Le président de la République a annoncé la convocation des premières Assises nationales des daaras qui va réunir les acteurs concernés pour réfléchir à une refonte en profondeur du système des daaras. Diomaye Faye a en outre déploré le phénomène de la mendicité forcée des enfants qui constitue, dit-il, une déviance qu’il faut corriger.
La troisième édition de la célébration de la Journée nationale des daaras a été présidée par le président de la République, hier, à Dakar Aréna. Un moment solennel pour le chef de l’Etat de mettre le curseur sur les daaras, cette institution qui constitue, dit-il, l’une des pierres angulaires de notre patrimoine spirituel, culturel et éducatif. «Cette journée traduit notre volonté collective de rendre hommage à ces établissements, qui ne sont pas seulement des lieux de transmission du savoir religieux, mais aussi des sanctuaires où se forge l’âme de notre nation. À travers les siècles, les daaras ont su, avec abnégation et humilité, former des générations d’hommes et de femmes à la fois enracinés dans les valeurs profondes de l’Islam et capables de contribuer activement au progrès de notre société», fait d’emblée remarquer le Président Faye.
La mendicité forcée, une déviance qu’il faut corriger
Poursuivant, le président Faye est d’avis qu’en «célébrant les daaras, nous honorons non seulement leur héritage historique, mais aussi leur rôle central dans notre vision éducative contemporaine. Plus encore, nous nous engageons solennellement à soutenir leur modernisation et leur intégration pleine et entière dans le système éducatif sénégalais, tout en préservant leur singularité et leur richesse intrinsèque», indique-t-il. Cependant, il n’a pas manqué de préciser qu’il serait injuste de faire l’impasse sur les défis qui ternissent parfois l’image des daaras et leur noble vocation. «Le phénomène de la mendicité forcée des enfants, hélas trop visible dans nos rues, constitue une déviance qu’il faut corriger par rapport à l’esprit originel des daaras. Ces pratiques, qui n’ont rien à voir avec l’essence même de ces institutions, doivent être revues», affirme le chef de l’Etat.
Convocation des premières Assises nationales des daaras
Pour se départir de cette image peu reluisante de la mendicité et se hisser à la hauteur des défis des daaras, le président de la République a répondu à une vieille doléance des acteurs de l’enseignement coranique : les assises des daaras. «Face aux défis et aux opportunités qu’offrent les daaras, il est urgent de concevoir une nouvelle approche, ambitieuse et inclusive, pour en assurer la pérennité et le rayonnement. C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui la convocation des premières Assises nationales des daaras. Ces assises, qui réuniront tous les acteurs concernés – éducateurs, décideurs politiques, familles religieuses, partenaires techniques et financiers –, auront pour mission de réfléchir à une refonte en profondeur du système des daaras», annonce Diomaye Faye sous les applaudissements du public. Il s’agira, dit-il, de repenser leur place dans le système éducatif national, afin de garantir une équité totale entre tous les enfants sénégalais, quelle que soit leur voie éducative ; de diversifier les contenus pédagogiques en introduisant des disciplines modernes, telles que les mathématiques, les sciences, les langues étrangères et les compétences techniques, pour préparer les jeunes à un monde en constante évolution ; et de créer un cadre institutionnel et financier stable pour soutenir les daaras, notamment à travers des partenariats public-privé et un appui accru de l’État.
Des daaras qui répondent aux exigences de notre époque
Selon le président de la République, cette réforme ne vise pas à dénaturer les daaras, mais à leur permettre de répondre aux exigences de notre époque tout en préservant leur âme et leur vocation première. Il en veut pour preuve les daaras modernes dans leur capacité à s’adapter et à exceller. «Les succès éclatants des ndongo daara (élèves coraniques) lors des compétitions internationales de mémorisation et de récitation du Saint Coran en sont une preuve éclatante. Les élèves issus des daaras qui poursuivent des études classiques dans nos universités et établissements d’enseignement supérieur illustrent la complémentarité qui peut exister entre tradition et modernité. Ces réussites individuelles, souvent méconnues, nous rappellent le potentiel immense des daaras et la nécessité de leur offrir un cadre optimal d’épanouissement», indique le chef de l’Etat.
Faire des daaras un modèle d’excellence éducative et de cohésion nationale
En effet, Diomaye est persuadé que la préservation et la valorisation des daara sont plus qu’une obligation morale. «Elles sont un acte de foi envers notre identité et notre avenir. Ces institutions, bien plus que des écoles, sont des lieux où se transmettent les valeurs de solidarité, de respect mutuel et de justice, qui forment le socle de notre société. Je vous invite à œuvrer pour faire des daaras un modèle d’excellence éducative et de cohésion nationale. C’est ensemble que nous réussirons à bâtir un Sénégal où chaque enfant, quelles que soient ses origines ou ses croyances, pourra s’instruire et s’élever dans la dignité», renchérit le président de la République.
M. CISS