LES COMPTES REGIONAUX DU SÉNÉGAL 2020-2022 : Dakar concentre plus 42% de la richesse nationale, Kédougou pauvre de ses richesses




 
 
 
Il ressort des Comptes régionaux du Sénégal 2020-2022 que le Pib en valeur du pays est évalué à 17.227,9 milliards francs Cfa en 2022 et la région de Dakar concentre plus de 42% de la richesse nationale, soit un Pib établi à 7960,8 milliards francs Cfa. Cependant, si la région de Kédougou affiche un Pib par habitant de 2.658.305, plus que la moyenne de 971.200 francs, en plus d’un taux de croissance régionale à deux chiffres, elle présente néanmoins un taux de pauvreté très élevé de 65,7%.
 
 
 
L'Ansd a publié la première édition de la note d'analyse des Comptes régionaux du Sénégal qui présente la répartition régionale de la création de richesse, mesurée par le Produit intérieur brut (Pib) en valeur ainsi que celle des dépenses de consommation finale des ménages, sur la période 2020 à 2022. Elle analyse également l'évolution, en termes réels, des Pib régionaux pour les années 2021 et 2022. Ainsi, en 2022, le Pib en valeur du Sénégal est évalué à 17.227,9 milliards francs Cfa. Cependant, l'analyse de sa répartition selon les régions laisse apparaitre de fortes disparités. En effet, la région de Dakar concentre 46,2% de la richesse nationale avec un Pib établi à 7960,8 milliards francs Cfa. Cette situation s'explique par la forte concentration des unités économiques au niveau de la région. Par ailleurs, les 71,5% du Pib national sont générés par cinq régions du pays que sont Dakar (46,2%), Thiès (11,1%), Diourbel (5,1%), Saint-Louis (4.7%) et Kaolack (4,5%). La richesse créée dans les neuf autres régions restantes ne représente que 28,5% du Pib du Sénégal. La situation de 2022 confirme celle des deux années précédentes (2020 et 2021) où le poids de la région de Dakar varie entre 46,1% et 46,6%. La même tendance est observée dans les autres régions du pays.
 
Thiès, Kolda et Kaffrine portent le secteur primaire
 
Du point de vue sectoriel, les régions de Thiès (12,7%), de Kolda (9,3%) et de Kaffrine (8,7%) sont celles qui contribuent le plus à la valeur ajoutée du secteur primaire en 2022. Cette situation résulte de l'importance de l'horticulture (maraîchage et culture de fruits) à Thiès et des cultures céréalières et arachidières à Kolda et à Kaffrine. En plus, Thiès est une région à vocation halieutique.
 
Dakar, Thiès et Kédougou portent le secondaire
 
S'agissant du secteur secondaire, sa valeur ajoutée est essentiellement créée, en 2022, par les unités de production établies dans les régions de Dakar (53,7%), de Thiès (12,5%) et de Kédougou (10,9%). En particulier, la région de Kédougou concentre plus de la moitié (51%) de la valeur ajoutée totale du sous-secteur extractif durant l'année sous revue.
 
Dakar et Thiès portent le tertiaire
 
Les régions de Dakar (54,7%) et de Thiès (9,5%) sont également celles qui contribuent le plus à la formation de valeur ajoutée du secteur tertiaire en 2022. Elles sont suivies de la région de Diourbel (5,5%) pour laquelle l'activité commerciale est très dynamique.
 
Le secteur primaire représente 16,3% du Pib et le principal secteur de création de richesse dans les régions
 
Les activités du secteur primaire représentent 16,3% du Pib en 2022, après 15,6% en 2021 et 16,1% en 2020. A l'échelle régionale, l'activité du secteur primaire ressort comme le principal secteur de création de richesse dans la plupart des régions du pays. En effet, elle représente une proportion considérable du Pib des régions de Sédhiou (54,3%), Kaffrine (47,3%), Kolda (46,3%), Tambacounda (38,1%), Ziguinchor (37,7%), Fatick (35,1%), Louga (30,8%), Matam (27,1%), Kaolack (26,2%), Saint-Louis (25,3%) et Thiès (18,7%). Toutefois, la valeur ajoutée des activités du primaire ne représente que 9,7% du Pib de la région de Diourbel. Sa part est encore plus faible au niveau des régions de Kédougou (7,6%) et de Dakar (2,9%).
 
