LA TUBERCULOSE CONTINUE DE PRÉOCCUPER LES AUTORITÉS SANITAIRES: 80% des cas concentrés dans 6 régions et Dakar détient les 44%



 
A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré hier la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. Cette édition qui est fortement marquée par la pandémie du coronavirus a été l’occasion pour le ministre de la Santé et de l’Action sociale de revenir sur les chiffres de la maladie, mais aussi les objectifs que le Sénégal s’est fixés pour mettre fin à la tuberculose. Le bilan de ces dernières années confirme la région de Dakar en pole-position des zones les plus contaminées avec 44% du taux national.
 
L’arrivée du coronavirus a relégué au second plan tous les programmes de lutte contre les maladies Infectieuses, la tuberculose y comprise. La célébration de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose a permis donc à Abdoulaye Diouf Sarr de recentrer le débat sur cette maladie tueuse. Selon ce dernier, l’édition de cette année revêt un double sens : d’une part, elle permet à notre pays de renouveler son engagement et sa détermination à contribuer à la lutte mondiale contre cette épidémie déclarée depuis 1993 «urgence sanitaire» par l’Oms et, d’autre part, c’est un moment pour faire le bilan d’étape des stratégies mises en œuvre pour alléger le fardeau socioéconomique de cette maladie.
Pour attirer l’attention sur la dangerosité de la maladie, le ministre de la Santé a fait savoir que la tuberculose représente la première cause de mortalité due à un agent bactérien unique. «10 millions de personnes tombent malades de la tuberculose chaque année dans le monde, principalement dans les pays en voie de développement. Près d’un million et demi de personnes en meurent, soit environ 4000 personnes par jour dont 700 enfants», a déclaré Diouf Sarr. Pour lui,  c’est la raison pour laquelle l’Organisation mondiale de la santé s’est fixé comme objectif de mettre fin à la tuberculose pour la période 2016-2035.
Abordant la question du Sénégal,  Abdoulaye Diouf Sarr renseigne que ladite maladie reste «caractérisée par une incidence de 118 nouveaux cas de tuberculose par tranche de 100.000 habitants. Sa mortalité est estimée à 17 décès pour 100.000 habitants», dit-il. Poursuivant, le ministre de la Santé soutient que les six régions suivantes se partagent 80% de la maladie : Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Saint-Louis et Ziguinchor. Mais Dakar a elle seule polarise 44% des cas de tuberculose. Sur la répartition des cas de tuberculose par sexe, le ministre de la Santé dira : «en 2020, 12.808 nouveaux cas de tuberculose ont été diagnostiqués dans notre pays, dont  67% sont de sexe masculin. La létalité est de 3,28% soit 420 décès». Cette large  propagation du bacille de la tuberculose est due, selon Diouf Sarr, à l’évaporation dans la nature d'environ 1/3  des malades. Ne se faisant pas soigner, ces derniers favorisent et entretiennent la transmission communautaire.
 
«Le Sénégal a 118 nouveaux cas de tuberculose par tranche de 100.000 habitants. Sa mortalité est estimée à 17 décès pour 100.000 habitants»
 
Abordant les conséquences du Covid-19 sur la lutte contre la tuberculose, le ministre de la Santé affirme qu’il est notée une baisse de la fréquentation des structures sanitaires. «Cela d’autant plus que des similitudes étaient établies entre le Covid-19 et la tuberculose : circonstances de transmission, symptomatologie, plateforme de diagnostic, stratégies de prévention et de prise en charge. Par ailleurs, divers facteurs étaient susceptibles d’accroître le risque de contamination pour les deux maladies : non-respect des mesures barrières, contact entre les prestataires de soins et les patients, non-respect des rendez-vous pour le suivi du traitement, interruption des activités de sensibilisation des communautés», explique Abdoulaye Diouf Sarr, selon qui l'Oms a averti de cette menace de voir le Covid-19 anéantir tous les progrès de ces derniers années. Et c’est la raison pour laquelle le Sénégal a cherché dès le mois de mai 2020 à mettre en place un plan précoce de contingence tuberculose-Covid-19.
Pour la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose édition 2021, l’accent est mis sur l’importance du dépistage afin d’éviter le maximum possible la transmission communautaire. Diouf Sarr se veut rassurant quand à la détermination du Sénégal à mettre fin à la tuberculose . «Le Sénégal reste très engagé dans la lutte mondiale contre la tuberculose. la gratuité du dépistage et du traitement de la tuberculose sur l’étendue du territoire national ; la mise en place d'un laboratoire de biologie moléculaire au PNT pour un diagnostic plus précoce et spécifique de la tuberculose et un meilleur suivi de l’efficacité du traitement des cas ; l’augmentation de 45 à 131 unités de microscopie en 2020 pour le dépistage de la tuberculose ; l’acquisition de 47 plateformes Genexpert pour dépister la tuberculose, la charge VIH, le Covid-19 et le cancer du col de l’utérus, entre autres, le prouvent à suffisance», d’après Diouf Sarr.
Par rapport aux perspectives, le ministre de la Santé soutient que la nouvelle dynamique nationale de lutte contre la tuberculose au Sénégal est axée autour de : l’accélération de la détection des cas manquants de tuberculose, par un meilleur ciblage des populations clés et des groupes vulnérables ; l’augmentation du financement domestique pour l’acquisition souveraine des médicaments et des intrants de laboratoire et le renforcement de la communication et du partenariat public-privé autour de la lutte anti tuberculeuse. 
Ndèye Khady DIOUF
 
 
 
 
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