L'AUTOPSIE REVELE UNE MORT PAS NATURELLE DE L’ANCIEN MINISTRE DES FINANCES : Le procureur annule la levée du corps, un deuil sans fin pour la famille du défunt




 
 
Moustapha Bâ ne mérite certainement pas ce qui lui arrive. Son décès brutal en France avait ému tous ceux qui le connaissaient, mais voilà que son inhumation est l’objet de polémiques. En effet, alors qu’on s’y attendait le moins, avant même l’arrivée du corps à Dakar, le procureur de la République a informé qu’une autopsie allait être faite sur les circonstances de son décès. L’autopsie réalisée contre la volonté de la famille, le procureur revient hier à la charge pour informer que la mort n’est pas naturelle. Conséquence : l’inhumation est repoussée à une date indéterminée. Certes les zones d'ombre doivent être éclairées, mais c’est une épreuve difficile infligée à la famille qui, en plus de porter son deuil prolongé, doit faire face à des suspicions sur les circonstances de cette mort.
 
 
 
La cérémonie de levée du corps de l’ancien ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, prévue hier à l’Hôpital militaire de Ouakam, n’a finalement pas eu lieu. Une décision de dernière minute prise par le procureur de la République qui relève une mort suspecte de l’ancien ministre. «Les résultats de l’autopsie ordonnée tendant à déterminer les causes du décès du ministre Mamadou Moustapha Ba ont révélé plusieurs éléments qui sont de nature à attester que la mort n’est pas naturelle», annonce le procureur dans un communiqué, avant de poursuivre : «pour les besoins des investigations qui nécessitent des actes d’enquête complémentaires, les formalités liées à la procédure de levée du corps et d’inhumation sont renvoyées à une date ultérieure», fait-il remarquer.
En fait, dès la veille, à l’arrivée de la dépouille, le procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance Hors Classe de Dakar avait annoncé une enquête pour rechercher les causes de la mort de l’ancien ministre survenue en France. «Les renseignements reçus sur les circonstances du décès comportent des éléments qui justifient que des diligences soient menées en vue de déterminer les causes de la mort. Conformément aux dispositions de l’article 66 du code de procédure pénale, une enquête pour rechercher les causes de la mort a été ouverte et à cet effet, une autopsie a été ordonnée», avait écrit le procureur de la République.
Dans tous les cas, c’est à la surprise générale que parents, amis, parlementaires de la XIVe législature et collaborateurs au ministère des Finances ont appris la nouvelle ; contraints ainsi de rebrousser chemin après avoir fait le déplacement à l’Hôpital militaire de Ouakam pour rendre un dernier hommage à cet illustre fils du Sénégal. Ils devront cependant prendre leur mal en patience suite à cette décision du procureur de la République. Pendant ce temps, la famille continue de porter son deuil dans cette épreuve difficile. En plus de supporter le poids des suspicions sur les circonstances de la mort de l’ancien ministre. En tout état de cause, les zones d’ombre doivent être éclairées dans cette disparition inattendue afin de permettre à la famille de faire, enfin, son deuil. Même si l’ancien haut commis de l’Etat ne mérite pas ce coup du sort après tout ce qu’il a fait pour son pays.
 
M. CISS
 
 
 
 
 
DECISION DU PROCUREUR DE PROCEDER A L’AUTOPSIE DU CORPS DE MOUSTAPHA BA
Me El Hadj Diouf précise les dispositions de l’article 66 évoqué par le procureur 
 
 
 
Selon Me El Hadj Diouf, avocat de la famille de l’ancien ministre des Finances, nous ne sommes pas dans le cas d’un crime ou d’un délit de flagrance qui puisse justifier la présence du procureur de la République dans cette affaire pour ordonner une autopsie. 
 
 
 
L’avocat de la famille de l’ancien ministre des Finances et du Budget, Me El Hadj Diouf, n’est pas sur la même longueur d’onde que le procureur de la République qui évoque les dispositions de l’article 66 du code de procédure pénale pour ordonner une autopsie en vue de rechercher les causes de la mort de Mamadou Moustapha Ba. A en croire l’avocat, l’article cité parle de crime ou délit flagrant et nous ne sommes pas, dit-il, dans ces cas de figure qui nécessitent l’ouverture d’une enquête. «En cas de découverte d’un cadavre, qu’il s’agisse ou non d’une mort violente, mais si la cause en est inconnue ou suspecte, l’officier de police judiciaire qui en est avisé informe immédiatement le procureur de la République, se transporte sans délai sur les lieux et procède aux premières constatations. Le procureur de la République se rend sur place s’il le juge nécessaire et se fait assister de personnes capables d’apprécier la nature des circonstances du décès. Il peut, toutefois, déléguer aux mêmes fins un officier de police judiciaire de son choix. Les personnes ainsi appelées prêtent, par écrit, serment de donner leur avis en leur honneur et conscience. Le procureur de la République peut aussi requérir des informations pour rechercher les causes de la mort», indique l’article 66 du Cpp lu par la robe noire. «Aucune plainte n’a été déposée à la suite du décès de Moustapha Ba et nous ne sommes pas dans le cas d’une découverte macabre. Je ne vois pas les raisons de la présence du procureur dans cette affaire», se désole de constater Me El Hadj Diouf. A l’en croire, tout ce qui importe la famille – qui vit une épreuve difficile après le décès de Moustapha Ba - c’est de disposer du corps du défunt dans les plus brefs délais et procéder à son inhumation conformément aux prescriptions de l’Islam.
 
M. CISS
 
 
LES ECHOS

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