INTERVIEW DU LEADER DE REWMI À EMEDIA GROUPE: Idrissa Seck attaque Sonko, écarte Karim Wade, se décharge sur Yewwi et avertit Yankhoba Diatara




 
 
 
Candidat déclaré pour une quatrième élection présidentielle, Idrissa Seck, 63 ans, a accordé un long entretien au groupe Emédia. A moins de 10 mois de l’élection présidentielle du 25 février 2024, le leader du parti Rewmi a fait le tour des questions d’actualité qui interpellent le Sénégal. Lors de l’Interview, l’ancien Premier ministre du Sénégal s’est dit contre toute idée d’amnistie pour les opposants Khalifa Sall et Karim Wade, réitéré sa ferme volonté de prendre part au dialogue convoqué par le président de la République ou encore jeté une pierre dans le jardin de la grande coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi, prétextant le froid qui s’est installé entre deux de ses forces : Pastef-Les Patriotes et Taxawu Sénégal. Le leader de Rewmi a également averti Yankhoba Diatara…
 
 
 
Idrissa Seck a définitivement repris sa liberté de parole et de ton. Depuis qu’il a quitté le régime avec ses deux ministres, l’ancien président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) enchaine les sorties médiatiques. Hier, Idrissa Seck était dans les locaux du groupe Emédia pour se prêter aux questions des journalistes de la boite pendant plus de deux tours d’horloge. Interpelé sur sa position sur le dialogue politique convoqué par le Président Macky Sall, Idrissa Seck dira sans équivoque qu’il va participer au dialogue pour «enlever les critères d’éligibilité». Idrissa Seck : «Je vais participer au dialogue. J’y vais avec deux propositions. D’abord, tous les Sénégalais sont inquiets. Je ne parle pas seulement de manifestation, mais de façon générale. L’angoisse et le stress sont au maximum chez les travailleurs, chez les étudiants, chez les hommes d’affaires, les investisseurs, même les chancelleries qui envoient des images à leurs pays respectifs, faisant croire que le Sénégal brûle. Parfois, c’est exagéré, mais, c’est fait à dessein pour faire fuir les investisseurs. Ce qui est néfaste pour l’économie sénégalaise. Deux raisons justifient cette situation. Ensuite, l’un des leaders qui aspirent à diriger ce pays avec ses ‘’Gatsa-Gatsa’’ (Sonko). Le dialogue doit conduire à ce que nous nous entendions sur comment réaménager la loi électorale en enlevant les critères d’éligibilité. Pour moi, même un condamné peut se présenter. Les Sénégalais ont le dernier mot. A condition que cette personne paie son amende. Je ne serais pas d’accord que Karim Wade soit candidat s’il ne paie pas les 138 milliards F Cfa d’amende pour enrichissement illicite», a répondu Idrissa Seck.
 
 
Contre l’amnistie
 
 
Mais déjà, l’ancien maire de Thiès assure qu’il n’est pas question pour lui d’accepter une quelconque amnistie lors de ce dialogue. Idrissa Seck ajoute que s’il en est ainsi, c’est qu’on n’amnistie pas une personne. «Si on fait une loi d’amnistie, cela signifie que de telle à telle date, quiconque a une fois volé l’argent des contribuables est sauvé, il peut en faire ce qu’il veut sans être inquiété. Celui qui détourne les deniers publics est épargné ; celui qui viole une fillette est épargné. Si, vous les Sénégalais, êtes d’accord, je vous laisse avec votre pays. L’amnistie, il n’en est pas question. En revanche, si les Sénégalais sont d’accord, ce n’est le problème de personne. Ma position rejoint celle du président Abdou Diouf qui disait ‘’jakka jaa ngook, ku mëna nodd noddal (que tout le monde qui veut être candidat le soit, ndlr)’’, qu’on laisse tout le monde participer», a-t-il rappelé.
 
