JOHANNA HOUDROUGE-KARRIT: Un trait d’union entre Monaco et le Sénégal



 
Née au Sénégal, Johanna Houdrouge a grandi à Monaco où elle vit toujours aujourd’hui. Elle y travaille aux côtés de son père Adnan Houdrouge, au sein de Mercure International. Très impliquée dans le développement de l’Afrique, son continent d’origine et de cœur, elle multiplie les actions en sa faveur. Elle se pose ainsi en digne porte-parole du Sénégal à l’étranger et s’attache en retour à représenter Monaco au Sénégal. Portrait d’une femme de valeurs, amoureuse de notre pays et de l’Afrique en général…
 
En octobre 2017, c’est ici, à Dakar, qu’elle a organisé la mission CEMA (Club des Entrepreneurs Monégasques en Afrique dont elle est un des administrateurs-fondateurs)
Créé en 2014, ce club réunit, chaque année, depuis 2015, des entrepreneurs monégasques et des chefs d’entreprise africains. L’occasion leur est alors donnée de confronter leurs expériences, d’échanger des informations, de partager leur savoir-faire et, bien entendu, de construire de nouveaux projets commerciaux ensemble. Un brassage culturel original et enrichissant.
 Plus récemment, la jeune femme, très active, participe via Skype à une table ronde sur les opportunités du marché sénégalais organisée à Beyrouth.
L’investissement en Afrique… Une thématique qu’elle a à nouveau l’occasion d’aborder lors de la conférence «Women in Business» en marge du Boat Show de Monaco en septembre dernier.
Elle, qui a décroché son diplôme d’avocate à 24 ans et qui a exercé cette profession 7 années durant avant de se mettre au service de l’entreprise familiale, s’est exprimée sur le droit des affaires dans les territoires africains. Un sujet qu’elle maîtrise et qu’elle affectionne tout particulièrement : «Je trouve que le droit de l’Ohada est incroyable. Réussir à unifier et codifier le droit des affaires dans 17 pays différents, qui abritent au total 120 millions d’habitants, constitue un véritable défi, un exercice nécessaire pour inciter les investisseurs à se tourner vers ce continent», avant d’ajouter : «J’ai toujours coutume de dire que l’Afrique a réussi là où l’Europe a échoué et n’a jamais pu, malgré de nombreuses tentatives, adopter un code européen des contrats. Car force est de constater que les Etats ont toujours du mal à abandonner leur souveraineté, même dans un but commun plus grand, en l’occurrence les échanges intra-communautaires et la sécurité juridique et judiciaire pour les investisseurs étrangers. Je regrette simplement que l’application de ce droit soit souvent compliqué, même s’il est primordial de saluer l’œuvre».   
Mercure International, société d’import-export, constructeur et opérateur de centres commerciaux, contribue activement à la mondialisation de l’Afrique en implantant de nombreuses enseignes dans les domaines du sport, de la mode et de l’alimentaire. Des magasins comme City Sport, Aldo, Célio, Kiabi, I Am, Adidas, L’Occitane en Provence, Casino Supermarché et Utile se développent majoritairement en Afrique de l’Ouest, répondant aux besoins des consommateurs. Les 250 points de vente animés par Mercure International proposent le meilleur des grandes marques internationales. En termes d’adresse mais aussi de dispositif de promotion produit, les magasins n’ont rien à envier à leurs homologues européens. «Nous avons même, à notre niveau, apporté le monde de la culture dans nos pays en implantant en Afrique la franchise Fnac. C’est symbolique pour moi : l’Afrique a un potentiel énorme et nous gagnerons tous à nous tourner vers l’éducation des jeunes populations africaines pour construire notre Afrique de demain».
Hyper active, Johanna vient de dévoiler un concept d’espaces de jeu pour enfant, N’Kids, un nom en clin d’œil à ses fils Nael et Nolan. Le premier du genre devrait ouvrir ses portes en décembre prochain à Dakar dans le centre commercial flambant neuf Sahm. «Je rêvais d’un monde enfantin et onirique, une bulle de bonheur où s’épanouiraient les enfants pendant que les parents s’adonneraient en toute sérénité à leur shopping». Le logo de l’enseigne N’Kids est d’ailleurs un hommage au Sénégal. «Comme à notre habitude nous travaillons systématiquement avec les Sénégalais, à l’instar de cet artiste à qui j’ai confié la réalisation de la fresque murale».
 
Un fort engagement associatif
 
De son père Adnan, Johanna Houdrouge a hérité un certain nombre de valeurs dont la solidarité entre les hommes et la quête perpétuelle de l’équité. Elle est, par conséquent, très investie dans le milieu associatif et apporte son soutien à bien des projets. Elle fait partie de l’association des Femmes Leaders de Monaco et de l’Association des Femmes Chef d’Entreprise de Monaco (AFCEM), particulièrement présente au Sénégal en faveur de la formation féminine. Elle a participé également à des événements éducatifs et scolaires sur le territoire (la création d’un cyber service pour initier les jeunes Sénégalais au numérique, un concours d’écriture pour les enfants sur le thème de l’égalité homme-femme dans une école à Yoff, la participation à jury pour l’attribution d’un prix d’entreprenariat féminin pour les jeunes femmes, chefs d’entreprises sénégalaises…).
 Johanna Houdrouge s’engage régulièrement avec sa mère Véronique et sa sœur Jennifer auprès de l’association qu’elles ont créée : Children of Africa. L’histoire démarre, il y a 6 ans, lorsqu’elles font la connaissance de Julieth : la jeune Africaine s’occupe alors de 13 enfants, sans parents pour la plupart. Ils vivent avec les moyens du bord, en zone inondable, composant avec la promiscuité et un logement des plus rudimentaires. La fréquentation de l’école est alors un luxe. Mère et filles répètent alors les voyages humanitaires à l’orphelinat avant de créer, en 2015, leur association monégasque Children of Africa Mc, de pourvoir celle-ci d’un dispositif de dons et d’en faire la promotion à Monaco, de quoi ouvrir de nouvelles perspectives aux enfants… «Notre souhait est de nous focaliser sur les écoles sénégalaises et d’aider, d’une manière ou d’une autre, à améliorer le quotidien des enfants et de pourvoir à leur éducation. Près de 70% de la population de l’Afrique de l’Ouest a moins de 25 ans : c’est donc un impératif absolu pour cette jeunesse,  qui a entre ses mains l’avenir du continent, d’avoir accès à l’éducation», conclut Johanna.  L’humain est justement au cœur des préoccupations familiales. Le père, entrepreneur visionnaire, avait jadis doté les enfants des quartiers inondés de Dakar de vêtements et équipements de l’enseigne City Sport. «Rendre à l’Afrique ce qu’elle nous a donné…», les Houdrouge semblent avoir fait de l’adage une religion. 
 
 
 
 

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