LAT DIOP SUR L’AFFAIRE ADJI SARR-OUSMANE SONKO: «Cette affaire-là sera vidée quel que soit le prix à payer»




 
 
 
Si cela ne dépend que de Lat Diop, Directeur général de la Lonase, par ailleurs responsable politique de la mouvance au pouvoir, le mal des Sénégalais du fait des événements liés à l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko ne restera pas impuni. Prenant le leader de Pastef pour responsable de tout ce qui s’est passé depuis le début, Lat Diop informe que s’il avait à décider, le dossier allait être transmis à la Cpi, car la responsabilité de Sonko est pleine et entière dans tout ce qui se fait aujourd’hui en termes de violences, de pertes en vies humaines, de saccages de biens d’autrui.
 
 
 
 
Les Echos : On vient de sortir d’une semaine très compliquée avec l’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr. Au regard de ce que vous avez vu, y a-t-il lieu de poursuivre ce procès ?
 
 
 
Lat Diop : D’abord il faut dire qu’il s’agit d’une affaire privée qui concerne deux citoyens sénégalais. Et de ce point de vue, l’Etat a la responsabilité de prendre ses dispositions pour que les droits de chaque partie soient respectés. Cette affaire-là sera vidée, quel que soit le prix à payer, parce qu’il y va de la survie de l’Etat de droit et de la République dans ce pays. Et aucun Sénégalais n’est au-dessus de la loi.
 
 
Mais à cause de cette affaire, des écoles sont fermées, des cours suspendus…
 
 
 
Je pense que cela participe à la préservation de l’ordre public et des biens des citoyens. Si l’Etat prend ces dispositions-là, c’est en connaissance de cause. Je n’ai aucun commentaire particulier à faire à ce niveau. Au plus, j’encourage toute action, toute initiative qui irait dans le sens de l’apaisement, mais aussi dans le sens de la fermeté qui est une attitude qui sied au comportement normal d’un Etat de droit.
 
 
 
Et si le leader de Pastef décidait d’aller répondre, allez-vous saluer cette initiative ?
 
 
 
Non, je n’ai pas à saluer ses initiatives, parce que ses initiatives n’engagent que sa propre personne. Qu’il réponde ou pas, le droit sera dit et l’Etat prendra ses responsabilités. Je le redis encore une fois, cette affaire-là sera vidée quel que soit le prix à payer. J’insiste là-dessus : quel que soit le prix à payer et il faut qu’il se le tienne pour dit. Nous sommes dans une République, dans un Etat de droit. C’est un justiciable comme tout le monde. J’ai entendu ses avocats dire: «oui, si toutes les conditions sont réunies…». C’est le monde à l’envers. Depuis quand un justiciable pose des conditions à la justice ? pour assujettir sa présence au Tribunal ou exiger des choses à l’Etat ou à la justice ? Il n’a qu’à répondre. S’il ne répond pas, il sera jugé par contumace et ç’en est fini de sa vie ; je ne dirai même pas politique, mais ce sera sa mort sociale. Il ne peut pas se soustraire de l’action de la justice. Aussi, tout ce qui lui arrive aujourd’hui, c’est un retour de bâton. Quel est le Sénégalais que Ousmane Sonko n’a pas insulté ? Ousmane Sonko a insulté tout le monde dans ce pays. Pour un jeune qui n’a même pas 50 ans, c’est grave.
 
 
 
 
Quand on vous entend parler de Sonko, souvent les mots sont très durs. Certains pensent même que vous avez de la haine contre lui. Est-ce cela ?
 
 
 
Justement, c’est un adversaire politique. On pourrait dire la même chose de Ousmane Sonko, de son comportement envers le président de la République et de la mouvance présidentielle. Ousmane Sonko nous traite comme des ennemis ; on le traite comme tel. C’est aussi simple que ça. Quelqu’un qui vous traite comme un ennemi, vous ne devez pas le traiter comme un ami. Ousmane Sonko, moi personnellement, je le considère comme un ennemi. Parce qu’il n’a jamais essayé de civiliser ou de policer ses rapports avec le pouvoir. Il n’est pas le seul opposant au Sénégal. Il y a Khalifa Sall et d’autres… Malick Gakou, Déthié Fall, Abdourahmane Diouf. Ce sont des gens qui s’opposent, mais de façon très policée et de façon vraiment très républicaine. Mais pour le cas de Sonko, c’est autre chose. Il a fait de Macky Sall un ennemi. Et quelqu’un qui fait de Macky Sall un ennemi, nous le considérons comme un ennemi et nous le combattons comme un ennemi. C’est aussi simple. Ousmane Sonko, il faut le combattre. Et au-delà des aspects politiques, Ousmane Sonko, c’est un réel danger pour la cohésion, la paix et la stabilité de notre pays. Il faut le combattre jusque dans ses derniers retranchements. C’est ma conviction.
 
Quand vous voyez que les maisons des autorités sont attaquées, incendiées, qu’est-ce que cela vous fait ?
 
 
 
Je pense que le plus important, c’est que la majorité des Sénégalais n’ont pas cassé, ne manifestent pas et ne brûlent pas. Ce que vous voyez dans les rues ; ces pneus que l’on est en train de bruler, c’est l’œuvre, le fait de petits voyous, de petits délinquants qui n’ont rien à faire que de se saisir de ces événements pour agresser et voler. De toute façon, ceux qui s’adonnent à ces pratiques-là seront mis hors d’état de nuire. Je pense que l’exemple a été donné avec ceux qui ont brûlé le dépôt de Dakar Dem Dikk. Certains ont été pris et ça va continuer. Il faut que les gens sachent que nous sommes dans un Etat organisé. Le Sénégal est un petit pays. Rien ne peut se faire à l’insu des services préposés à la sécurité de ce pays. Parce que ceux qui ont incendié ou volé seront traduits devant les chambres criminelles et ça c’est fort regrettable pour un jeune. La responsabilité de Ousmane Sonko, depuis l’éclatement de l’affaire Adji Sarr, n’est pas écartée sur le nombre de morts, le nombre de casses, de troubles que ce pays a vécus. Il faut qu’à un moment aussi, cette responsabilité-là, soit située où qu’elle soit. Pour moi, il a une pleine et entière responsabilité dans tout ce qui se fait aujourd’hui en termes de violences, de pertes de vies, de saccages de biens d’autrui. Parce que c’est lui qui appelle à l’insurrection ; c’est lui qui appelle au «Gatsa-Gatsa». C’est lui aussi qui appelle à la désobéissance civile. Il faudra qu’on situe les responsabilités et sa responsabilité, elle est pleine et entière et les preuves sont là. Si c’est moi qui décidais, j’allais transmettre le dossier à la Cpi, parce que l’histoire des 14 morts de mars 2021, c’est le fait de Ousmane Sonko qui a appelé à l’insurrection, qui a appelé au mortal Kombat.
 
 
 
Madou Mbodj
 
 
LES ECHOS

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