Y’en a marre est amer. Le mouvement citoyen ne comprend pas que l’un des siens continue de séjourner en prison alors qu’il offre des garantie pour bénéficier d’une liberté provisoire. Et même si l’autre membre du mouvement, Simon, a pu bénéficier d’une liberté provisoire, pour Y en a marre, le fait de maintenir Kilifeu n’augure rien de bon quant à l’indépendance de la justice vis à vis de l’exécutif. Ainsi, afin de dénoncer ce qu'ils considèrent comme des immixtions de l'exécutif dans des dossiers judiciaires, le Mouvement Y’en a marre annonce une série de manifestations publiques «partout dans le pays» pour dire «halte à la manipulation de la justice sénégalaise».
Ceux qui avaient parié sur un relâchement de Y’en a marre après l’obtention d’une liberté provisoire par leur membre Simon Kouka vont déchanter. Y’en a marre ne compte pas lâcher prise avant que son autre membre Landing Mbissine Seck ne franchisse les portes de la prison dans laquelle il séjourne depuis le 15 septembre 2021. En effet, trois jours après la sortie de prison de Simon, Y’en a marre a fait face à la presse pour réclamer la libération du rappeur du groupe Keur Gui. Pour Aliou Sané et Cie, Kilifeu offre toutes les garanties pour pouvoir bénéficier d’une liberté provisoire.«Kilifeu est un citoyen sénégalais. Dans cette affaire, il a été entendu par le juge d’instruction et il s’avère qu’il remplit toutes les conditions pour bénéficier d’une mise en liberté provisoire, mais il reste en prison tout simplement parce que c’est Kilifeu, qui a son opinion, qui a ses combats, qui dénonce et c’est ça le problème. Kilifeu est devenu l’otage d’une justice revancharde qui est manipulée par le pouvoir politique pour le garder en détention, pour que ça serve d’exemple, vu les échéances vers lesquelles nous allons», a dénoncé le coordonnateur de Y’en a marre. Qui ajoute qu’il «est clair que Kilifeu est victime d'une justice aux ordres».
Pour Y’en a marre, le fond de ce problème c’est que Kilifeu et Simon ont été placés sous mandat de dépôt sur la base d’éléments sur lesquels s’est fondé le procureur de la République, à savoir des vidéos publiées sur internet, alors que ces éléments ont été collectés de manière illégale. «C’est ainsi que Kilifeua estimé avoir subi un tort. Avec ses avocats, il a décidé de déposer une plainte au niveau de la brigade de lutte contre la cybercriminalité pour que non seulement Thierno, qui est à la base de ces vidéos, la personne qui a pris ces vidéos dans le téléphone de Thierno pour les remettre au site d’informations Leral et le site Leral puissent répondre de leurs actes. Mais, depuis lors, rien n’est fait par la justice pour tirer cette affaire au clair», se désole Aliou Sané.
«De grandes manifestations sous le slogan ‘’Yoon a gi jeeng’’»
Mais déjà, les activistes, qui soupçonnent une justice à deux vitesses, annoncent une série de manifestations pour obtenir gain de cause. «Nous allons vers de grandes manifestations sous le slogan ‘’Yon na gui jeengu’’. Au-delà de Kilifeu, il s’agit de notre justice et de la problématique de notre justice», a ajouté Aliou Sané. Avant qu’une autre figure du mouvement, Thiat, ne hausse le ton à son tour. «Pour les séries de manifestations que nous comptons organiser, nous comptons faire de vastes mobilisations un peu partout dans le pays pour dire halte à la manipulation de la justice. Ce sera une série d'activités et nous sommes en train de travailler sur la conduite à tenir», a renseigné Thiat.
Sidy Djimby NDAO