Le secteur secondaire représente 24,8% du Pib, le moteur de l’activité à Kédougou
 
S'agissant du secteur secondaire, la valeur ajoutée générée représente 24,8% du Pib en 2022, après 23,9% en 2021 et 23,2% en 2020. Ce secteur constitue le moteur de l'activité économique à Kédougou et contribue à 75,7% à la richesse créée en 2022. La présence des grandes sociétés évoluant dans l'extraction de minerais d'or a favorisé cette situation. De même, la contribution du secteur secondaire au Pib des régions de Dakar (28,8%), Thiès (27,8%), Diourbel (24,7%) et Matam (20,9%) est importante. Cependant, elle est faible au niveau des autres régions variant entre 5,8% et 17,7%.
 
Les services représentent 49% de la richesse nationale
 
Les services (secteur tertiaire) ont créé près de la moitié de la richesse nationale en 2022 (49,7%), après 50,5% en 2021 et en 2020. Au niveau régional, Dakar et Diourbel constituent les régions où les activités de services sont les plus prépondérantes en 2022, avec des parts respectives de 58,9% et 54,6% dépassant la moyenne nationale. En outre, cinq régions sont relativement proches de la moyenne nationale. Il s'agit des régions de Louga (48,2%), Kaolack (48,2%), Saint-Louis (47,5%), Fatick (47,3%), Ziguinchor (45,7%), Thiès (42,8%) et Matam (42,1%).
 
971.200 francs Cfa, le Pib par habitant
 
Le Pib par habitant au Sénégal s'élève à 971.200 francs Cfa en 2022. Les régions de Kédougou et de Dakar sont les seules qui affichent un niveau supérieur à la moyenne nationale avec, respectivement, 2.658.305 et 2.042.512 francs Cfa. Dans les autres régions, le Pib régional par habitant s'est situé entre 864.217 francs Cfa, enregistré dans la région de Ziguinchor, et 434.597 francs Cfa dans la région de Diourbel. L’analyse croisée de la richesse créée et du taux de pauvreté montre une situation contrastée.
 
Le contraste de Kédougou : un Pib/hbt de 2,6 millions avec un taux de pauvreté de 65,7%
 
En effet, le Pib/hbt et le taux de pauvreté ont une relation non linéaire. A titre illustratif, la région de Kédougou détient le Pib/hbt le plus élevé alors qu'elle affiche un taux de pauvreté très élevé (65,7%). Cette situation est en relation avec la présence de grandes entreprises minières dont les revenus tirés de la production rémunèrent essentiellement les investisseurs.
 
Dakar, c’est 34,6% des dépenses de consommation finale des ménages
 
En 2022, la région de Dakar effectue, à elle seule, 34,6% des dépenses de consommation finale des ménages du pays, soit 3864,4 milliards. Elle est suivie par celles de Thiès (12,9%), Diourbel (8,2%), Kaolack (6,5%) et Saint-Louis (6,3%). Les 9 régions restantes ont des parts qui varient entre 0,9% et 5,5%. Rapportées à la population, les dépenses de consommation finale des ménages par tête affichent un niveau supérieur à la moyenne nationale (639.232 francs en 2022) dans la région de Dakar (991.488 francs). Dans les autres régions, elles passent d'un minimum de 430.652 francs à un maximum de 620.661 francs.
 
Kédougou, un taux de croissance régionale à deux chiffres (11,8%), Kaffrine chute à 1,8%
 
L'analyse des Comptes régionaux en volume de 2021 font état de disparités en termes de croissance du Pib régional (Pibr). En effet, sept régions affichent des taux de croissance supérieurs à la moyenne nationale qui s'est élevée 6,5%. Il s'agit des régions de Kédougou (+11,8%), Sédhiou (+8,0%), Ziguinchor (+7,9%), Dakar (+7,8%), Thiès (+7,7%), Saint Louis (+7,5%) et Tambacounda (+7,2%). Cependant, la croissance de la région de Kaffrine s'est abaissée de 1,8% sous l'effet de la réduction de la production de l'arachide (-14,1%) et du mil et sorgho (-13,8%).
 
Thiès, Matam, Sédhiou, St-Louis, Dakar et Diourbel, les moteurs de la croissance économique
 
S'agissant de l'évolution de l'activité économique régionale en 2022, les régions de Thiès (+12,4%), Matam (+7,1%), Sédhiou (+6,0%), Saint Louis (+4,9%), Dakar (+3,9%) et Diourbel (+3,8%) constituent le peloton de tête en terme de croissance économique. Toutefois, l'activité est en repli au niveau des régions de Kédougou (-8,7%) et Kolda (-1,9%). Pour la région de Kédougou, le repli de l'activité économique est imputable à la baisse de la production des industries extractives avec une diminution de 7,7% des quantités d'or extraites. La situation de Kolda, quant à elle, découle d'une mauvaise récolte de riz paddy au niveau de l'Anambé où l'activité a fléchi de 8,3%, combinée à une contraction de la production d'arachide de 27,5%.
 
Moussa CISS
 
 
 
 
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