L’affaire George Floyd a failli se reproduire, récemment en Italie, avec un de nos compatriotes. En effet, soupçonnant le Sénégalais de vendre de la drogue, un policier, avec l’aide de ses collègues, l’a traîné sur plusieurs mètres avant de le battre violemment. Aucune réaction de la part de notre compatriote. Le policier sera arrêté et présenté au procureur. Sa carrière risque d’être compromise.
N’eût été la présence d’un étudiant italien qui passait sur les lieux au moment des faits, le pire allait arriver. En effet, sur les images retransmises par une caméra de surveillance, on voit un policier qui arrête un Sénégalais de 45 ans qui vient de vendre deux doses d'héroïne à un jeune homme. Tout de suite, l’agent envoie deux coups de poing en plein visage à notre compatriote. Avec l'aide de deux autres collègues, ils le traînent dans la cour du supermarché Borello. Le policier met des gants noirs et donne trois autres coups droits sur les mâchoires. Il continue encore avec des coups et malgré tout, le Sénégalais ne se rebelle toujours pas.
«J’étais stressé par le travail, j'ai fait une erreur»
Un jeune étudiant qui passait par là est témoin de la scène. Interrogé lors de l’enquête, il raconte les faits : «ils l'ont frappé plusieurs fois, mais il était quand même calme et n'a pas réagi».
Et même après els faits, le trafiquant de drogue a continué à garder le silence. Même lors de l'audience de validation devant le juge qui l’acondamné pour trafic de drogue, notre compatriote est silencieux. Les policiers avaient trouvé sur lui 315 euros et 700 grammes d'héroïne.
«Je m'excuse», dira le policier accusé au procureur. Avant de poursuivre : «j'étais stressé par le travail, j'ai fait une erreur». Sa carrière au sein de l'équipe Mobile est susceptible de partir en fumée. Son avocat Saverio Ventura a déclaré : «il s'agissait d'un fait isolé dans une activité d'enquête de haut niveau qui a duré des décennies. Nous demanderons au juge la probation ou encore un outil adapté pour définir cette affaire».
«C'est comme ça que ça marche en Italie»
Ce n'est que lorsque le Sénégalais, convoqué au parquet par le procureur Francesco Pelosi, a trouvé les images diffusées sur le moniteur du magistrat qu'il a décidé de parler. «Quand ils m'ont arrêté, celui qui a donné les coups de poing m'a dit : ‘’tu es un salaud’’. J'ai répondu que je n'avais pas d'autres substances, j'ai essayé de lui demander d'arrêter. Reed, l'un des agents, lui a dit d'arrêter. Une femme a dit ‘’laissez-le’’, mais on lui a dit de partir. Je n'ai pas réagi, car je pensais que dans ce cas, les flics diraient que c'est moi qui les ai battus. C'est comme ça que ça marche en Italie».
Les deux collègues de l'accusé, qui retenaient toujours le trafiquant de drogue, ont laissé entendre qu’ils avaient immobilisé l'homme pour terminer l'interpellation et ne s'attendaient pas à ce qu’une telle violence s’ensuive.
Contre le policier, le procureur a demandé une mise en examen. Il l'accuse d’«abus d'autorité contre les personnes arrêtées et abus de fonction».
Khadidjatou DIAKHATE