Même s’il a dit urbi et orbi qu’il a remporté haut la main les dernières élections territoriales, Macky Sall n’en demeure pas moins mécontent des multiples cas de division au sein de sa mouvance. Dans la nuit de vendredi à samedi, à Tamba où il rencontrait ses responsables, le patron de Benno Bokk Yakaar (Bby) qui se projette vers les élections législatives de juillet 2022, a saisi l’occasion pour inviter les uns et les autres à taire leurs divergences avant les prochaines échéances. Mettant les grands responsables de la capitale du Sénégal orientale devant leurs responsabilités, Macky Sall a assuré ses collaborateurs politiques que pour les prochaines joutes législatives, il ne saurait accepter aucune liste parallèle.
Une chose est sûre : Macky Sall n’est pas entièrement satisfait des résultats obtenus par son camp, à cause des divisions profondes enregistrées. En déplacement dans l’Est du pays où il devait prendre partà la cérémonie officielle du Daaka de Medina Gounass, le Président Macky Sall en a profité pour rencontrer les responsables de l’Apr à Tamba. Pour une ville où le maire sortant investi sur la liste de Bby a été battu par un autre membre de l’Apr, la rencontre s’annonçait électrique. Et ce fut le cas. En effet, c’est vendredi tard dans la nuit (4 h du matin) que Macky Sall s’est adressé aux responsables de son parti à Tambacounda.«Les résultats, il faut savoir les lire», leur dit-il d’emblée. «Parce que même si c’est vrai que la plupart d’entre vous ont gagné, ils n’ont pas gagné avec une majorité absolue. Or si nous voulons assurer une majorité lors des élections législatives, il faut qu’on ait au moins plus de 50% dans chaque département. Au moment où Matam et Podor sont à 96%, 95%, Tambacounda doit au moins viser les 70%. Et je vous assure que si vous vous réunissez, vous pouvez le faire. Mais avec la division que j’ai vue ici, vous ne pouvez rien construire. Dans ces conditions, même si vous obtenez des victoires, celles-ci ne seront pas belles», a-t-il déploré. Avant d’inviter les uns et les autres à se concentrer sur l’essentiel.«Il faut m’arrêter ces histoires de ‘’on n’a pas de ministre’’, puisqu’il y en a qui n’ont pas de ministre et qui ont pourtant gagné beaucoup plus que ce que Tamba a gagné. Il faut travailler ensemble et gagner ensemble, c’est le plus important», assure le président de l’Apr, indiquant qu’il faut désormais que tout le monde se remette dans les rangs.
«Pour les législatives, il n’y aura qu’une seule liste, celle de Benno Bokk Yakaar»
«Lors des élections locales, on avait permis que des listes parallèles puissent se présenter. Mais avec les législatives, ce ne saurait être toléré. Pour les législatives, il n’y aura qu’une seule liste, celle de Benno Bokk Yakaar. Et ce que nous attendons de vous, c’est que vous vous mettiez d’accord sur les investitures», a-t-il encore averti. Et d’ajouter : «pour le moment, j’ai nommé Sidiki Kaba ministre des Forces armées, il est de Tamba et il est sage. Donc vous devez pouvoir l’accepter en tant que leader. A lui ensuite de regrouper tout le monde, ceux qui sont d’accord avec lui comme ceux qui ne le sont pas».
«Une insulte dans le cadre de la politique n’est en rien une insulte»
S’adressant directement aux grands responsables locaux, il rappelle au ministre des Forces armées qu’il a l’obligation de gérer les tempéraments des uns et des autres. «Je te l’ai dit Sidiki (Kaba), je sais que culturellement ici vous ne cautionnez pas l’insulte, mais en politique, il faut relativiser. Une insulte dans le cadre de la politique n’est en rien une insulte. C’est vrai qu’une personne normale ne doit pas insulter, mais celle qu’on a insultée doit également avoir un esprit de dépassement et se dire que sans la politique la personne qui l’insulte ne le ferait pas. Moi même en tant que président de la République, je lis chaque jour dans les journaux des déclarations si graves que celui qui le fait mériterait la prison. Mais je ne le fais pas sinon on allait envoyer beaucoup de personnes en prison», fait-il savoir.
Remontrances à Mame Balla Lô
Au maire sortant, Mame Balla Lo, Macky Sall demande de faire des efforts. «Tout le monde connaît ton engagement et ta détermination dans le parti, mais il faut que tu acceptes de faire des efforts, c’est à dire avoir un esprit de dépassement. Tu as été maire de Tamba, tu t’es représenté et tu as été battu par un frère qui est dans le parti, il faut l’accepter et l’accompagner. Parce que vous ne pouvez pas continuer à Tamba dans ces conditions», assure le président de la coalition Benno Bokk Yakaar.
Continuant à faire la leçon à ses lieutenants dans le Sénégal oriental, Macky Sall assure à ceux-ci que c’est le moment de revoir certains comportements, «parce que vous avez l’obligation de gagner ces législatives à Tamba». «Il faut que vous vous parliez pour voir la meilleure combinaison possible. Vous avez déjà deux députés candidats un pour la commune et un pour le département. Il faut que vous vous parliez. Y’a le parrainage qui a commencé ce week-end, il faut donc commencer à aller à la rencontre de la population», instruit-il encore.
Très confiant de sa force dans cette partie du Sénégal, Macky Sall assure : «à Tamba, si vous êtes unis, il n’y a pas de place pour l’opposition». «C’est votre division qui a créé l’opposition. Donc pour cet objectif immédiat, de grâce, tairons les divergences», prie-t-il.
Sidiki Kaba, la résolution des sept maires et Mamadou Kassé
Au sujet des divergences qui minent le fonctionnement de son parti, Sidiki Kaba s’est plaint devant le chef de l’Etat de l’attitude de Mamadou Kassé qui, dans une résolution signée de sept maires dans le département et qui se sont mués en collectif, passe depuis quelques temps comme le patron de Tambacounda. Les sept maires du département en effet dans cette résolution disent se ranger derrière Mamadou Kassé. Ils l’ont même réaffirmé à l’occasion de l’audience devant le chef de l’Etat.
Ce que Sidiki accepte mal. Mais Macky Sall dans sa communication, de dire aux uns et aux autres de savoir raison garder et de donner à Sidiki le respect dû à son âge et son vécu. Il ira même plus loin pour convoquer nos valeurs communes de vie, à savoir le droit d’ainesse. En effet, d’après Macky Sall, dans toute famille, il y a un leader, un Imam, quelqu’un qui doit être devant et les gens doivent aussi accepter cela et suivre.
Relativement à cette rencontre toujours, il nous revient que Mamadou Kassé, le responsable qui monte en puissance dans le département, a demandé a être reçu avec les sept autres maires qui se sont constitués en collectif et le Président a donné une suite favorable à cette requête. Il appartient aux demandeurs maintenant de se préparer et de mettre les formes.
Sidy Djimby NDAO