LE LEADER DE PASTEF SUR L’OFFRE DE DIALOGUE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE :«Pourquoi dialoguer si tout va bien ? Ce dialogue n’a qu’un seul objectif, celui de valider une troisième candidature et isoler Ousmane Sonko»




 
 
 
 
C’est un Ousmane Sonko visiblement très en forme qui a fait face aux journalistes. Pendant près de deux heures, le leader de l’opposition sénégalaise a entretenu son auditoire sur les nombreuses procédures judiciaires en cours contre sa personne, mais également le dialogue politique appelé par le président de la République. Le président de Pastef, comme à son habitude, a tiré sur «les quelques magistrats qui ont fini de ternir l’image de la justice» ou encore «les forces de défense et de sécurité qui obéissent sans réfléchir aux ordres injustes du général Moussa Fall et de Antoine Diome».
 
 
 
Commençant son speech par le très mouvementé Nemeeku Tour qu’il a effectué pendant le weekend à Taïba Ndiaye où, dit-il, «des jeunes de la localité ont été brutalisés par la gendarmerie», Ousmane Sonko dénonce les agissements du corps dirigé par le général Moussa Fall, regrettant que «beaucoup de jeunes de Taïba Ndiaye se sont retrouvés à l’hôpital avec des blessures très graves après avoir été violentés par des gendarmes». Après ce cri de cœur, Ousmane Sonko est revenu sur les procédures judiciaires à son encontre, qu’il qualifie de «farce judiciaire». A ce propos, Ousmane Sonko dénonce un acharnement contre les militants de son parti Pastef-Les Patriotes. «Tous ceux qui ont été arrêtés et jetés en prison l’ont été par Macky Sall qui donne directement ses ordres aux procureurs», a accusé Ousmane Sonko, disant que «les mouvements dans la magistrature n’ont autre objet que pour trouver les juges dociles pour faire la sale besogne».
Suffisant pour que Ousmane Sonko revienne longuement sur ce qu’il appelle les persécutions de la justice sénégalaise à son encontre. «Mon rapport avec la justice jusqu’à présent est un rapport fait de persécutions et de violation de mes droits. De ma radiation injuste à la tentative d’assassinat sur ma personne, en passant par les affaire Adji Sarr, l’affaire des 94 milliards où même les nombreuses plaintes que nous avons déposées, la justice sénégalaise n’a jamais dit le droit quand il s’agit de Ousmane Sonko».
Sur le dossier Adji Sarr, Ousmane Sonko assure que le juge Maham Diallo n’a pas fait une instruction, il n’a fait que satisfaire les désidératas de Macky Sall. Citant à tour de rôle les manquements notés dans l’instruction du Doyen des juges dans cette affaire, le président de Pastef révèle «les liaisons entre le juge Maham Diallo et l’ex policier Frédéric Napel». Il révèle : «je détiens des enregistrements audio dans lesquels Frédéric Napel dit que c’est Maham Diallo qui a demandé qu’on aille le chercher à Bissau, parce qu’il n’a confiance qu’en lui». Toujours dans ces mêmes enregistrements audio, assure Ousmane Sonko, «Frédéric Napel est allé jusqu’à accuser l’ancien Chef d’état-major général des armées d’avoir essayé de faire un coup d’Etat, que c’est lui qui l’a dit à Macky Sall qui a ainsi décidé de le relever. Il évoque également le dossier d’un individu condamné dans une affaire de blanchiment d’argent», révèle-t-il encore. Avant d’annoncer le début d’une campagne de désobéissance civique vis à vis de la justice. «Parce que quand une justice est injuste, nous n’avons plus l’obligation de la respecter ou de respecter de jouer son jeu», annonce-t-il, promettant de revenir sur le contenu de la campagne de désobéissance.
 
Tentative d’assassinat
 
 
Sur la présumé tentative d’assassinat sur sa personne, Ousmane Sonko insiste, persiste et signe. «Je l’ai déjà dit et je confirme, j’ai été victime d’une tentative d’assassinat. Nous avons envoyé les éléments dans deux pays dont la France puisque nos laboratoires ici ne peuvent pas le faire. Nous avons envoyé à un laboratoire d’expertise toxicologique qui s’appelle «Expertox», a informé Ousmane Sonko, assurant que ce laboratoire a conclu à la présence de deux produits. C’est ainsi qu’ils ont décidé de saisir un biologiste pour plus de détails sur les substances qui lui ont été aspergées, selon lui. «Après cela, nous avons consulté un biologiste pour avoir plus d’éléments. La conclusion du biologiste note que ‘’de par les résultats envoyés, nous avons constatons la présence du d’hydroxy. C’est un produit qui présente une toxicité qui a une familiarité par rapport à l'acétophénone. Donc il est possible que le produit initial soit un dérivé du gaz CN qui est un gaz antiémeute qui de plus en plus est remplacé par le gaz CS à cause des effets toxiques qui peuvent être néfastes. A forte concentration sur un espace confiné, il a été décrit des cas de létalité en rapport avec une intoxication aigue notamment. Le décès survient dans les suites immédiates de l’exposition avec des lésions d’œdèmes aigues du poumon voire hémorragie pulmonaire’’», rapporte le leader de Pastef, disant qu’ils ont les vidéos de la scène.
 
 
«À chaque fois que Macky appelle au dialogue, c’est qu’il a des intérêts politiques»
 
 
 
Sur le dialogue politique, Ousmane Sonko assure que le président de la République a une seule visée en appelant à ce dialogue politique : «isoler Ousmane Sonko». «Mais surtout que celui qui parle de dialogue a dit qu’il n’y a pas de problème au Sénégal, il n’y a pas de détenus politiques, que les institutions marchent bien… alors pourquoi dialoguer», questionne Ousmane Sonko, se demandant «au cas où nous devrions dialoguer, où sont les conclusions des précédents dialogues». «Les points qui ont fait l’objet des dialogues précédents sont les mêmes que les points sur lesquels on veut dialoguer aujourd’hui. Mais pourquoi dialoguer alors que les conclusions des précédents dialogues n’ont pas encore été mises en pratique ? Le dialogue politique de 2016 et celui dirigé par Famara Ibrahima Sagna, qui nous a coûté plus d’un milliard, n’a servi à rien. À chaque fois que Macky appelle au dialogue, c’est qu’il a des intérêts politiques», a dit Ousmane Sonko, se demandant comment dialoguer sans poser la question préjudicielle du 3e mandat.
«Le problème, c’est que Macky Sall a ses objectifs. Mais il pense que pour avoir ce qu’il veut, il faut qu’il ait un moyen de chantage sur chacun. A certains il promet d’enlever le parrainage, à d’autres il promet une amnistie. Et quand il s’agit de Pastef et de Ousmane Sonko, il se dit, je vais arrêter le maximum de ses militants et lui coller tellement de procès qu’il sera obligé de dialoguer. Mais il se trompe, parce que nous ne nous négocions pas avec un pistolet sur la tempe, c’est une question de dignité et d’honneur».
Comment dialoguer sans régler la question préjudicielle du 3e mandat ? Mais l’autre question, c’est ce que va demander Macky Sall. Mais tout le monde sait que Macky Sall ne veut qu’une seule chose, c’est d’être candidat. C’est pour dire que le dialogue tel qu’il est conçu pour le moment, c’est pour liquider Ousmane Sonko et valider une troisième candidature anticonstitutionnelle.
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
LES ECHOS

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