Dépité et très touché, Moustapha Guirassy l’est et il ne fait pas la fine bouche. Au téléphone avec «Les Echos», il se demande comment il a pu être emmené jusqu’à la 17e place dans une coalition ou les partis étaient censés se renforcer.
Amoins d’un miracle pour espérer sauver les formations politiques et coalitions de partis politiques engagées dans les législatives de la dislocation, beaucoup sont parties pour disparaître avant même d’avoir pu plonger. Au regard de la situation très compliquée, ce n’est qu’une question de temps, pour que chacun se choisisse son propre chemin et part de lui-même. Investi 17e sur la liste alors qu’il fait partie de ces leaders qui ont tout sacrifié, tout abandonné pour que l’opposition puisse survivre aux stratégies du régime et de Macky Sall, l’ancien ministre Moustapha Mamba Guirassy ne cache pas sa déception de voir jusqu’à quel point il a été sacrifié. Au téléphone, hier avec «les Echos», il déplore «beaucoup d’amateurisme, beaucoup de camaraderie. Certains se servent d’autres pour avancer. Certains se servent des partis, de leurs leaders pour négocier. Mais aussi pour liquider d’autres. C’est juste inadmissible», a laissé entendre l’ancien maire de Kédougou.
En effet, vu l’importance de sa formation et le rôle qu’il a toujours joué aux côtés des leaders de l’opposition pour défendre des positions de principes et de droit à l’Assemblée, quitte même à se faire froisser les habits, insulter ou manquer de respect par des jeunes, l’idéal aurait été de prendre en compte toutes ces considérations dans le choix.«Quand on se met ensemble, je pense que c’est pour se renforcer les uns, les autres. Mais pas le contraire. Il fallait préserver les positions de ceux qui étaient là et renforcer les parlementaires que nous sommes. Mais pas de privilégier des militants au détriment de ceux qui ont toujours pris part aux réunions de la conférence des leaders, ceux qui ont fait de la coalition ce qu’elle est».
«Ce sont deux ou trois personnes qui se sont enfermées et qui ont décidé»
Comme beaucoup, l’ex-maire de Kédougou ne comprend pas. «Je n’ai rien contre personne, mais je ne peux pas comprendre que des militants soient mis devant Serigne Mansour Djamil. Il y a problème. Qu’un militant soit investi devant les grands, des leaders reconnus politiquement, avec un réel poids politique ; que par exemple Babacar Diop de Thiès ne soit pas sur les listes, il y a problème. Pour dire la vérité, ce sont deux ou trois personnes qui se sont enfermées et qui ont décidé ; mettant tout le monde à l’écart. 90% des leaders aujourd’hui ne peuvent pas vous dire ce qu’il y a dans ces listes. Certains sont même plus informés que nous. Alors que si Ousmane (Sonko) est là aujourd’hui, c’est parce que nous avions accepté de nous faire arrêter. On ne peut pas comprendre Cheikh Bamba Dièye à certaines positions», a laissé entendre Guirassy, dépité.
Madou Mbodj