Le Sénégal intensifie ses efforts dans l’amélioration génétique pour booster l’élevage



Au Sénégal, l’élevage occupe une place centrale dans l’économie nationale, employant près d’un tiers des ménages. Le gouvernement multiplie les investissements dans l’amélioration génétique, afin de renforcer la productivité des filières stratégiques telles que la viande et le lait.

Le vendredi 7 février, le ministère sénégalais de l’Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de l’Élevage a signé des accords avec le Groupement pour l’amélioration génétique de l’élevage pastoral et extensif au Sénégal (GEPES) ainsi qu’avec l’entreprise Oumou For Land, dans le but de soutenir le secteur.

 

Selon le communiqué publié par le compte Facebook du ministère, ce partenariat vise à améliorer la génétique des races locales de bétail afin d'augmenter la productivité des élevages dans la commune de Keur Momar Sarr. Si les détails des accords et les stratégies à mettre en œuvre n’ont pas été dévoilés, on sait qu’il est prévu qu’Oumou For Land investisse plus de 3 milliards FCFA (environ 4,8 millions USD) dans ce projet.

Une stratégie établie depuis 2017

Il s’agit de la dernière initiative en date des autorités sénégalaises pour accélérer les efforts d’amélioration génétique dans l’élevage local. Dans le cadre d’un partenariat avec l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière (ANIPL), le gouvernement subventionne depuis 2017 l’importation de races bovines à haut potentiel pour la production de viande et de lait.

Ainsi, le ministère de l'Agriculture a financé à hauteur de 50% l’acquisition et l’importation de 2500 tête de génisses de races Normande, Montbéliarde, Brune des Alpes, Holstein et Jersiaise, à fort potentiel pour renforcer la production laitière en 2024. Plus récemment en novembre 2024, le ministère a également signé une convention avec le GEPES pour importer 1000 tête de race Guzerá à fort potentiel de viande, en provenance du Brésil.

En dehors de ces appuis financiers, le lancement en mai 2024 du Programme National de Développement Intégré de l’Élevage (PNDIES) met également l’amélioration génétique au centre des interventions dans le secteur. D’un coût total de 51 milliards FCFA pourvu avec l’appui de la Banque Africaine de Développement (BAD) et de la Banque Islamique de Développement (BID), ce programme prévoit l'augmentation durable de la productivité animale à travers un programme national et continu de croisement de bovins laitiers, ainsi que des formations pour la production commerciale de bétail croisé plus productif.

Il faut rappeler que la production laitière des races locales de vaches au Sénégal se limite à un maximum de 4 litres par jour, alors que certaines races importées comme la Normande peuvent aller jusqu’à 20 litres par jour.

Objectif autosuffisance en produits animaux

Dans un rapport sur le marché sénégalais des boissons et produits alimentaires publié en juillet 2024, le Département américain de l’agriculture (USDA) indique que la production de lait dans le pays a augmenté de 15,2% entre 2017 et 2021, passant de 243,5 millions à près de 280,6 millions de litres.

Si l’organisme américain met en avant les résultats obtenus grâce à l’amélioration génétique des races locales dans l'élevage laitier extensif pour expliquer cette croissance, il souligne aussi les efforts de conversion des fermes extensives en fermes semi-intensives ou intensives plus industrialisées, et de contrôle des maladies dans tous les systèmes de production.

Malgré ces progrès, la production sénégalaise de lait reste encore insuffisante pour satisfaire les besoins du marché intérieur. Le pays importe environ la moitié de sa consommation de produits laitiers, principalement sous forme de lait en poudre qui est directement consommé ou transformé en divers produits (lait caillé et liquide, yaourt, fromage, beurre, crème, etc.).

D’après les données compilées par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), le volume de produits laitiers importés a augmenté de 8% pour s’établir à 33 745 tonnes en 2024. Parallèlement, la facture associée à ces achats a grimpé de 20% pour atteindre 65,7 milliards FCFA.

En plus du niveau de production encore faible, le recours massif aux importations s’explique aussi par l’appétit croissant de la classe moyenne pour des produits laitiers dont les prix sont de plus en plus accessibles dans le pays. L’USDA indique par exemple que la consommation annuelle de ces produits par habitant y a augmenté de 47% entre 2017 et 2021, passant de 29,8 à 42,1 litres.

En ce qui concerne la filière viande, les données de l’ANSD montrent que les importations de viandes et abats ont stagné à 28 000 tonnes, alors que la facture des achats a grimpé de 21% pour atteindre 21,1 milliards FCFA en 2024. Rappelons que la viande bovine est la deuxième source de protéines animales privilégiée dans l’alimentation au Sénégal après le poulet.

En 2022, le pays ouest-africain a produit 320 619 tonnes de viandes dont 29,5% provenait des élevages bovins, d’après les données de la Direction de l'Analyse de la Prévision et des Statistiques Agricoles (DAPSA).
ecofin
 



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