L’HISTOIRE DU SENEGAL EN SOUFFRANCE FAUTE D'ARGENT-INAUGURATION DE STADES: Les rédacteurs en appellent au président de la République pour l'édition, des internautes invitent l’État à la priorisation des investissements



 
 
 
En décidant, en 2013, de procéder à la réécriture de l’Histoire générale du Sénégal, l’Etat du Sénégal devait s’assurer que tous les moyens étaient disponibles pour ce projet gigantesque. Pourtant, si l’on en croit le droit de l’hommiste Alioune Tine, trois volumes déjà prêts sont en souffrance, faute d’argent. Ce, au moment où on inaugure des stades.
 
 
 
 
«Nul n’a le droit d’effacer une page de l’Histoire d’un peuple, car un peuple sans Histoire est un monde sans âme». Cette formule chère à notre confrère de Rfi, Alain Foka, est connue. On comprend dès lors que l’Histoire a toujours été et reste un enjeu stratégique pour garder ses repères dans un monde en perpétuelle mutation. C’est sans doute ce qu’a compris le gouvernement du Sénégal qui a entrepris depuis 2013 la «réécriture» de «l’Histoire générale du Sénégal, des origines à nos jours».
Mais l’engagement et la volonté politique affichés par les autorités semblent s’effriter au fil du temps. S’il en est ainsi, c’est parce que l’équipe du Pr Iba Der Thiam cherche les moyens pour achever son travail. Et certains semblent ne pas comprendre qu’au même moment on verse des dizaines de milliards dans des infrastructures sportives. Parmi les «dénonciateurs», le militant des droits de l’homme Alioune Tine.
Dans un post aux allures d’un cri de cœur, le Directeur régional d'Amnesty international pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre assure que les choses ne bougent pas en ce qui concerne ce travail confié par le président de la République à l’historien Iba Der Thiam. «J’ai pu avoir copie de l'excellent rapport sur la rédaction de l'Histoire générale du Sénégal qui réunit la crème des professeurs d'histoire du Sénégal. Trois volumes sont prêts et en souffrance, faute d'argent. Les rédacteurs en appellent au président de la République pour l'édition», a plaidé Alioune Tine, dans un tweet accompagné par une photo de la couverture du rapport.
 
 
Alioune Tine : «le sport est très important, mais ce pays a besoin de revaloriser le savoir»
 
 
 
Un peu plus tôt dans la journée, il commentait un autre tweet sur le processus de sélection des investissements publics. L’auteur du post note que «[…] très rigoureuse sous Senghor avec un Comité domicilié à la Primature», cette sélection a été tuée sous Wade. «Depuis lors, on peut dépenser des centaines de milliards pour les loisirs au détriment des priorités», fustige-t-il, faisant allusion au complexe sportif Dakar Aréna.
Et comme s’il n’attendait que ça, Alioune Tine a aussitôt réagi, disant que même si les sports sont importants, le pays doit s’atteler à donner plus d’importance au savoir. «Aujourd'hui, les rédacteurs de l'Histoire générale du Sénégal dirigés par le Professeur Iba Der Thiam ont déjà bouclé trois tomes en souffrance faute d'argent pour les éditer. Le sport est très important, la lutte comme le foot, mais ce pays a besoin de revaloriser le savoir», a commenté Alioune Tine. 
Il faut préciser que le projet gigantesque, qui mobilise 700 membres de la communauté intellectuelle et universitaire, ambitionne de revisiter 350.000 ans d’histoire pour produire une Histoire du Sénégal authentique. Par conséquent, il s’agit d’un projet qui demande beaucoup de moyens, mais qui, comme le laisse entendre le chef de projet, en vaut le coût. «La maîtrise des enjeux d’une telle entreprise se justifie par la nécessité de doter notre peuple d’un outil lui permettant d’affirmer sa personnalité dans un espace de plus en plus mondialisé», avait expliqué, en mai 2016, l’ancien ministre de l’Education.
Le Pr Iba Der Thiam avait également expliqué que la démarche, c’est de ne laisser «aucune dimension de la longue saga historique que le Sénégal et les peuples de la Sénégambie construisent depuis la préhistoire… Les premiers des 25 volumes qui composeront cette ‘’Histoire du Sénégal’’ devront paraître avant la fin de l’année», avait-il alors annoncé. Mais depuis lors, toujours rien. Aujourd’hui on comprend pourquoi…
 
Sidy Djimby NDAO
 

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