LA PRATIQUE PARLEMENTAIRE: Quand Babacar Gaye ressuscite la rénovation de l’avion présidentiel et l’indemnisation de la famille de Me Sèye



 
 
Le débat sur la rénovation de l’avion présidentiel et l’indemnisation de la famille de Me Sèye a été revisité par l’ancien président du groupe parlementaire du Pds, Babacar Gaye, lors d’un atelier du Forum civil sur la pratique parlementaire et la redevabilité, entre autres thématiques. Et, c’est pour dégager en touche les allégations de Latif Coulibaly dans son livre «Wade, un opposant au pouvoir, l’alternance piégée».
 
 
 
Le Forum civil a organisé ce weekend une session de renforcement de capacité des journalistes sur des thématiques relatives à la redevabilité et la pratique de l’enquête parlementaire, à la mise en œuvre du budget-programme, aux fonds dans le secteur extractif, au système fiscal au Sénégal et aux marchés publics. S’agissant de la redevabilité et de la pratique parlementaire, Babacar Gaye est revenu sur la commission d’enquête parlementaire initiée le 19 août 2003, sur la rénovation de l’avion présidentiel qui aurait coûté moins que les 18 milliards annoncés et le versement d’une compensation financière de 600 millions de francs à la famille de feu Me Babacar Sèye, deux affaires relatées dans le livre de l’ancien journaliste Abdou Latif Coulibaly, «Wade, un opposant au pouvoir – L’Alternance piégée ?». D’emblée, Babacar Gaye rappelle que la commission d’enquête a été sollicitée par des députés de l’opposition d’alors, en l'occurrence Khalifa Sall, Pape Babacar Mbaye, entre autres, pour disent-ils faire la lumière suite aux écrits de Latif Coulibaly. Poursuivant, il est revenu sur les différentes étapes de la mise en place de ladite commission ainsi que les auditions des personnes concernées. Et, il n’a pas manqué de fustiger le refus de l’auteur de l’ouvrage devant la commission d’enquête. Nous avons voulu, dit-il, le faire venir manu militari pour le confondre, malheureusement, cette obligation de répondre n’est pas prévue par les textes.
Dans d’autres pays, par contre, comme le Québec ou la France, ajoute M. Gaye, la commission aurait demandé aux forces de l’ordre d’aller le prendre. Ce qui lui fait dire que les moyens d’action de la commission doivent être renforcés. «Si on a des informations qui intéressent la nation, même le secret professionnel ne devrait pas faire obstacle», préconise le président Babacar Gaye.
Revenant sur les faits, il a dégagé en touche les malversations alléguées par Latif Coulibaly dans son ouvrage. En effet, il rappelle que le Premier ministre d’alors Moustapha Niasse et plusieurs ministres avaient opté pour l’achat d’un appareil neuf. L’ancien Président Wade avait décidé de rénover l’avion présidentiel à 18 milliards. Les opérations de rénovation concernaient outre le remplacement des moteurs 1 et 3 et la modification du moteur 2 par la société Bf Goodrich, mais aussi d’autres travaux dont le rééquilibrage du poids de l’avion, le changement des ailes par des winglets, l’aménagement de la cabine, etc. En tout, cette rénovation a coûté 17,5 milliards, dont 10,4 milliards de l’Etat du Sénégal, 5 milliards de la Chine et 1 milliard de l’Arabie Saoudite.
 
 
 
La famille de Me BabacarSèye indemnisée à hauteur de 200 millions
 
 
 
En outre, contrairement au montant de 600 millions annoncés dans le livre, l’ancien président du groupe parlementaire du Pds rapporte que le montant de l’indemnisation était de 200 millions. Mieux, il rappelle que la demande d’indemnisation venait de la famille de l’ancien vice-président du Conseil constitutionnel. «J’étais sceptique des réelles motivations de la famille de Me Sèye, parce que la piste Pds et l’entourage du Président Wade étaient indexés. J’aurais été gêné si cette indemnisation procédait de Wade, mais ça venait de la famille», précise Babacar Gaye. Pour lui, Abdoulatif Coulibaly devait être sanctionné.
Sur la redevabilité parlementaire, la convocation de Karim Wade par l’ancien président de l’Assemblée nationale Macky Sall a été abordée par Babacar Gaye. Pour Doudou Wade, c’est une audition qui n’avait pas respecté le règlement intérieur. A l’en croire, l’ancien président Wade avait même écrit une lettre à Macky Sall pour lui signifier qu’il a enfreint sa propre réglementation.
 
 
 
M. CISS
LES ECHOS

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