Pour justifier le viol qu'il avait commis en 2018 sur la petiteNg. Touré, alorsâgée de 7 ans, le commerçant Boumar Diop a évoqué à la barre une folie et une force surnaturelle pour échapper à une condamnation. Mais, le Procureur général de la Cour d'appel de Dakar a requis hier la confirmation de la peine de 10 ans ferme de prison qui a été prononcée à son encontre en première instance. Il sera fixé sur son sort le 13 décembre prochain.
Marié à une épouse et père de 4 enfants, Boumar Diop, commerçant, a été condamné en première instance à 10 ans ferme de prison en 2018 par le tribunal de Pikine/Guédiawaye pour viol sur mineure de moins de 13, en sus de la somme de 3 millions de dommages et intérêts qu'il doit allouer à Ngoné Doucouré, le civilement responsable de la victimeNg. Touré. Malgré la gravité des faits, Boumar Diop a interjeté appel après avoir passé 3 ans dans les liens de la détention. C'est hier, devant la Cour d'appel de Dakar que son affaire a été rejugée.
Selon l'accusation, la gamineNg. Touré, âgée à l'époque (en 2018) de 7 ans, était confortablement scotchée devant le petit écran regardant des dessins animés. Hélas, son voisin de quartier avait dérangé sa quiétude lorsqu'il l'a surpriseseule dans le salon et violé, aux environs de 14 heures. Après sa sale besogne, cet homme, pour tenter de maquiller son crime, a simulé un appel afin de pouvoir quitter les lieux sans être appréhendé. Mais, la fillette est directement allée tout avouer à sa mère, Ngoné Doucouré. Cette dernière est allée demander des comptes à Boumar Diop, qui a reconnu les faits avant de se confondre en excuses. Elle conduit alors la gamine à l'hôpital où le médecin du poste de santé de Malika a conclu à des déchirures hyménales et des traumatismes. C'est suite à cela qu'elle a saisi d'une plainte le commissariat de ladite localité.
Boumar Diop : «Je croyais que j'étais en pleine conjonction sexuelle avec mon épouse lorsque j'abusais de la gamine»
A la barre encore, le mis en cause Boumar Diop a reconnu les faits hier, devant le juge d'appel de Dakar, comme lors de son interrogatoire préliminaire. «C'est dans sa maison que tout s'est passé. C'est dans l'espace où ils prennent le déjeuner que les faits ont eu lieu vers 14h. J'étais seul avec elle. J'avoue que je l'ai violée, mais elle n'avait pas saigné. Je croyais que j'étais en pleine conjonction sexuelle avec mon épouse lorsque j'abusais de la gamine», a avouél'homme qui avait 38 ans au moment des faits. Et pour essayer de soustraire à l'action de la justice, cet inculpé a évoqué une force surnaturelle qui avait pris le dessus sur lui. Aussi, il fait état de problèmes psychiques dont il serait victime. «2 jours avant les faits, j'ai dit à ma femme que je ne me reconnaissais plus. Je ne l'ai pas fait exprès sachant que je suis marié et je l'ai dit à ma femme. Celle-ci m'avait même conseillé d'aller recourir à des marabouts pour me soigner. À cette époque-là, je n'étais pas maître de mes actes. Je pense qu'on m'avait marabouté. "C'est du koort". C'est lorsque je suis allé au camp pénal que j'ai commencé à réaliser l'acte que j’ai posé. Et c'estlà que j'avais commencé à retrouver mes esprits. Je pense que tout ceci n'est que l'œuvre du destin. En âme et conscience, je sais que je n'étais pas lucide au moment des faits. Je me suis toujours préservé.Je ne sais pas ce qui s'est passé. J'ai toujours été chaste. Je n'ai connu que mon épouse. "Danumaa xaptalci jigeen". Et j'ai failli même un jour coucher avec ma fille», peste-t-il. Le juge lui demande : «sunu la kortee ci xaleyi nga jëm ?».
La mère de la gamine s’est évanouie en apprenant la terrible nouvelle
Pour sa part, la mère de la victime, entendue à titre de témoin, n'a cessé de pleurer devant le prétoire. Révélant ainsi que Ng. Touré qui est aujourd'hui âgée de 10 ans est son unique fille. Elle a confié à la barre qu'elle s'était évanouie lorsque son enfant lui a révélé avoir subi les assauts sexuels de Boumar Diop. Elle dit ne pas comprendre pourquoi le prévenu avait jeté son dévolu sur sa fille, alors qu'il avait des enfants et des nièces.
Le procureur dans tous ses états
Avocat du prévenu, Me Ismaïla Diagne a sollicité que le jugement qui a été rendu en première instance soit infirmé. Niet, refuse le Procureur général qui a requis que la peine de 10 ans soit confirmée. Ce, avant d'entrer dans des développements. «Le prévenu a fait état de forces occultes et il disait qu'il voyait l'image de sa femme lors de l'acte. Il prétend qu'il ne savait pas ce qui l'a poussé à agir ainsi. Il dit avoir été atteint par un esprit maléfique. Et qu'il a failli faire de même avec son enfant. Il parle de contrainte morale interne alors que cela ne peut pas prospérer dans la responsabilité pénale. Et ce qui est pris en compte par la loi, c'est la démence. Et pour ce cas, il faudrait qu'elle soit prouvée et qu'elle soit arrivée au moment des faits. C'est la démence que la loi pénale connaît. Il n'a jamais été en consultation et il n'a jamais été consulté par un médecin. C'est des faits extrêmement graves. On ne peut pas commettre ces faits et essayer de les étouffer», a-t-il relevé.
Étant du même avis que le Parquet général, Me Ndèye Fatou Sarr a pour sa part demandé la confirmation du premier jugement. D'après l'avocate de la partie civile, Boumar Diop plaide une folie alors qu'il est loin de l'être. C'est un abus ce qu'il a fait, selon elle. Délibéré le 13 décembre prochain.
Fatou D. DIONE