Interdiction du port du voile à sainte Jeanne d'arc: le khalife des tidianes sort de ses gondes, l'Etat menace



Les autorités de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc doivent prier et remercier le Seigneur que ce ne soit pas Serigne Mbaye Sy, le Khalife général des Tidianes, qui soit amené à trancher la question. Si ça ne dépendait que de ce dernier, il y a de cela longtemps que l’école serait fermée. Pour Serigne Mbaye Sy Mansour, qui s’invite à ce débat, les autorités de cette école (Sainte Jeanne d’Arc) ne respectent pas le Sénégal ; elles n’ont aucune considération. Le marabout, qui se demande comment nos autorités ont pu tolérer cette situation, dit que les parlementaires devraient débattre de cette affaire et, s’il le faut, aller même vers la fermeture de l’établissement. «Ceux qui interdisent le voile dans leur école, ils portent pourtant leur croix et vont partout. Pourquoi on ne le leur refuse pas. Mais tout le monde se tait, jusqu'à l'Assemblée.  Personne ne dit rien ! Qu'est-ce qui se passe ? les députés doivent en parler. C'est de leur responsabilité», tonne Serigne Mbaye Sy Mansour devant Abdoulaye Makhtar Diop.
 
 
«Si vous êtes là pour le peuple, fermez ces établissements. Refusez qu’il y ait des lois dans des lois qui existent déjà dans ce pays»
 
 
Et comme pour dire que ce problème ne doit pas être pris à la légère, le guide religieux de dire que nous devons faire attention à tout banaliser. «L'affaire de la pharmacie Guigon a été banalisée et on a laissé passer. Maintenant, c'est un problème dans une école qui se répercute sur toute la population. Quelle est la réaction de l’Assemblée nationale sur le sujet ? qu’est-ce que l’Assemblée nationale a fait ? Vous devez en parler. C’est de votre responsabilité ! C’est quoi la laïcité ? N'y a-t-il pas de laïcité au Sénégal ? cette écolen’a pas de considération pour le Sénégal. C’est dans ce pays qu’ils enseignent et ce sont les fils de ce pays qu’ils enseignent.Si c’est pour la religion qu’ils font tout ce bruit, ils ne doivent pad perdre de vue la communauté. Actuellement, le peuple dort et s’il se réveille, ça ne donnera rien de bon. Exiger leur que la laïcité soit appliquée.Si vous êtes là pour le peuple, fermez ces établissements. Refusez qu’il y ait des lois dans des lois qui existent déjà dans ce pays».
MM
 

 
Il n’y a pas eu d’accord lundi dernier, entre le ministre de l’Éducation nationale et la direction de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar. L’établissement, qui refuse toujours d’accepter le port du voile, a suscité la colère des autorités étatiques, qui ont menacé de fermer les portes ou de placer l’établissement sous administration. Une rencontre de la dernière chance est prévue aujourd’hui dans l’après-midi.
 
L’affaire du port du voile à l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar est loin de connaître son épilogue. Le bras de fer qui prévaut entre cet établissement privé catholique et l’Etat du Sénégal ne présente aucune perspective de solution à l’horizon. Pourtant, lundi dernier, les deux parties se sont rencontrées. Le ministre de l’Éducation nationale ainsi que le préfet de Dakar ont rencontré la direction de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar (Isja), sans qu’aucune solution ne soit trouvée. Autrement dit, chacun est resté campé sur sa position. La direction, déterminée à faire respecter le règlement intérieur, n’a pas voulu céder face à la pression des autorités étatiques, qui ont finalement menacé de prendre leur «responsabilité». En fait, l’Etat du Sénégal a menacé de fermer l’établissement ou de le placer sous régime d’administration provisoire, si toutefois l’institution persistait dans sa position. De son côté, la direction de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar n’a pas semblé être ébranlée et a demandé aux autorités de conseiller plutôt aux 26 familles concernées, soit 2% des effectifs, d’aller voir ailleurs. Car, aux Maristes, semble-t-il, des places leur avaient été réservées. 
En fait, cette affaire du port du voile concerne 26 élèves, dont 23 Libanaises et 3 Sénégalaises de souche, sur un total de 1740 élèves. La direction a fait savoir aux autorités qu’il ne s’agit nullement d’une affaire inter-religieuse. Il s’agit d’un règlement intérieur auquel tout le monde doit se conformer. Pourquoi, dans le cadre d’une discussion, la concession ne doit émaner que d’un seul côté ? pourquoi l’Etat ne peut pas demander aux 26 familles d’aller inscrire ailleurs leurs enfants ? s’est étonnée la direction de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc, qui dit rester sur sa position quoi qu’il puisse arriver. 
 
 
 
Rencontre de la dernière chance aujourd’hui
 
 
En fait, l’Institution Sainte Jeanne d’Arc est sous l’autorité de la Congrégation des sœurs de Saint Joseph de Cluny. Les sœurs et la direction ont établi un règlement intérieur que la direction ne compte pas violer. A la suite d’une longue discussion avec les autorités étatiques, les parties qui n’ont pas trouvé de consensus se sont donné rendez-vous cet après-midi, pour une rencontre de la dernière chance. 
 
Alassane DRAME   
 
 

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