LE PR MAMADOU DIOUF SUR LA SUPPRESSION DU POSTE DE PM : «C’est une décision étrange de quelqu’un qui va rester au pouvoir 5 ans»



S’il y a quelqu’un qui est surpris par la décision du chef de l’Etat de supprimer le poste de Premier ministre, c’est bien le professeur Mamadou Diouf. Ne s’expliquant pas cette mesure, il note que non seulement le chef de l’Etat n’a que 5 ans à faire, pour son dernier mandat, mais en plus, il n’y a aucun problème entre lui et son Premier ministre qui peut bien l’aider à rendre l’exercice du pouvoir plus efficace. Et pour les luttes de positionnement qu’il tenterait d’étouffer, l’historien est convaincu qu’il n’y pourra rien, que son dernier mandat ouvre toutes les portes.

Alors que la loi portant révision de la Constitution et devant aboutir à la suppression du poste de Premier ministre sera votée samedi prochain en plénière par l’Assemblée nationale, elle continue d’essuyer des critiques. La dernière en date est celle du professeur Mamadou Diouf. L’historien qui enseigne à Columbia University (États-Unis), ne comprend vraiment pas le fondement d’une telle décision. «C’est une décision étrange de quelqu’un qui veut être responsable directement, alors qu’il ne va rester au pouvoir que 5 ans», note d’emblée l’historien, qui était hier l‘invité de l’émission «Objection» sur Sud Fm. Et s’il est surpris de la mesure initiée par le chef de l’Etat, c’est parce qu’il n’y a aucun souci ou un problème particulier qui l’expliquent, du moment que, pour lui, «il n'y a aucune divergence» entre Macky Sall et le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne. Mieux, l’universitaire est persuadé que l’existence d’un Premier ministre «n’est pas un obstacle à l’exercice du pouvoir», mais, au contraire, ce dernier peut même «aider à rendre ce pouvoir beaucoup plus efficace».

«Que le Président le veuille ou non. Ce dernier mandat ne peut pas ne pas ouvrir un espace pour la compétition politique»

S’agissant de l’une des explications données, comme quoi le chef de l’Etat veut éviter le dauphinat et le choc des ambitions, Mamadou Diouf soutient que ce n’est pas la suppression du poste de Premier ministre qui empêchera les guerres de positionnement. «Quelle que soit la décision du président de la République, son dernier mandat ne peut pas ne pas ouvrir un espace pour la compétition politique. Que le Président le veuille ou non». En définitive, pour l’historien, «si le président de la République s'est engagé à respecter les deux mandats et s'il s’est engagé à avoir un travail beaucoup plus efficace, il peut l’avoir en déléguant le pouvoir qu’il a à son Premier ministre».

Mbaye THIANDOUM
LES ECHOS

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