j'attends la déclaration du pool d’avocats. Je précise tout de même qu’au départ, les dés étaient déjà pipés et participer à ce procès aurait été de faire de nous des faire-valoir. Nous avons un simulacre de justice. Le Président Sall, dans son destin ignominieux de briguer un troisième mandat, n’a pour souci que d'éliminer tous ceux qui le gênent dans ce projet. Il a commencé avec Karim Wade puis avec Khalifa Ababacar Sall. Il a un seul souci actuellement, éliminer un candidat gênant et c’est le tour de Ousmane Sonko», a-t-il assuré.
Cependant, il prévient : «il faut noter que ces actes constituent les prémices d’un régime finissant, en fin de règne qui multiplie les bavures, les entraves à l’exercice des droits fondamentaux, de la démocratie, d’un Président devenu subitement dictateur et élimine physiquement des individus. Vous avez vu le cas Mancabou froidement éliminé, des tirs à bout portant sur les manifestants». Le conseil de Ousmane Sonko de poursuivre : «rassurez-vous, ça va finir. Il y a une mainmise de l’exécutif dans les dossiers de justice. Nous les avocats nous sommes indignés. Un avocat qui n’a pas la capacité de s’indigner n’en est pas un. Nous vivons une situation qu’on n’a jamais vécue dans l’histoire du Sénégal. Macky Sall a marqué son ère par une page aussi sombre jamais vue au Sénégal, marquée d’un fer rouge pour ne pas dire ensanglantée de 14 morts. On parle encore de trois morts sur des gens qui n’ont eu qu’un seul crime : manifester. Avec Abdou Diouf et Wade, ça ne s'est pas passé», s'est-il désolé. «Nous autres Sénégalais, ne méritons pas ce chef d’Etat, il n’en est pas un. Un Président qui protège les fossoyeurs du régime. Depuis qu’il est au pouvoir, on parle de scandales financiers : l’affaire Petrotim avec son frère, Aliou Sall, Arcelor Mittal, son beau-frère Mansour Faye a dilapidé des milliards avec les scandales de la Covid tout dernièrement encore et encore. Nous souhaitons qu’Allah nous débarrasse de ce dictateur», a conclu le conseil.
Fatou D. DIONE