 
«Khalifa Sall ne peut pas être derrière Sonko. C’est impossible»


 
 
En bon politique, Idrissa Seck a poursuivi sur une autre question en s’attaquant à deux potentiels adversaires : Khalifa Sall et Ousmane Sonko. En effet, évoquant la situation au niveau de Yewwi Askan Wi, le leader du parti Rewmi dira qu’il est «impossible que Khalifa soit derrière Sonko». «Moi, j’ai assisté à N coalitions. Mon parcours politique m’a appris beaucoup de choses sur les alliances dans ce milieu. Il n’y a que les alliances, rencontres désintéressées que Dieu a formées, qui durent. Toute autre alliance basée sur autre chose peut se briser. Et moi, j’y fais attention. Vu mon expérience, mon parcours avec Abdoulaye Wade, avec tout ce qu’on a traversé, qui s’est levé un jour et a dit qu’il allait m’égorger et jeter le couteau par terre, les autres, n’en parlons pas. D’ailleurs, après ça, quand Macky Sall est venu me remplacer (à la Primature), je lui ai dit qu’il était le prochain (à abattre). Il m’a répondu : ‘’comment ça”. Je lui ai dit : “parce que ce n’est pas toi mon remplaçant, mais Karim Wade.” Il est resté dubitatif. Mais quand Wade l’a écarté et qu’il est venu me trouver à Thiès, c’est là qu’il a tout compris. ‘’Yewwi Askan Wi danoo yeew seen bopp (les gens de Yewwi Askan Wi se sont ligotés eux-mêmes)’’. Aujourd’hui, ils ont très vite pris conscience de quelque chose qui ne pouvait durer. Khalifa Sall, c’est l’héritier de Senghor, Abdou Diouf et Ousmane Tanor Dieng. Il ne peut pas être derrière Sonko. C’est Impossible ! Mathématiquement impossible», déclaré Idrissa Seck. Et d’ajouter : «maintenant, ils ont le même souci (de l’inéligibilité) tous les trois Khalifa, Karim et Sonko. Sonko, ce n’est pas encore fait, il faut attendre la condamnation définitive. Mais pour Karim et Khalifa, c’est fini. Maintenant, le dialogue peut réaménager la loi électorale en enlevant les contraintes, les critères d’éligibilité. Pour moi, même condamné, si on veut être candidat et que les Sénégalais vous font confiance, on peut se présenter. Mais il faut d’abord payer. Je ne serai pas d’accord que Karim Wade soit candidat s’il ne paye pas les milliards, c’est tout».
Poursuivant, Idrissa Seck invite les uns et les autres à la raison. En effet, interrogé sur le dialogue politique, l’ancien édile de la ville de Thiès ramène tout à la culture pour justifier le comportement qu’il juge violent de certains Sénégalais. Et de dire qu’«un homme qui n’est pas capable de dominer ses pulsions est pire qu’un animal».
«Du point de vue de la méthode scientifique, rien ne distingue les hommes et les femmes des autres animaux. L'humain est un animal comme les autres. Mais à la seule différence est que pour l’homme, il y a un code culturel qui peut dominer son code génétique, qui nous régit…Mais malheureusement, il y en a qui sont pires que les animaux, car ne sachant pas dominer leurs pulsions, leurs émotions», a-t-il ajouté, disant que «c’est ce manque de maîtrise qui pousse certains hommes à certains déboires, à l’adultère, à la violence, entre autres maux».
 
 
«Si Yankhoba Diatara est coupable d’actes délictueux…»
 
 
Idrissa Seck a également pris position sur l’affaire présumée de scandale financier révélée par la Cour des comptes au ministère des Sports sous le magistère de son lieutenant Yankhoba Diatara. Il s’agit de la gestion du budget de la participation des Lions à la dernière Coupe du monde de football. Dans cette affaire, le président de Rewmi a adressé une mise en garde à son collaborateur et ancien ministre Yankhoba Diatara. Affirmant qu’il ne prendrait aucune décision avant de lire le rapport de la Cour des comptes, il assure tout de même que si c’est avéré que Yankhoba Diatara a commis des fautes, il sera exclu du groupe. Toutefois, il a tenu à respecter le principe de la présomption d’innocence et a souligné que c’est à l’intéressé de s’expliquer sur les accusations portées contre lui. «Si Yankhoba Diatara est coupable d’actes délictueux, que la loi s’applique avec toute sa rigueur et même si je suis président de la République et que le rapport se retrouve sur mon bureau, il sera sanctionné», a prévenu Idrissa Seck.
 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
 
 

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