Après la publication des résultats provisoires des élections locales place à l’installation des nouveaux élus avec leur bureauxmunicipaux ou départementaux,qui a commencé depuis le début de cette semaine. Si dans certaines localités on peut se réjouir du respect de la parité au niveau dubureau municipal, dans d’autres, par contre,le constat est amer : le principe de la parité est foulé aux pieds et l’administration territorialeferme les yeux. Des situations que dénoncent à chaque fois les organismes comme l’Association des femmes juristes du Sénégal (Ajs) sans avoir gain de cause.
Le Sénégal est-il vraiment prêt pour l’application de la parité intégrale promulguée pourtant depuis juin 2011 sous le Président Abdoulaye Wade ? Tout porte à croire que non. Dès qu’on parle de parité, tout le monde salue et applaudit,mais on peine encore à faire respecter la parité dans certaines institutions comme les conseils municipaux. Pas plus tard qu’hier, le débat sur le non-respect de la parité était encore soulevé. En effet, le sous-préfet de Méouane, dans le département de Tivaouane, ainstallé le nouveau maire de DarouKhoudosset ses adjoints. Il se trouve que ce dernier, qui défendait les couleurs de la coalition Benno BokkYakaar, sorti vainqueur des élections,n’aura que des hommes autour de lui,ces cinq prochaines années, pour diriger la commune. Le bureau municipal ne compte aucune femme.Et pourtant, la loi impose à tous les bureaux électifs ou semi électifs la parité absolue et le conseil municipal entre dans ce cadre. Donc dans les normes,toutbureau qui ne respecte pas cette disposition ne devrait pas être installé.
Aucune femme dans le bureau municipal de la commune de DarouKhoudoss installé par le sous-préfet de Méouane
L’Association des femmes juristes du Sénégal qui suit avec l’Observatoire de la paritéces genres de cas nous a fait constater que DarouKhoudoss n’est pas un cas isolé.Selon Zeynab Kane, depuis hier (ndlr :mercredi) elles reçoivent des signalements. «Ce n’est pas DarouKhoudoss seulement, il ya beaucoup d’autres localités que nous sommes en train de recenser actuellement,dans une perspective de faire un communiqué. Nous avons le cas de NdiarèmeLimamoulaye, Malika, Bargny et beaucoup d’autres localités», fait savoir ZeynabKane, qui souligne en même temps les problèmes liés à la disponibilité des procès-verbaux de ces installations.
Idem l’A A
D’après cette dernière, la mission de l’Ajs dans ce genre de situation, c’est d’encadrer les femmes lésées qui souhaitent ester en justice, à travers les antennes de veille, avec leurs partenaires comme l’Observatoire de la parité, avec la saisine de la Cour d’appel dans un délai de 5 jours.A la question de savoir s’il leur arrive d’avoir gain de cause devant la justice, Zeynab Kane évoque le cas de Kaolack en 2014. «Nous avons porté devant la justice le non-respect de la parité du conseil municipal de Kaolack en 2014,qui était dirigé à l’époque par le ministre de la Femme MariamaSarr. La Cour d’appel nous a infirmé en premier lieu et nous avons saisi la Cour suprême. Ellenous a donné raison, mais, ce qui était déplorable, c’est que même si la décision de la Cour suprême nous était favorable, elle n’a pas été appliquée», renseigne Zeynab Kane qui estime qu'au-delà des autorités administratives, c’est l’État de droit qui est en jeu «si on peut pas appliquer des lois à cause de calculs politiques, cela devient grave et dangereux pour l’État de droit».
NdèyeKhady DIOUF