Il est parti en ce mois béni de Ramadan. Ibrahima Sène, Chargé des questions économiques du Parti de l’indépendance et du travail (Pit), est parti avec les honneurs de la République. Membre fondateur de ce parti qui est né dans la clandestinité, s’est investi d’arrache-pied pour le pluralisme des partis politiques et pour l’instauration de la démocratie. Ce pionnier de la démocratie sénégalaise a réuni toute la classe politique sénégalaise la matinée d’hier pour les derniers adieux.
Le président de la République a présidé la cérémonie de la levée du corps tenue hier matin à l’hôpital Principal de Dakar. Lui rendant les hommages de la République devant ses proches et camarades de tous bords, le chef de l’Etat dira : «Ibrahima Sène était quelqu’un avec qui nous avons partagé quelques combats pour le devenir du Sénégal. Son engagement est de plusieurs décennies. Ses convictions pérennes, fermes, mais jamais violentes. Son amour pour son pays et pour son peuple a toujours été entier, plus précisément cette manière d’être et de faire la politique se raréfie. La disparition de Ibrahima ne peut être prise par ce qu’elle est : la perte d’un camarade de tranchées ayant révélé bien des fois combien il était utile à la cause qu’il défendait et que nous défendions, en ce moment si particulier de la trajectoire de notre pays», témoigne le président de la République qui a fourbi ses premières armes dans la gauche.
Aussi, le président Sall ne s’est pas empêché de rappeler quelques moments de lutte politique du disparu qui a tout sacrifié pour le Sénégal. Un engagement politique et patriotique qui a porté ses fruits. «Ibrahima Sène a commencé à militer dans un parti clandestin à un moment où il n’était pas possible de militer impunément. Il a pris des risques pour lui-même, pour sa famille, mettant en péril sa carrière d’agronome, sa liberté et sa vie familiale. Son engagement et celui de ses camarades du Pit ont assurément contribué à bâtir le Sénégal d’aujourd’hui, pays de paix, de liberté, pays de démocratie, de tolérance et du vivre ensemble. Et c’est très certainement qu’il mesurait la chance que nous avons de vivre dans un tel univers, qu’avec nous, il était soucieux de préserver nos acquis, si précieux fruits de l’investissement de tant de générations d’hommes politiques sénégalais», se réjouit le chef de l’Etat qui rapporte de sa loyauté et de son engagement quand des responsabilités étatiques lui sont confiées. «Il était très engagé des responsabilités qui lui étaient confiées : la présidence du Conseil d’administration de Miferso Sénégal avec beaucoup d’idées, beaucoup de générosité. Je l’ai vu se déplacer jusqu’à Dubaï pour créer les conditions d’exploitation prochaine du fer du Sénégal oriental. Il le fait avec conviction et engagement comme il a toujours vécu», témoigne le président Sall devant sa famille et ses enfants, ses camarades du Pit et tous ses amis venus l’accompagner à sa dernière demeure. Il a été inhumé à Mékhé dans la région de Louga.
Baye Modou SARR