LE CDEPS FACE A LA PRESSE : «La presse ne saurait se développer si les autorités en font un secteur ennemi à abattre…»




 
 
 
Selon le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse, la presse ne saurait se développer si les autorités en font un secteur ennemi à abattre pour installer un silence total sur le fonctionnement du pays. Le Cdeps a profité de ce point de presse pour solder ses comptes avec le ministre de la Communication, accusé d’être dans une opération de manipulation et de diabolisation pour saper la crédibilité de la presse.
 
 
 
Après «le grand succès» de la journée sans presse du 13 aout dernier, le Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps) a fait face à la presse. Une occasion de saluer la posture du président de la République qui, au lendemain de ce mouvement d’humeur, a appelé en conseil des ministres pour un dialogue rénové sur la situation générale. Seulement, le Cdeps n’a pas manqué de rappeler qu’il a, à plusieurs reprises, formulé des propositions aux autorités pour une meilleure prise en charge des problèmes du secteur et a toujours noté le manque de volonté du gouvernement pour une régulation de la presse, préalable pour asseoir un écosystème viable. «La presse ne saurait se développer et atteindre les objectifs utiles pour l’entreprise, les acteurs et la République si les autorités en font un secteur ennemi à abattre pour installer un silence total sur le fonctionnement du pays», fait remarquer le Cdeps.
 
Opération de diabolisation pour saper la crédibilité de la presse 
 
Poursuivant, le Cdeps n’a pas manqué de solder ses comptes avec le ministre de la Communication suite à ses déclarations effarantes à propos de la situation fiscale des entreprises de presse et la gestion du Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp). « Nous dénonçons la fausseté des annonces faites à l’occasion de ces interventions publiques. Il s’agit d’une opération de manipulation et de diabolisation à des fins politiques pour saper la crédibilité de la presse et/ou pour organiser la disparition d’entreprises pour en créer d’autres totalement acquises à des causes partisanes », regrette le Cdeps qui précise dans la foulée : « Les montants des dettes fiscales dues par les entreprises de presse et annoncées par le ministre sont inexacts et le Cdeps constate que le chiffre décliné est un fourre-tout de 40 milliards, qui agrège Droits simples, Taxation d’office et Pénalités », relève le Cdeps qui s’insurge contre cette méthode jugée « infamante ».
 
Les entreprises de presse ne refusent pas de s’acquitter de leurs obligations fiscales
 
Pire, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse au Sénégal trouve «scandaleux» que, de tous les secteurs économiques du pays, les entreprises de presse soient les seules dont les autorités publient illégalement les données en violation totale du secret de leur situation fiscale. Selon le Cdeps, l’utilisation de telles méthodes visent à braquer l’opinion publique contre les entrepreneurs de presse ainsi présentés comme des hors-la-loi. Les entreprises de presse, rappelle le Cdeps, ne refusent pas de s’acquitter de leurs obligations fiscales et ne peuvent pas accepter que les autorités les privent de leur droit de faire aménager le versement de ce qui est dû.
 
Un échantillon de 217 journalistes sur 2118
 
En outre, même si le Cdeps est conscient qu’il y a des efforts à faire, il trouve inconcevable qu’un ministre de tutelle ne fonde pas son argumentaire sur des statistiques de services étatiques et ne prend en compte qu’un échantillon de 217 sur 2118 personnes qui détiennent la carte nationale de presse sur 2700 demandes. Non sans dénoncer cette manipulation du ministre de la Communication pour créer, de l’avis des diffuseurs et éditeurs de presse, des tensions entre employeurs et employés.
 
Le Cdeps demande la lumière sur les 800 millions de l’aide à la presse détournés
 
Concernant l’aide à la presse, le Cdeps rappelle que les entreprises de presse ont toujours demandé la publication de la liste de tous les bénéficiaires, avant de s’étonner de la «clarification sélective» de la tutelle. Selon toujours le Cdeps, cette liste des bénéficiaires est incomplète. «Le Cdeps demande que les services d’Inspection de l’État fassent la lumière sur les montants effectivement alloués aux entreprises de presse et sur les 800 millions de francs de l’aide à la presse détournés, parce que n’étant pas allés aux entreprises de presse».
 
M. CISS
 
 
LES ECHOS

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