INSTALLATION DE AHMED AIDARA MAIRE DE LA VILLE DE GUEDIAWAYE: Les conseillers de Benno forcent la cohabitation, le maire suspend la séance, le préfet demande de continuer, les conseillers de Yewwi bloquent les travaux



 
C’était une journée mouvementée, pleine de rebondissements et longue, ce jeudi 17 février 2022, à l’hôtel de ville de Guédiawaye, lors de l’installation du maire nouvellement élu. Si Ahmed Aïdara a été régulièrement installé dans ses nouvelles fonctions par le préfet Mouhamadou Moustapha Blondin Ndiaye, que de problèmes par la suite. Ainsi, le premier magistrat de la ville a présidé la séance de vote pour l’élection du bureau de la ville qui compte 14 adjoints. 
 
Premier incident, c’est une conseillère de Benno BokkYakaar qui s’est présentée avec une procuration. Mais elle s’est vu opposer le véto du maire et de l’ensemble des conseillers de Yewwi Askan Wi. Il s’ensuivit une vive altercation entre le maire Ahmed Aïdara et les conseillers de Benno. Subitement, le processus est suspendu. Puis c’est un échange de mots entre les conseillers. Ahmed Aïdara, dans tous ses états, prend le micro et traite le maire sortant, Aliou Sall, de tous les noms d’oiseau. «Racine Talla a fait dans la provocation tout au long de la cérémonie. Racine me provoque depuis ce matin. Lorsqu’il est venu, je l’ai salué, il ne m’a pas répondu. Maintenant, il fait dans le sabotage. Vous ne pouvez rien faire contre la volonté divine. C’est Dieu qui m’a mis ici, vous ne pouvez rien faire contre moi".
Aliou Sall, maire sortant, va essayer dans ce brouhaha indescriptible de calmer les choses, mais c’était sans compter avecAhmed Aïdara qui était déjà dans un état second. «Ici c’est nous qui décidons. Nous les devançons de plus de 6000 voix, Guédiawaye a tranché, l’ère du maire Aliou Sall est révolue, mais pourquoi ils veulent faire le malin et faire un forcing ? Non il faut qu’ils arrêtent. Nous n’allons pas trahir la population, il n’y aura pas de vote parce que s’il y a vote, il y aura holdup. Nous n’allons pas dealer avec ce régime. Nous ne sommes pas des dealers politiques. Je lance un appel au Président Macky Sall pour appeler à la raison Aliou Sall. Nous allons sinon le déclarer persona non grata. Vous êtes tous des complices. Vous allez accepter la volonté populaire, la volonté divine. Nous n'allons rien accepter. Aliou Sall, vous êtes le premier voleur. Vous êtes ingrat avec toutes les civilités que je vous ai faites. Le hold-up ne sera pas accepté ici. Vous allez quitter la salle parce que c'est moi le président de séance», débite le maire.
Après avoir déversé sa bile sur Aliou Sall et Racine Talla, Ahmed Aïdara se tourne vers lereprésentant de l’exécutif,Mouhamadou Moustapha Blondin Ndiaye: «Monsieur le Préfet, vous devrez être intransigeant. Vous n'avez aucun droit pour donner des ordres à la police pour faire évacuer la salle. Soyez républicain, Monsieur le Préfet. Si vous continuez, je vous fais sortir de la salle».
Aliou Sall n’a pas répondu un seul instant à Ahmed Aïdara. Il a préféré s’emmurer dans le silence dans un coin de la salle. Toujours dans un calme olympien, Aliou Sall s’est écarté et s’est assis à côté, laissant les conseillers se donner en spectacle. Les jets de bouteille d’eau, des échanges de propos aigre doux durant des heures. Ils se sont même donnés en spectacle, avec parfois des coups de poing par-ci, des jets de bouteilles d’eau vide par-là, des menaces qui fusent de partout.
 
Poste de premier adjoint : le candidat de Ahmet Aïdara battu, la salle sens dessus dessous
 
Quelques minutes plus tard, le calme revient. Ahmed Aîdara demande que le poste de 1er adjoint soit pourvu. Deux candidats lèvent la main. A l’issue du vote, Cheikh Sarr de Benno BokkYakaar a eu 44 votants contre 44 pour Mor Diaw candidat de la coalition Yaw. Et il y a deux absents. Subitement, Le maire Ahmed Aïdara s’est levé pour crier auholdup qui se prépare. Une stratégie qui, si elle passe, fera que tous les adjoints aumaire seront de Benno et une cohabitation sera imposée. Les commentaires et les échanges fusent de partout. Le maire conteste le vote et refuse de valider l’élection de Cheikh Sarr de Benno. Pire, il suspend la séance.
 
 
Ahmet Aïdara suspend la séance, le préfet refuse et demande au 1er adjoint de poursuivre
 
 
C’est à 16 heures qu’il revient dans la salle pour s’adresser aux conseillers. «Moi Ahmed Aïdara, en ma qualité de président de séance, je lève la séance jusqu’à nouvel ordre». Certainement choqué, le préfet prend la parole pour dire : «je demande au premier adjoint de venir continuer la séance». Encore, le maire reprend la parole pour attaquer le préfet verbalement en l’indexant. «Yaw xamoo kula rus. Ici c’est moi qui préside mais pas vous. La séance est levée», assène le maire qui finit de chasser Cheikh Sarr qui avait fini de se positionner à la place du président de séance. Même l’intervention du commissaire Lèye n’a pu calmer le maire. «Je suis le commissaire. Je suis en charge de votre sécurité et de celle de tous les conseillers». Comme s’il était chatouillé, Aïdara saute et répond au commissaire: «et moi, c’est quoi mon devoir ? Je suis le maire de tout le département». Le commissaire répond : «c’est vrai vous êtes le maire de la ville». Encore une fois, le maire suspend la séance. N’empêche, les conseillers sont restés dans la salle. Le préfet ne bouge pas. Aliou Sall, lui, s’est bunkérisé dans son bureau de maire qu’il occupe toujours en attendant la passation de services.
Auparavant, Malick Gakou s’est rapproché de lui pour lui parler. «C’est à votre conseil que vous devez vous adresser. Vous êtes le maire. Vous êtes le président de séance. C’est à vous de décider de l’orientation à tenir. Vous n’avez pas à vous adresser au préfet...»,lui conseille Malick Gakou.
Finalement, le vote a été suspendu pour un jour non encore déterminé.
 
Baye Modou SARR
 
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