Très attendu, Khalifa Sall n’a pas encore été interrogé, ni par le président, ni par les différentes parties. Mais, hier, le juge Malick Lamotte lui a permis de faire juste une déclaration qui a sonné comme un avant-goût de ce qui va suivre. Quand le Tribunal lui a donné la parole, c’est avec le cœur qu’il s’est exprimé, provoquant le soulagement, la joie de ses partisans, qui se sont lancés dans un salve d’applaudissements. «Je remercie d’abord le président. Je ne me connais pas en procédure, mais je sais pourquoi je suis là. Depuis 11 mois, le pays vit dans ces difficultés, à cause de la situation dans laquelle je suis. Le maire de la ville de Dakar est emprisonné. En ce moment où nous allons au fond, je vais vous expliquer, d’abord à vous et à l’opinion, les fondements de ma présence ici. Ce procès est un procès politique. Il découle de raisons politiques, fondamentalement. J’ai accepté de venir me défendre et défendre l’honneur de la municipalité et pour que jamais on n’ait à attraire un maire devant le Tribunal. En 1996, lorsque l’acte 2 de la décentralisation a été voté, c’était pour que les différents relais qui ont à intervenir ne puissent souffrir d’interférences. En 1996, nous avions décidé de consolider la démocratie, en faisant en sorte que les citoyens soient au cœur du développement. Jamais, nous n’avions pensé qu’un maire serait attrait ici pour des raisons politiques. Ce dont il s’agit, aujourd’hui, de juger, c’est des fonds politiques. Et nous n’avons commis aucune malversation, nous n’avons volé aucun sou. Nous n’avons touché a aucun dénier de l’Etat, nous avons décidé de rendre efficace la gestion de ce pays. ‘’Du nu jël’’ (il regarde le Procureur). Je ne suis pas quelqu’un qui prend, je n’ai jamais pris de ma vie. Je suis ici parce que j’ai dit non à une offre politique. On m’a proposé un marché que j’ai décliné. On a voulu me forcer à accepter en 2014 et ça n’a pas marché ; on a voulu me le faire payer. J’ai voulu intervenir tout à l’heure, lorsque vous avez appelé Mme Fatou Traoré, pour vous dire que l’objet de ce procès est de mener un combat contre un adversaire politique (il est interrompu par le procureur). Cette dame et ces messieurs (il se retourne vers ses co-prévenus) n’ont rien fait. Leur seul tort, c’est d’être mes collaborateurs. Libérez-les et jugez-moi seul ! J’assume tout ce que j’ai fait !»
Après cette déclaration, le juge Malick Lamotte lui a rétorqué : «le tribunal est saisi de faits et non de personnes». Selon lui, ils sont saisis pour juger 8 personnes et non une seule personne. «Le tribunal n’a aucune compétence pour juger un fait politique», a conclu le juge.
Fatou D.DIONE (Stagiaire)