La Mac de Diourbel entre dans la danse de la grève



C’est à croire que la fièvre de la grève de la faim s’est emparée des détenus du Sénégal. Et pour cause, après ceux de la Maison d’arrêt et de correction de Thiès et du Camp pénal à Dakar, les prisonniers de la Mac de Diourbel ont décidé d’entrer dans la danse ce lundi 30 avril. L’information a été donnée, hier, à travers un communiqué, par l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred). A en croire Ibrahima Sall et Cie, les pensionnaires de la Mac de Diourbel sont en mouvement, pour dénoncer «Les nombreux cas de décès en milieu carcéral inscrits sur le compte d’une mort naturelle, alors qu’ils sont dus à une négligence ; l’incarcération de déficients mentaux qui devraient être internés dans des centres psychiatriques ; les cas de tortures que les gardes pénitentiaires infligent aux détenus et l’emprisonnement dans des cellules punitives et d’isolement ; les longues détentions avant jugement ; l’ouverture tardive des procès en appel pour les condamnés en première instance et le dépassement de l’effectif carcéral de la prison qui favorise la promiscuité et le surpeuplement».
 
Pour ce qui est des décès à la Mac de Diourbel, l’Asred note qu’ils sont dus en grande partie à «une négligence certaine». C’est le cas des décès de Modou Ndiaye (75 ans), décédé le 24 avril 2018, des suites d’une migraine et Souleymane Bâ survenu au début de l’année. Et de noter que les parents de ce dernier n’ont même pas été informés de son décès. De même, l’association affirme que la prison de Diourbel, comme le dénoncent les détenus, compte plusieurs malades mentaux, parmi lesquels Alassane Dieng, en détention depuis 7 sans procès, et Alassane Anne, emprisonné depuis 2 ans, «dans des conditions extrêmement difficiles». Evoquant les tortures qui seraient réelles dans la Mac, Sall et Cie informent que «les pratiques inhumaines, cruelles et dégradantes ont cours à la Mac de Diourbel». En ce sens, l’Asred donne le cas du détenu Sidi Sy qui a été «sauvagement tabassé par des gardes de la prison». Et l’ordre que l’association qualifie d’illégal aurait été donné par l’adjoint du directeur de la prison qui «ne fait preuve d’aucun respect des droits humains des détenus». S’agissant des longues détentions, 73 des 560 détenus de la prison en seraient victimes. En outre, l’Asred qui se pose de plus en plus comme la «voix» des détenus dénonce avec la dernière énergie «la confiscation illégale et non justifiée du permis de communiquer en bonne et due forme» de son président, Ibrahima Sall, délivré par l’autorité judiciaire compétentes du Tribunal de grande instance de Thiès, à l’occasion d’une visite pour le déficient mental Saliou Thioune. Aussi, il brocarde le chef de cour de la Mac de Thiès qui, pour eux, maltraite les prisonniers.

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