La purge continue à Expresso ! Après le licenciement de deux candidats investis aux postes de délégué du personnel, à savoir le coordinateur des délégués chargé des revendications et le secrétaire général adjoint du bureau du comité sectoriel affilié au Sntpt, c’est la tête de file du syndicat qui vient d’être licenciée. En effet, la secrétaire générale du comité sectoriel Sntpt/Expresso-Sénégal a été licenciée, lundi passé. Les syndicalistes de la maison sont convaincus que les justifications invoquées pour se séparer d’elle sont différents des motifs réels de son licenciement.
Directrice de Mobile Money à Expresso, Fatou Kamara a récemment reçu une demande d’explication, avant d’être finalement remerciée. «La direction a profité d’une fraude opérée sur le réseau avec un préjudice de 7 millions pour renvoyer la directrice de Money, alors que la faute ne lui incombait pas», narre une source proche de la boite.
Jointe au téléphone, Fatou Kamara confirme. «Je suis à Expresso depuis le début. Ils m’ont fait venir du Maroc pour nous vendre un rêve. Seulement, c’est le contraire qui s’est réalisé, parce qu’au lieu de renforcer la boite avec des Sénégalais, la direction emmène des Soudanais et nous renvoie».
Déterminée à se battre, Fatou Kamara liste les trois problèmes que les travailleurs ont à Expresso. «C’est le Directeur général, le Directeur financier et le Directeur commercial», dit-elle.
Pour son licenciement, Fatou Kamara informe qu’elle s’en est ouverte à son avocat et qu’elle usera de tous les moyens légaux pour dénoncer cette injustice.
Une lettre incendiaire envoyée au ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle
Dans le cadre de leur combat, les syndicalistes ont envoyé une lettre incendiaire au ministre de l’Emploi et de l’Insertion professionnelle, Abdoulaye Diop. Dans la lettre que nous avons survolée, Fatou Kamara revient sur la gestion du Directeur général.
«Expresso Sénégal semble être un pays à part entière à l’intérieur de notre cher Sénégal : son Top Management, à commencer par le Directeur général Abdallah Saeed et son bras droit le Directeur financier Ali Bashir nommé en interne ‘’Dieu du Ciel et de la Terre‘’, dirigent la compagnie d’une manière féodale, méprisant au vu et au su de tous les lois du travail de notre pays, pour traiter le personnel sénégalais de la façon la plus irrespectueuse qui soit : Licenciements abusifs en série, Intimidations et licenciement abusif du personnel qui a adhéré au syndicat Unsas/Sntpt, harcèlement moral des cadres sénégalais pour les pousser à la démission et les remplacer par des jeunes cadres soudanais ramenés régulièrement du Soudan et promus aux meilleurs postes sans efforts, traitement de faveur éhonté du personnel soudanais comparé au personnel sénégalais», lit-on dans la missive.
«Licenciements abusifs en série, Intimidations…»
Ainsi elle attire l’attention du ministre sur les intimidations subies à Expresso. «Depuis la création de notre syndicat, notre Directeur général Abdallah Saeed ainsi que son Directeur financier Ali Bashir et son Directeur commercial Sajid Ahmad Khan, sont entrés dans une colère aussi noire que froide, que nous payons cash chaque jour que Dieu fait : licenciement dare-dare, par email, de 2 employés membres du bureau du Syndicat Sntpt/Comité sectoriel Expresso pressentis pour être de bons délégués du personnel», fait savoir la lettre.
Persécution, brimades, demandes d’explication injustifiées, harcèlement moral…
Une bataille qui est loin d’être finie à Expresso. Et de poursuivre : «Expresso Sénégal avait joué la carte de la compagnie africaine pour les Africains afin de débaucher les cadres sénégalais qui étaient chez les opérateurs concurrents, mais aussi afin de recruter des Sénégalais qui étaient à l’étranger dont moi-même avec ce challenge : le rêve africain au Sénégal qui était une noble vision».
Seulement, poursuit la dame, «au fur et à mesure que la Direction générale a vu son chiffre d’affaires progresser et senti que la compagnie atteignait maintenant un certain niveau de stabilité, elle nous a montré un autre visage : elle a commencé progressivement à se débarrasser de tous les talents sénégalais qu’elle avait débauchés et qui ont œuvré sans relâche pour amener Expresso Sénégal à bien s’établir au Sénégal et les ont remplacés progressivement par des cadres soudanais, régulièrement importés : persécution, brimades, insubordination, demandes d’explication injustifiées, harcèlement moral, assignation d’objectifs d’activations et de ventes irréalistes pour pouvoir les licencier par la suite».
Le secrétaire général de Expresso promet de rappeler et «disparaît»
Nos tentatives de joindre le chargé de communication ont été vaines. Joint au téléphone, le secrétaire général de la boite, après nous avoir religieusement écouté, nous a balancé ceci : «Je suis à l’ambassade… je suis dans une réunion, je vous rappelle». On a attendu jusqu’au bouclage, sans succès. Il n’a même pas eu l’élégance et la courtoisie de rappeler.
Samba THIAM