LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE 2019: les chiffres qui font peur





C’est une baisse de 83,14 milliards de F Cfa que le budget du Sénégal
va enregistrer au titre de la loi de finances rectificative 2019. En
effet, les ressources du Budget général connaissent une baisse par
rapport à la Loi de finances initiale (Lfi), puisqu’elles passent de 4071,770 milliards de F Cfa à 3988,63 milliards de F Cfa. En plus, le
gouvernement a décidé d’appliquer la vérité des prix. Pire, toujours dans la recherche de liquidités, les jeux de hasard et certains produits
dépigmentant seront taxés plus sévèrement.




Le gouvernement du Sénégal vient de produire la loi de finances rectificative pour l’année 2019. Récemment adoptée en Conseil des ministres, la loi de finances rectificative renseigne sur l’état de… l’Etat. Tout d’abord, les ressources du Budget général connaissent une baisse par rapport à la Loi de finances initiale (Lfi), puisqu’elles passent de 4071,770 milliards de F Cfa à 3988,63 milliards de F Cfa, soit une baisse de 83,14 milliards de F Cfa en valeur absolue et 2,2% en valeur relative. Cette situation s’explique par : «la révision à la baisse des recettes fiscales pour 100 milliards de F Cfa, des dons budgétaires pour 12,77 milliards et des prêts projets ; la hausse exceptionnelle des appuis budgétaires, dont le montant cumulé passe de 65 milliards
de F Cfa à 294,9 milliards de F Cfa ; soit une progression de 229,9 milliards de F Cfa en valeur absolue».  
Mais le document renseigne aussi sur les mesures drastiques à venir. La raison avancée par le gouvernement : la hausse continue du prix du baril de pétrole. Surtout que la tendance haussière ne va pas s’arrêter de sitôt. «Un pétrole cher signifie, pour un pays comme le nôtre : des tarifs d’électricité élevés, une hausse des prix de certains biens et services, comme le transport ou le pain des boulangeries, une aggravation du déficit de la balance commerciale, un déploiement plus lent de l’électricité rurale, une augmentation des charges des entreprises notamment industrielles, se traduisant par moins d’investissements, moins de recrutements, moins de compétitivité…»


 

Les finances publique «incapables» de soutenir la hausse constante du prix du baril de pétrole
 

Une hausse constante du prix du baril difficilement soutenable pour les finances publiques, car le blocage des prix à deux effets. D’abord, les distributeurs accumulent des pertes commerciales que l’Etat est obligé de leur rembourser. Ellesse sont élevées à 105,309 milliards de F Cfa en 2018 et atteindront, si rien n’est fait, 120,634 milliards d’ici fin 2019. Ensuite, la Senelec a besoin d’une subvention de 150 milliards de  F Cfa pour maintenir les tarifs de l’électricité à leur niveau actuel.





Vérité des prix
 

Ainsi l’Etat a alors décidé de «se rapprocher de la vérité des prix». Explication : c’est pour éviter que les ressources censées financer l’ensemble des politiques publiques soient phagocytées par le secteur de l’énergie. En des termes moins diplomatiques, l’Etat va bientôt augmenter tous les prix. Seulement, ce ne sera pas une augmentation sauvage.
 
 
 
Taxer les jeux de hasard, imposition de 20% des jeux de la Lonase,augmentation du droit de timbre
 
 
 
Toujours dans la recherche de liquidités, il est prévu de taxer davantage les jeux de hasard. Ainsi il s’agit de corriger le caractère largement désuet du régime fiscal des jeux de hasard, quirepose essentiellement sur deux textes. Sur ce, l’Etat prévoit un prélèvement de 20% sur le chiffre d’affaires des machines à sous (540 millions  escomptés d’ici la fin de l’année 2019) ; une imposition des produits de certains jeux de la Lonase (PMU, instantané, Paris Foot, Jeux en ligne) aux taux de 20% c’est-à-dire 3,38 milliards de F Cfa de recettes attendues d’ici la fin de l’année ; aussi l’augmentation du taux du droit de timbre de 3 à 5% sur les sommes engagées sur une course ou un jeu soit 340 millions de F Cfa escomptés sur cinq mois. Les autres produits dont le taux d’imposition sont revus à la hausse sont les produits cosmétiques, plus précisément les produits dépigmentant. En effet, ces produits de dépigmentation sont
désormais portés à 15 %, là où les autres produits cosmétiques sont arrêtés à 10%.
 
 
Samba THIAM
 

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