La mort tragique de Astou Sokhna continue de défrayer la chronique. Après les mesures prises contre le directeur et le personnel soignant, Abdoulaye Diouf Sarr est revenu hier, face à la presse, sur les résultats des enquêtes menées par les trois missions envoyées à Louga.C’est «un décès maternel évitable, à travers une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale durant son séjour à la maternité», selon le ministre de la Santé qui reconnaît qu’il y a certes des choses à améliorer, mais précise aussi que le système sanitaire sénégalais a fait énormément de progrès ces dernières années.
La polémique fut vive et même si le personnel soignant mis en cause a juré n’avoir rien à voir avec le décès de Astou Sokhna, les conclusions des missions du ministère de la Santé disent le contraire.«Sur la base des éléments du dossier, le décès de Madame Astou Sokhna est considéré comme un décès maternel évitable, à travers une bonne évaluation du risque et une surveillance optimale durant son séjour à la maternité», a déclaré Abdoulaye Diouf Sarr.En effet, dit-il, il ressort que la défunte n’avait aucun antécédent médical particulier.
Diouf Sarr d’indiquer queAstou Sokhna a effectué quatre consultations prénatales qui n’ont décelé aucune anomalie.«Elle a également effectuéune visite de suivi le 28 mars 2022 à l’hôpital au cours de laquelle un bilan préopératoire a été demandé en vue d’une césarienne prophylactique de prudence», souligne le ministre de la Santé qui déclare que la défunte s’est présentée deux jours plus tard à l’hôpital, c’est-à-dire le 30 mars «pour des douleurs abdomino-pelviennes sur une grossesse de 09 mois, ce qui a motivé une hospitalisation». Et qu’à 6h50mn, le matin du 1er avril, «la sage-femme avait été appelée au chevet de la malade par la famille pour voir son état. C’est en ce moment qu’elle a constaté le décès qui sera confirmé par la gynécologue d’astreinte à 07h36mn», dit Abdoulaye Diouf Sarr.
«Le décès de Madame Astou Sokhna est considéré comme un décès maternel évitable»
Et en se basant sur le modèle des trois retards, le ministre de la Santé souligne : «(…) on note des éléments en faveur du troisième retard qui est lié à la structure objectivant un déficit dans la qualité des soins reçus, à type d’insuffisance de diagnostic c’est-à-dire l’évaluation non optimale du risque et l’insuffisance dans la surveillance».
«C’est une situation douloureuse, mais elle ne reflète pas l’état global du système de santé»
C’est ce qui a conduit donc,se justifie-t-il, la révocation du Directeur prononcée lorsdu Conseil des ministres de ce mercredi 13 avril 2022 et la suspension des agents de garde impliqués dans le décès, devant conduire au licenciement pour négligence ayant entrainé mort d’homme conformément aux instructions données au Directeur.
Au vu de tous ces éléments, Abdoulaye Diouf Sarr reconnaît que le décès de Madame Astou Sokhna est une situation douloureuse, surtout pour la famille, mais elle ne reflète pas l’état global du système de santé. «Le système de santé a connu ces dernières années des progrès significatifs et réalisé de grandes performances, grâce notamment à des hommes et des femmes compétents et dévoués qui, jour et nuit, parfois au péril de leur vie, apportent soins et secours aux populations», précise t-il.
En atteste, d’après le ministre de la Santé, les données relativesà la santé maternelle et infantile. A l’en croire, la mortalité maternelle est passée de 392 décès pour 100.000 naissances vivantes en 2010 à 236 décès en 2017. Ce qui fait que le Sénégal est classé premier dans la zone Uemoa. Il en est de même pour la mortalité infanto-juvénile qui est elle aussi passée de 72 pour mille en 2010 à 37 pour mille en 2017. La mortalité néonatale n’est pas en reste : elle est passée selon Diouf Sarr de 29 pour mille naissances vivantes en 2010 à 21 pour mille en 2019.«Nous sommes bien conscients qu’il reste des efforts pour humaniser nos structures sanitaires.La prise en charge des patients demeure au cœur des préoccupations car si le ‘’client est roi’’, le patient reste ‘’roi’’ une fois dans une structure de santé», reconnaît le ministre de la Santé qui promet qu’un accent particulier va être mis sur le renforcement de la formation du personnel de santé surtout en ce qui concerne l’accueil dans les structures sanitaires. «Par ailleurs, le plateau technique des structures sanitaires va être renforcé. Dans ce cadre, il est prévu la reconstruction de l’hôpital Aristide le Dantec, conformément aux instructions du chef de l’Etat. C’est un projet de l’Etat du Sénégal qui sera réalisé en accord avec le personnel de l’hôpital», renseigne le ministre de la Santé.
NdèyeKhadyDIOUF