100 millions de dommages et intérêts, c'est la rondelette somme qu'Adjia Thiaré Diaw réclame à Kaliphone Sall pour des faits de coups et blessures volontaires. La procureure du tribunal d'instance a fait savoir que le prévenu n'a jamais pensé qu'il allait être traîné devant cette barre malgré toutes les bêtises qu'il a faites.
Après le renvoi de son procès lundi passé, Kalidou Babaly Sall alias Kaliphone a été finalement jugé hier, jeudi, devant le tribunal d'instance de Dakar pour coups et blessures volontaires que lui reproche le mannequin Adjia Thiaré Diaw. Comme l'a annoncé l'un de ses conseils, dans l’édition d’hier du journal «Les Échos», Adjia Thiaré n'a pu comparaître à la barre à cause de son état de santé jugé dégradé selon ses avocats.
N’empêche, le procès s’est tenu. C'est un Kaliphone doux comme agneau qu'on a vu hier. Cet activiste marié et demeurant à Dalifort a tout simplement reconnu les faits et s'est excusé. «Je regrette ce qui s'est passé, c'est une erreur», a-t-il confié devant le tribunal. A propos de la bagarre, il répond : «au retour du dîner auquel je l'avais invitée, avant qu'elle ne descende de mon véhicule, elle m'a demandé de l'argent pour faire du shooting. Je lui ai dit que je n’avais que 25.000 F sur moi. Mais je lui ai promis de lui en offrir. C'est là qu'elle a mis sa main dans ma poche et pris mon argent. J'ai confisqué son portable. Alors, elle a commencé à saccager ma voiture. On s'est bagarré et comme elle me mordait, j'ai réagi en lui donnant des coups. Je l'ai aussi mordue à mon tour sur le dos. C'est la seule morsure que je lui ai occasionnée». Le juge de prendre la parole : «est-ce qu'un homme doit frapper une femme? Pourquoi vous n'êtes pas allé à la gendarmerie avant de faire quoi que ce soit? On est dans un État de droit et ce n'est pas à vous de vous faire justice. On est dans une société qui a ses réalités. La violence ne règle pas la violence. Quelle que soit la situation, personne n'a le droit de frapper».
En réplique, Kaliphone lui dit : «non! Mais, il fallait que je réagisse aux coups qu'elle me donnait. Je lui en ai aussi infligé pour qu'elle arrête de me mordre».
Prenant la parole, la procureure l'a bien savonné. «Tu n'as jamais pensé que tu serais attrait ici malgré toutes les bêtises que tu as faites. Tu as pensé que tu avais le droit de faire tout ce que tu voulais sans être inquiété. Nous sommes dans un pays de droit», lui a lancé la procureure d'un ton sévère. Mais, le prévenu lui a dit que si c'était à refaire, il n'allait pas récidiver.
Entendu à titre de témoin, le vendeur de produits aphrodisiaques Cheikh Ahmed Cissé, a dans son témoignage déclaré que Kaliphone et Adjia Thiaré s'étaient mutuellement blessés.
Les avocats de Adja Thiaré plaident le viol, la victime présumée réclame 100 millions FCfa
Du côté des avocats de la victime, Me Abdy Nar Ndiaye s'est indigné du sort qui a été réservé à cette affaire. Selon lui, c'est en cours de route que Kaliphone a commencé à caresser les seins de sa cliente en la raccompagnant chez elle, parce que tout simplement il a cru qu'elle était de mœurs légères. Mais elle lui a opposé une résistance farouche. Selon Me Ndiaye, la stratégie de Kaliphone était de peindre sa cliente comme étant une sale pute et une lesbienne. L’avocat est allé jusqu'à dire au tribunal qu'il détenait des vidéos qui prouvent ce qu'il avançait. Insistant sur la thèse du viol qui, selon lui, ne souffre d'aucune contestation, Me Abdy Nar Ndiaye a brandi devant à la barre la photo du slip noir troué de sa cliente. «Ça, c'est le slip tout troué de la dame, c’est une pièce à charge», a-t-il crié avant de réclamer 100 millions F Cfa à titre de dommages et intérêts pour Adjia Thiaré Diaw.
Me Amadou Diallo, demandant aux juges de rendre justice à Adjia Thiaré, a confié que c'est un adulte de 42 ans (Kaliphone) qui est allé chercher cette fille de 19 ans sous la pluie et qui a un ami vendeur d'aphrodisiaques (Cheikh Cissé). Et cela a tous les ingrédients d'une activité sexuelle, d'après lui. Sur ce, il estime que les accusations de Adjia Thiaré n'ont pas été prises en compte. Me Diallo a demandé au tribunal d'ordonner un complément d'information pour leur permettre de savoir ce qui s'est passé.
La procureure requiert 1 an avec sursis
La procureure a d’abord dans ses réquisitions rappelé qu'aujourd'hui, ce sont des faits de coups et blessures volontaires qui réunissent le tribunal. Indiquant que Kaliphone «a tort sur toute la ligne»,la parquetière a requis contre lui 1 an de prison assorti du sursis et une amende de 100.000 F Cfa.
Quant à l'avocat du prévenu, Me Souleymane Soumaré, il a demandé au juge de ne retenir que les Cbv en sus d'une application bienveillante de la loi. Évoquant une excuse de provocation, Me Daff a indiqué que Kaliphone et Adjia Thiaré peuvent se retrouver un jour, parce qu'ils fréquentent le même milieu. Délibéré au 13 octobre prochain.
Fatou D. DIONE