JONCTION AGITEE ENTRE ME WADE ET OUSMANE SONKO: Epouvantail pour Macky Sall ou réelle option électorale



 
Les manœuvres entre Me Wade et Ousmane Sonko ne doivent pas laisser le Président Macky Sall indifférent, tant la jonction entre le leader du Pastef-Les patriotes et l’appareil du Parti démocratique sénégalais pourrait modifier profondément la donne de la présidentielle prochaine. Aussi, en attendant la suite de la prise de contact entre le pape du Sopi et celui qui est né en même temps que le Pds, essayons d’en camper les enjeux.
 
La jonction envisagée entre Ousmane Sonko de Pastef et Me Abdoulaye Wade, est un gros épouvantail agité dans la cour de la majorité au pouvoir et de son candidat, le Président Macky Sall. Sa concrétisation, par le déplacement prévu de l’ancien inspecteur des impôts à Dubaï, pour rencontrer le pape du Sopi, pourrait déboucher sur une alliance formelle, capable de constituer la locomotive d’une opposition présentement en mal de repères, mais aussi apte à conduire plus sûrement au second tour le Président sortant. Or, les choses ne sont pas si simples. Car, le Président Wade, dont l’idée fixe est de faire valider la candidature de son fils Karim Wade, en prenant langue avec Ousmane Sonko, s’adresse indirectement à Macky Sall, à qui il semble dire : «tu as intérêt à laisser passer la candidature de Karim, sinon l’appareil du Pds ajouté à l’aura et la popularité dont jouit Sonko te feraient très mal».
 
 
L’aura et la popularité de Sonko plus l’appareil du Pds
 
 
Aussi, en recevant Ousmane Sonko et en le plaçant dans son giron, le très politique Abdoulaye Wade, que le Khalife des Tidianes veut envoyer à la retraite, soit dit en passant, œuvrerait à contrôler de fait le leader des Patriotes. Pour autant, ce dernier devrait bien regarder où il met les pieds. Déjà que d’aucuns lui reprochent une certaine incohérence dans sa volonté de mettre le couvert avec le patron du Pds, alors qu’il le clouait naguère au pilori des fossoyeurs de l’économie du Sénégal, à l’instar de tous ceux qui ont géré ce pays depuis l’indépendance, de Senghor à Macky Sall. La vague de sympathie sur laquelle surfe le leader de Pastef, dans les réseaux sociaux et en dehors, pourrait aussi pâtir de ces accointances avec le pape du Sopi, dont la fin de règne n’a pas laissé de gais souvenirs dans l’imaginaire des Sénégalais. Pour dire que Ousmane Sonko joue vraiment gros dans ce mano a mano quelque peu dangereux avec le Pds et son chef.
 
 
Karim toujours dans les basques de son père
 
 
Or, c’est bien la realpolitik qui réunit, dans une option du tout saut Macky Sall, ces deux personnalités de l’opposition aux parcours assez éloignés. Le leader du Pastef, relativement jeune, est né en 1974, année où le pape du Sopi portait sur les fonts baptismaux le Parti démocratique sénégalais. Or, le candidat du Pds, Karim Wade, en plus de voir sa participation à la présidentielle hypothéquée par sa non inscription sur les listes électorales, reste encore dans les basques de son père, ce qui oblige ce dernier à se mettre en première ligne. Et comme Me Wade reste la seule constante du Pds, toute alliance avec d’autres franges de l’opposition se fera sous son égide.
 
 
Une loi d’amnistie pour faire éclater la bulle
 
Toutefois, ce rapprochement entre le Pds et Pastef ne doit pas être vu d’un bon œil par le Président Macky Sall. Car, comme dit plus haut, une jonction entre Sonko et l’appareil du parti libéral, dans le cas où la candidature de Karim Wade est définitivement rejetée, serait lourd de conséquences pour la majorité et son candidat. Aussi, le Président Sall devrait chercher à faire échec à ce rapprochement, en œuvrant à émietter au maximum les forces de son opposition. La meilleure parade, pour le locataire du palais, serait de faire le jeu du stratège Wade, dont le vœu le plus cher est de voir son fils participer à la présidentielle et ainsi préserver son héritage. Et dans ce jeu d’échecs, le Président Sall pourrait lâcher du lest, par exemple, en amnistiant Wade-fils, ce qui serait pour lui un élément de bilan considérable, en plus d’apaiser le climat politique.
 
 
Mansour KANE

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