LES CONSEILS DES PERCEPTEURS SE DEFENDENT ET ACCUSENT: «Mbaye Touré est l’instigateur du vieux mécanisme de justification de fausses factures»

Hier, lundi, les avocats de la défense ont entamé leurs plaidoiries devant le tribunal correctionnel de Dakar. Mes Mamadou Guèye Mbow et Moussa Sarr, constitués pour la défense des receveurs-percepteurs Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré, ont demandé que leurs clients soient renvoyés des fins de la poursuite sans peines ni dépens pour les délits d’association de malfaiteurs, détournement de deniers publics, complicité de ces chefs qui ne sont pas établis. Pour Me Mbow, «Mbaye Touré est l’instigateur du vieux mécanisme des fausses factures».



 
 
 
 
 
 
Ce sont les avocats des receveurs-percepteurs qui ont commencé les plaidoiries, hier, dans le cadre du procès de Khalifa Sall et de ses co-prévenus. Me Mamadou Guèye Mbow, constitué pour Mamadou Oumar Bocoum et Ibrahima Touré, s’est penché sur les griefs faits à ses clients. Pour tous ces délits, Me Mbow a sollicité de les écarter car, selon lui, ils sont inopérants. La robe noire a affirmé que ses clients ont reçu des factures qui, au début, respectaient les normes et ils ne pouvaient en aucun cas se douter des irrégularités qu’elles pouvaient comporter. «Il n’a jamais été démontré que les comptables publics ont failli à leur mission de contrôle», peste l’avocat. Poursuivant sa plaidoirie, Me Mbow souligne qu’«aucun spécimen de signature n’a été déposé pour qu’ils fassent ce contrôle». Pour lui, la seule obligation qui incombait aux percepteurs, c’est la vérification de l’éligibilité de la dépense sur la caisse d’avance. Me Mbow de poursuivre qu’ils sont à l’aise pour répondre sur l’association malfaiteurs. «Sur ce délit, il y a des contradictions notées chez les prévenus, qui trahissent fondamentalement l’idée d’une entente, d’une réunion», dit-il. A en croire Me Mbow, s’ils étaient dans une bande organisée, les receveurs n’allaient pas exiger la justification de pièces pour le décaissement des sommes et le reversement de la différence de cet argent. «Au contraire, ils étaient tenus à la rigueur de la comptabilité», plaide-t-il. Fort de cet argument, il estime qu’il ne reste du dossier que les accusations «mal fondées» de Mbaye Touré.
 
«Les accusations d’un prévenu ne peuvent asseoir la culpabilité d’un autre co-prévenu»
 
Me Mamadou Guèye Mbow, comme pour prendre sa revanche, s’est défoulé sur le directeur administratif et financier de la ville de Dakar, qui a d’une certaine manière enfoncé ses clients. A l’en croire, la déclaration de Mbaye Touré selon laquelle les percepteurs savaient qu’il s’agit de fonds politique, ne peut convaincre personne. Invoquant une jurisprudence, il soutient que «les accusations d’un prévenu ne peuvent pas asseoir la culpabilité d’un autre co-prévenu». Pour Me Mamadou Guèye Mbow, le vieux mécanisme de faux utilisé pour la justification de la caisse d’avance, «est un mécanisme dont l’instigateur est Mbaye Touré».
 
 
«Le pays est un pays nécessiteux»
 
 
A son tour, Me Moussa Sarr a dit que les receveurs-percepteurs avaient pour mission «de contrôler formellement, c’est-à-dire de vérifier si la personne qui a signé le mandat a cette qualité, ou bien si les pièces justificatives adossées aux mandats sont exactes». Par rapport au manque de vigilance reproché à ses clients, la robe noire soutient qu’«ils ont procédé à toutes les vérifications et toutes les factures en apparence étaient en bonne et due forme, car, il y avait la signature, le Ninea du Gie Keur Tabaar et ils s’étaient limités à ce contrôle». Ce qui est constant, a martelé l’avocat, est que toutes les mentions obligatoires figuraient sur les factures. «Et concernant la récurrence du riz et du mil, on ne saurait dire en quoi cela est une infraction», argue-t-il. Mais, pour lui, Dakar est peuplée de nécessiteux et les 30 millions sont insuffisants pour les aider. «Le pays est un pays nécessiteux», selon la robe noire, qui soutient que même l’alimentation de base des Sénégalais, c’est le riz à midi et le mil le soir.
Me Moussa Sarr de conclure que les faits qui leur sont imputés ne sont pas constitués et ne peuvent pas servir de base de poursuites. Sur cela, il estime qu’ils devraient être renvoyés des fins de la poursuite sans peines, ni dépens.
 
 
Fatou D. DIONE

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