ISMAILA MADIOR FALL: «Khalifa Sall est bien traité et il bénéficie de tous les visiteurs qui veulent le visiter»



 
Ismaïla Madior Fall a dégagé la responsabilité de son ministère suite aux dispositions prises par le juge des peines sur le durcissement des visites de Khalifa Sall. Pour autant, le garde des Sceaux révèle que l’ancien maire de Dakar continue de recevoir des visites, comme cela a été toujours le cas. Non sans accuser ceux qui véhiculent ces propos de «politiciens de mauvaise foi».
 
En marge de l’atelier de planification stratégique pour le Centre de renforcement de l’Etat de droit et des institutions judiciaires du Sénégal, Ismaïla Madior Fall, a été interpelé sur le durcissement des conditions de visite de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall. D’emblée, le ministre de la Justice s’est dit «étonné» de ces restrictions annoncées concernant les visites à Khalifa Sall. «Je n'ai pas connaissance de ce durcissement», rétorque Ismaïla Madior Fall, avant de dégager la responsabilité de son ministère, suite à cette décision du juge de l’application des peines prise le 11 février dernier. «C’est des dispositions qui ont été prises au niveau du juge de l'application des peines. C'est un juge du siège qui n'a aucun rapport avec le ministre de la Justice. Le ministre de la Justice a un rapport avec le parquet, parce que ce sont les procureurs qui mettent en œuvre la politique pénale de l'Etat. Mais, le juge n'a aucun rapport avec le ministre de la justice. Moi-même je n'ai pas été informé de ces dispositions. C'est le juge qui a pris quelques dispositions pour mettre de l'ordre dans les visites au niveau de Rebeuss», fait remarquer le ministre de la Justice. Sur les conditions de détention du détenu Khalifa Sall, le ministre persiste que «rien n’a changé». Mieux, il n’a pas manqué de solder ses comptes avec les opposants qui véhiculent une telle rumeur. «Khalifa Sall est visité comme il l'a toujours été. Je les défie. S'ils ont noté un quelconque changement au niveau des visites, ils n'ont qu'à le dire. Au contraire, il est bien traité et bénéficie de tous les visiteurs qui veulent le visiter. Tout le monde va là-bas sans aucune restriction. Donc, c'est des attaques de mauvaise foi, des attaques de politiciens qui ne reposent absolument sur rien», charge Ismaïla Madior Fall.
 
Affaire des Thiantacounes et affaire Bassirou Faye, des avancées dans ces dossiers dans les prochains jours
 
Sur le sujet des Thiantacounes dont les présumés mis en cause sont en détention préventive depuis plus de bientôt 7 ans, et l’affaire Bassirou Faye du nom de l’étudiant tué le 14 aout 2014 à l’Université de Dakar, le ministre de la Justice annonce des avancées dans ces dossiers dans les prochains jours. «La justice est en cours. Maintenant, on ne peut pas évoquer le traitement de ces affaires comme ça», souligne M. Fall. Qu’il s’agisse, dit-il, de l’étudiant tué àe Saint-Louis ou du dossier des Thiantacounes, le cours judiciaire de ces affaires se déroule normalement. «En tant que ministre de la Justice, je ne peux pas dire ce qui va se passer. Ce sont les juridictions qui s’en chargent. Mais, j'ai les informations que ces affaires suivent leur cours normal», indique le garde des Sceaux. 
 
Une loi pour encadrer les longues détentions 
 
 
En ce qui concerne les longues détentions préventives, le patron de la justice estime qu’elles ont considérablement diminué. «Sur les 10.250 détenus, on n'a pas plus de 300 cas de longue détention. Toute détention qui dépasse deux ans est considérée comme une longue détention. Au Sénégal, ce n'est plus possible d’avoir de longues détentions en matière délictuelle, car l’instruction ne peut dépasser six mois. Au bout de l’instruction, la personne est jugée ou libérée. La loi est claire. Maintenant, c'est pour les affaires criminelles qu'il y a quelques cas de longue détention. Et, ces affaires ne concernent que le trafic de drogue et les infractions liées au terrorisme. Mais, il y a aujourd'hui des dispositions qui sont prises au niveau de la justice pour identifier systématiquement ces cas de longue détention et de les traiter. C'est comme ça que l'affaire Saër Kébé, poursuivi pour terrorisme, a été traitée», rapporte le ministre de la Justice qui révèle que des réflexions sont engagées en perspective de disposer d’une loi qui encadre les longues détentions, même en matière criminelle, en limitant ces détentions à un an.
 

Moussa CISS

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