LANCEMENT DU CERTIFICAT FISCALITE EQUITABLE ET DURABLE : Cherif Salif Sy préconise la fiscalité équitable et durable pour mobiliser les ressources internes




 
 
 
15 auditeurs sélectionnés auprès d’organisations de la société civile forment la première cohorte de la formation au certificat « fiscalité équitable et durable » initié par l’Institut supérieur de finances (Isf), en partenariat avec International Budget Partnership (IBP). Une occasion pour Chérif Salif Sy de faire un plaidoyer sur la mobilisation des ressources internes, un maillon faible au Sénégal.
 
 
 
Dans le cadre du programme annuel de ses activités, l’Institut supérieur de finances (Isf) et son partenaire International Budget Partnership (IBP) ont procédé hier à la cérémonie de lancement du certificat « fiscalité équitable et durable » destiné à une première cohorte de 15 auditeurs, qui sont pour la plupart des membres de la société civile. « L’organisation de cette formation répond à un double impératif : celui de renforcer les compétences des acteurs de la société civile, car elle a été élaborée suivant leur besoin de formation dans le domaine de la fiscalité et, en outre, cette certification aborde des thématiques innovantes qui ont la particularité de concerner les nouveaux enjeux de la fiscalité comme la mobilisation des recettes, la délivrance des services publiques, la fiscalité durable, la fiscalité appliquée au genre, entre autres », indique le Directeur général de l’Isf, Pape Diallo. « Ces acteurs seront formés en analyse fiscale et plaidoyer afin qu’ils puissent faire des propositions de réformes fiscales équitables et inclusives », ajoute la représentante de IBP, Marième Gnagna Thiam. A l’en croire, les organisations de la société civile sénégalaise travaillent de manière générale sur des questions de finances publiques et sont plus orientées vers les dépenses publiques à travers des questions de transparence, de redevabilité et de bonne gouvernance. « S’agissant des questions de recettes publiques et de fiscalité, le travail de la société civile est relativement développé », explique la représentante du partenaire technique et financier. De l’avis de Chérif Salif Sy, ancien conseiller technique du Président Wade chargé des questions économiques, cette formation vise à rendre la fiscalité accessible pour la société civile afin d’assurer un meilleur plaidoyer ou faire des recommandations pour des réformes fiscales équitables.
 
La mobilisation des ressources internes, un maillon faible du Sénégal  
 
Revenant sur l’importance de la fiscalité, notamment la mobilisation des ressources, il révèle qu’il n’existe pas au monde un pays qui réunit dans ses frontières les ressources nécessaires pour son développement. Autrement, dit-il, les Etats-Unis ne seraient pas le pays le plus endetté au monde et n'auraient pas créé la politique d’attirance de toutes les compétences à travers la planète. Ce qui lui fait dire qu’il n’y a aucune honte à avoir des collaborateurs non nationaux ou à emprunter à l’extérieur ; à condition de bien emprunter et de bien investir ce qu’on a emprunté. Cependant, pour le Sénégal, dit-il, son maillon faible a été pendant très longtemps, la mobilisation des ressources internes. « Il était difficile de trouver un document de stratégie sur la mobilisation des ressources internes. Aujourd’hui, des experts interviennent de plus en plus sur le sujet. Il y a plusieurs stratégies, plusieurs leviers lorsqu’on cherche à mobiliser les ressources internes pour le développement. On peut cibler le secteur privé, il y a aussi l’utilisation de l’inflation qui est un levier important pour la mobilisation des ressources internes à condition que le taux d’inflation ne passe pas moins de 1 et ne passe pas plus de 7. Mais le levier central, c’est la mobilisation de la fiscalité équitable et durable ; à condition qu’elle soit des ponctions supportables aux différentes couches de la population. Seulement faudrait-il que l’argent collecté soit visible pour que la population accepte de contribuer à la fiscalité », fait remarquer Chérif Salif Sy.
 
M. CISS
 
 
 
NOTION DE TAXONOMIE
L’ancien ministre du Budget Ibrahima Sarr préconise de changer la nomenclature du budget et d’y inclure le développement durable
 
 
 
Venu prononcer le discours inaugural au lancement du certificat « fiscalité équitable et durable », l’ancien ministre du Budget et de l’Energie sous Wade, Ibrahima Sarr, estime que la matière fiscale est très intéressante ; néanmoins, il dit militer en faveur du changement de profil des fiscalistes de notre pays. « Cette formation peut permettre de le faire ; parce qu’un bon fiscaliste n’est pas seulement un fiscaliste du droit fiscal. Un bon fiscaliste doit être un bon économiste fiscal, un bon statisticien de la fiscalité, il doit aussi être un bon comptable fiscal, en plus d’être un spécialiste en développement durable », explique l’Inspecteur général du Trésor. Poursuivant, il a fait état d’une nouvelle notion qui, à l’en croire, sera bientôt au centre des politiques publiques. « C’est ce que nous avons appelé la taxonomie qui va s’appliquer dans différents domaines à commencer par le budget. On doit changer la classification du budget de l’Etat pour que dans la nomenclature du budget, qu’on puisse intégrer le développement durable. Il faut qu’on puisse évaluer chaque rubrique au regard de son impact sur le développement durable ; autant sur les ressources que sur les dépenses. Même sur l’endettement, il faut que la fiscalité soit liée au développement durable à partir de ce qu’on appelle la taxonomie fiscale. Et la taxonomie va même s’appliquer aux marchés publics. Quand on prépare un dossier d’appel d’offres, on doit y inclure des éléments de développement durable. On doit utiliser une nomenclature de taxonomie qui puisse permettre de savoir si le marché lancé par l’Etat a un impact ou non sur le développement durable et à quel niveau. Même sur l’endettement, on doit appliquer la taxonomie », préconise l’ancien ministre directeur du budget.
 
M. CISS
 
 
 

 
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