Karim Wade alerte les bailleurs de fonds du Sénégal. A la veille du Groupe consultatif de Paris qui se tient aujourd’hui et demain, le candidat déclaré du Pds à la prochaine présidentielle leur a adressé une lettre ouverte, dans laquelle il sollicite d’eux un audit de la gestion des finances publiques du Sénégal sous la présidence du chef de l’État sortant, M. Macky Sall et la réalisation d’un état des lieux. L’ancien client de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ne s’est pas fait prier pour peindre un tableau noir de la gouvernance de Macky Sall qui, pour lui, a fini de plonger le pays dans le gouffre, avec des problèmes et crises dans tous les secteurs.
À quelques encablures de l’élection présidentielle et à la veille de «la réunion du Groupe consultatif organisée par le chef de l’État sortant, Karim Wade, candidat déclaré du Pds au scrutin du 24 février 2019, s’est cru, hier, en «devoir d’attirer l’attention» des partenaires du Sénégal, sur «la réalité» de sa situation économique et financière. Mieux, se prévalant de son statut de «candidat du premier parti d’opposition, le Pds, et de la coalition Karim Président 2019», mais aussi des relations privilégiées entre le Sénégal et ses bailleurs de fonds, Wade-fils les invite à procéder, «en toute transparence» et «avant la prochaine élection présidentielle»,à «la réalisation immédiate d’un audit des finances publiques et d’un état des lieux de la situation économique et financière». Pour fonder sa demande, Karim Wade affirme : «il est impératif que le (prochain) président de la République, qui sera très probablement issu de l’opposition, puisse connaître l’étendue des dégâts causés par son prédécesseur».
«Macky Sall aurait donné son accord pour que l’État, après l’élection présidentielle, applique un programme sévère d’austérité…»
A en croire «l’exilé» au Qatar, ce travail d’audit de la gestion Macky Sall «sera salutaire, pour éviter une dégradation de l’image du Sénégal déjà fortement écornée sur le plan international». Mieux, pour lui, «sa réalisation sera d’autant plus nécessaire que M. Macky Sall aurait donné son accord pour que l’État, après l’élection présidentielle, applique un programme sévère d’austérité, comportant notamment l’augmentation du prix des carburants, du prix de l’électricité et des prix de certaines denrées de première nécessité, ainsi que l’augmentation des prélèvements sociaux pour financer les dérives de ses graves erreurs de gestion».
«La plupart de nos indicateurs économiques et financiers sont dans le rouge»
En vérité, pour Karim Wade, au Sénégal, «la plupart de nos indicateurs économiques et financiers sont dans le rouge, la situation est alarmante et les Sénégalais le ressentent fortement dans leur vie quotidienne». Poursuivant, l’ancien ministre affirme : «nos finances publiques accusent une tension de trésorerie extrême, les arriérés de dette intérieure et extérieure atteignent un niveau record, la situation monétaire est caractérisée par une grave crise de liquidité bancaire». Un problème de liquidité bancaire, qui, dit-il affecte surtout les banques les plus engagées dans le financement de l'économie, ce qui menace l’existence des Pme/Pmi. Pour lui, les créances importantes des acteurs du secteur privé national, aujourd'hui impayées, ralentissent fortement l’activité économique et engendre un chômage devenu endémique.
«Macky Sall a créé de la dette en toute illégalité…»
Dénonçant l’endettement qui hypothéquerait l’avenir des générations futures et de la jeunesse, Karim Wade soutient que son accélération en 2014 a fini de mettre le Sénégal «en danger d'insolvabilité et de défaillance» vis-à-vis de ses créanciers. Ne décolérant pas contre le régime de Macky Sall, le responsable libéral accuse le chef de l’État de contournement de l’Assemblée nationale et du Code des marchés publics, pour «donner des marchés surfacturés à son clan en émettant pour des centaines de milliards de F Cfa de lettres de confort». Le pire, selon lui, est que l’augmentation du stock de la dette n’apporte aucune amélioration aux populations, en termes de bien-être, de pouvoir d’achat, de satisfaction de la demande sociale et de construction de nouvelles infrastructures publiques dans les secteurs prioritaires.
«Denombreux arriérés publics dont personne ne connaît aujourd'hui le montant réel»
En outre, réclamant «un auditde la dette publique sénégalaise et un recensement des nombreux arriérés publics, dont personne ne connaît aujourd'hui le montant réel», le candidat du Pds souligne que sous le magistère de Macky Sall, le Sénégal a «modifié dangereusement la structure de son endettement en termes d'échéance, de taux d’intérêt, de type de bailleurs et de devises». Ce qui, pour lui, «n'est pas sans danger pour l'ensemble du système économique et social», notamment marqué par des crises, difficultés financières et tensions sociales dans tous les secteurs.
Mbaye THIANDOUM
ALIOU SALL EN PREND AUSSI POUR SON GRADE
”Macky Sall a octroyé à la société unipersonnelle de son frère des permis qu’il contrôle par un jeu de poupées russes de sociétés écrans logées dans les paradis fiscaux…”
Ayant déversé sa bile sur Macky Sall, Karim Wade n’a pas non plus épargné son frère Aliou Sall. En ce sens, il évoque sa nomination à la Caisse des dépôts et consignation et son implication dans le pétrole sénégalais. Évoquant «les nombreux scandales économiques et financiers impliquant la famille et le clan du chef de l’Etat”, Karim Wade s’alarme particulièrement du cas de la Caisse des dépôts et consignation. Une structure, ”à la tête de laquelle, dénonce Karim Wade, il a nommé son frère et qui prête à ses affidés et militants, si bien que cette caisse connaît aujourd’hui des difficultés financières, alors qu’en 2012, elle disposait d’une situation de trésorerie largement positive”. Poursuivant, le fils de Me Wade, qui déplore ”la perte de plusieurs milliers de milliards de F Cfa pour l’économie nationale, suite à la mal gouvernance et la corruption dans le secteur des ressources naturelles”, mouille encore le maire de Guédiawaye. ”Concernant le pétrole et le gaz, le chef de l’Etat, Macky Sall, a octroyé à la société unipersonnelle de son frère des permis qu’il contrôle par un jeu de poupées russes de sociétés écrans logées dans les paradis fiscaux et par l’utilisation de prête-noms”. Accuse-t-il. Non sans ajouter qu’une fois attribués à Aliou Sall, ”ces permis pétroliers et gaziers ont été immédiatement revendus à travers des opérations d’affermage”.
M THIANDOUM
Karim Meïssa WADE
Candidat de la Coalition Karim Président 2019