LA DOMESTIQUE VOLE LES BIJOUX EN OR DE SA PATRONNE, DES SACS DE MARQUE ET DES TISSUS D’UN MONTANT DE PLUS DE 5 MILLIONS: Sa grossesse presque à terme, Awa Sarr trainée au tribunal



Awa Sarr, une dame mariée, risque d’accoucher en prison. Elle a été trainée à la barre par sa patronne, Sokhna Macodou Dieng, cadre de banque, pour vol de bijoux en or, de sacs de marque et de tissus estimés à plus de 5 millions F. Face au tribunal d’instance des flagrants délits de Dakar où elle a comparu hier, elle a nié les faits, malgré que quelques biens incriminés aient été retrouvés chez elle par la police. Le procureur a requis 2 ans de prison dont 6 mois ferme.
 
 
Avec la peine ferme de 6 mois requise par le procureur, pour vol à l’occasion du service, la dame mariée Awa Sarr, mère d’un bout de bois de Dieu, risque d’accoucher en prison, si le tribunal suit le maitre des poursuites. Sur les faits, il a résulté des débats que la prévenue travaillait comme domestique chez la plaignante, Sokhna Macodou Dieng, résidant à Hann Marinas et cadre de banque, qui lui payait mensuellement 50.000 F. Elle accuse sa bonne Awa Sarr d’avoir subtilisé ses bijoux en or, ses tissus et ses sacs de marque, d’une valeur totale de plus de 5 millions F. Et pourtant, dans la maison, exceptée Awa Sarr, il y a une autre domestique, un gardien ainsi que l’enfant de 12 ans de la plaignante, en plus de son mari qui vient souvent à la maison lorsqu’il n’est pas chez son autre épouse. Cependant, les soupçons de Sokhna Macodou Dieng étaient orientés vers Awa Sarr.
Et elle avait raison, car, après qu’elle a porté plainte au niveau de la section de recherches, un boubou en wax, un sac de couleur noire, de marque Lancel et un autre de couleur marron lui appartenant ont été retrouvés, lors de la perquisition des agents, à Rufisque, chez l’inculpée.
 
 
Awa Sarr nie
 
 
N’empêche, âgée de 25 ans, la native de Tivaouane Awa Sarr a catégoriquement nié les faits qui lui sont reprochés. «Pour le ménage, je ne suis pas chargée de faire sa chambre. C'est l'autre domestique qui la range. Et c'est elle qui nous ouvre la porte à  chaque fois que nous devons faire le lit pour son mari qui devait se coucher ou lui dresser la table, quand il venait se sustenter», a-t-elle balayé d’un revers de main.
Et pourtant, lorsque les scellés des biens incriminés, dont les 2 sacs et le wax multicolore, déposés sur la table du juge, lui ont été montrés, elle a bel et bien reconnu que les policiers les ont retrouvés chez elle. Et pour se justifier, elle a argué : «j'ai acheté le tissu de wax au marché Hlm chez les tabliers, à l'approche de la Tabaski. Et les sacs aussi, je les ai achetés là-bas à 15.000 chez les vendeurs ambulants», a-t-elle prétexté.
 
 
Sokhna Macodou Dieng se présente à la barre «classe»
 
Avec une dépigmentation qui lui va bien, tout de bleu vêtue, la plaignante, taille moyenne, était bien bardée en bijoux. En plus, l’odeur de l’encens qui se dégageait de ses habits attirait l’attention. Se tenant à côté de son employée, la cadre de banque Sokhna Macodou Dieng, brandissant les duplicatas des factures des sacs qui lui ont été faits par le responsable des magasins de Sea Plaza, de renchérir : «c’est elle qui nettoyait ma chambre. Elle a volé mon bracelet en or d'une valeur de 1.900.000 F, une montre en or, un sac noir de marque Lancel qui m’a couté de 650.000 F. Je les reconnais, ces biens-là déposés sur votre table m’appartiennent. Je mettais les bijoux dans l'armoire et parfois la clé pendait sur la porte», a-t-elle narré.
 
 
Le procureur : «J’ai voulu requérir 1 an ferme. Mais, à  cause du bébé, je sollicite 2 ans dont 6 mois ferme»
 
 
Pour le compte de cette dernière, Me El Hadji Mansour Diongue a réclamé 5.850. 000 F à titre de dommages et intérêts. Très en colère, le procureur Aliou Dia de soutenir. «Je me vois mal de vouloir rejeter les preuves qui ont été apportées par la victime. Pour moi, c'est elle qui est à l'origine de tous ces vols, même si les bijoux n'ont pas été trouvés chez elle. On viendra vous dire quelle est enceinte. Les gens sont fatigués des vols commis par les domestiques, y compris moi. Ils sont toujours obligés de mettre des caméras dans leur chambre conjugale pour épier les bonnes. J’ai voulu requérir 1 an ferme. Mais, à  cause du bébé, je sollicite 2 ans dont 6 mois ferme», a fulminé la maitre des poursuites. 
 
 
 
Me Mouhamadou Moustapha Dieng de la défense : «Laissez la accoucher chez elle»
 
 
Prenant son contrepied, Me Mouhamadou Moustapha Dieng de la défense, qui a demandé la relaxe pure à titre principal et subsidiairement la relaxe au bénéfice du doute, de pester: «Je la défends parce que les conditions de la femme domestique au Sénégal sont difficiles. Ça aurait été plus équitable de lui payer 100.000 F au lieu de 50.000. Elle a voulu éviter l’opprobre et c'est pour cela qu'elle ne s'est pas versée dans la prostitution ou autre. Mais c'est fait et son mari est dans la salle. Elle est mariée et elle est chassée de chez elle avant qu'elle ne parte avec son mari. En plus elle est au terme de sa grossesse. Laissez la accoucher chez elle», a quémandé Me Dieng. Elle sera fixée sur son sort le 5 septembre prochain.
Fatou D. DIONE 
 

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