INDICE DE PERCEPTION DE LA CORRUPTION: Le Sénégal toujours dans la zone rouge, ce qui plombe notre pays



 
 
Le Sénégal stagne toujours dans la zone rouge en matière de corruption. Cette annonce a été faite, hier, par le Coordonnateur général du Forum civil, section Sénégal de Transparency International, Birahim Seck. Sur les causes de la stagnation du Sénégal dans cette zone rouge, il a citéla non-transmission de dossiers relevés par les organes de contrôle à la justice, les prolongations injustifiées de mandats ou d’activités au niveau des instances de régulation, au niveau des juridictions, au niveau des autorités administratives indépendantes, l’arrêt inexplicable et inexpliqué de la politique de traque des biens mal acquis, une forte demande sociale, le refus incompréhensible de l’Inspection générale d’Etat (Ige) et de la Cour des comptes de publier les rapports d’audit et de révision des comptes, la tiédeur de l’intervention de l’Ofnac et de l’Armp dans l’amélioration de la gouvernance, la quasi absence du ministère en charge de la bonne gouvernance dans le champ de la lutte contre la corruption… Birahim Seck a aussi invité le procureur à s’autosaisir sur l’affaire des 94 milliards. 
 
 
 
 
 
 
Malgré les déclarations tenues ça et là par les autorités, Le Sénégal est toujours dans la zone rouge en ce qui concerne l’indice de perception de la corruption. Le Forum Civil, section sénégalaise de Transparency International, rien n’a changé pour notre pays. «Depuis que le Sénégal a commencé à publier les indices de perception de corruption jusqu’en 2018, il est toujours dans la zone rouge. Et depuis 2016, le Sénégal a cessé de progresser. Il conserve son score de 47/100, mais il reste dans la zone rouge. C’est-à-dire en dessous de la moyenne mondiale qui est de 50/100», révèle le coordonnateur du Forum civil. Tout de même, le Sénégal est leader dans la sous-région. Birahim Seck: «le Sénégal vient en tête dans la zone ouest-africaine avec un score de 45 points, suivi du Burkina Faso 41 points, du Bénin 40 points, de la Côte d’Ivoire 35 points etc. Ce qui est important, ce n’est pas le classement. Parce qu’il varie en fonction du nombre de pays. Mais ce qui est important à retenir et qui est l’élément fixe, c’est le score qui permet de savoir le niveau élevé ou le niveau bas de corruption au niveau mondial», dit-il. 
 
 
Affaiblissement de la volonté politique de lutter contre la corruption
 
 
Pour Birahim Seck, cette stagnation du Sénégal dans la zone rouge est due à un affaiblissement de la volonté politique de lutter contre la corruption. Qui se manifeste, selon lui, par la non-transmission de dossiers relevés par les organes de contrôle à la justice, les réformes juridiques opérées qui ne vont pas dans le sens de renforcer l’indépendance des juges, les prolongations injustifiées de mandats ou d’activités au niveau des instances de régulation, au niveau des juridictions, au niveau des autorités administratives indépendantes. Birahim Seck cite aussi l’arrêt inexplicable et inexpliqué de la politique de traque des biens mal acquis, une forte demande sociale, le refus incompréhensible de l’Inspection générale d’Etat (Ige) et de la Cour des comptes de publier les rapports d’audit et de révision des comptes, la tiédeur de l’intervention de l’Ofnac et de l’Armp dans l’amélioration de la gouvernance, la quasi absence du ministère en charge de la bonne gouvernance dans le champ de la lutte contre la corruption et par l’inexistence de commissions d’enquêtes parlementaires ou de traitement judiciaire de nombreux cas de mal gouvernance gal. Ainsi, il a donné des exemples comme l’affaire Petro Tim, l’affaire Prodac, la gestion du Fonds de promotion féminine (qui a été gérée par l’actuel ministre en charge des industries, Moustapha Diop, qui a été appelé par la Cour des comptes pour une enquête et qui a refusé de répondre à la convocation des juges)…
 
 
Le Forum civil invite le procureur de la République de s’autosaisir sur l’affaire des 94 milliards 
 
Pour que le Sénégal sorte définitivement de la zone rouge, le Forum civil a fait des recommandations. «La mise en place d’un cadre de concertation pour définir un Plan de progression efficace (Ppe) sur trois ans pour porter le score du Sénégal au niveau des pays comme le Rwanda, la Namibie ou l’Ile Maurice. Ce plan doit être négocié entre l’exécutif, le parlement, la justice, l’Ofnac, le secteur privé, la société civile et les médias. Ce plan comprendrait trois axes. En premier, il s’agira de compléter le dispositif juridique de prévention et de lutte contre la corruption, notamment en adoptant des lois sur l’accès à l’information… Adopter une loi sur la prévention des conflits d’intérêts, sur le financement des partis politiques, sur la protection des lanceurs d’alerte ou l’interdiction des agents des régies financières de faire de la politique. Ensuite, travailler à changer le comportement des acteurs de la gouvernance pour plus d’intégrité, notamment en mettant en œuvre des programmes d’éducation à la citoyenneté active. Et enfin procéder à des sanctions positives et négatives», indique-t-il. 
 
 
 
Oui à une Crei réformée
 
 
Dans cette panoplie de recommandations, le Forum civil préconise la réforme et le maintien de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) en la rendant conforme aux standards internationaux ; il recommande aussi à l’Ige, à la Cour des comptes, à l’Ofnac, à l’Armp de publier les rapports de lutte et de reddition des comptes qu’ils doivent aux populations, conformément à la loi. Aussi, il invite encore le procureur de la République à s’autosaisir de l’affaire des 94 milliards opposant Ousmane Sonko et Mamour Diallo. 
 
 
Enquête sur l’autoroute Ila Touba, l’autoroute Dakar-Diamniadio, le Pôle industriel de Diamniadio…
 
De même, il demande la mise en place des commissions d’enquête parlementaire sur les financements et réalisations des projets comme l’autoroute Ila Touba, l’autoroute Dakar-Diamniadio, le Pôle industriel de Diamniadio, la réfection du Building administratif, l’avance de démarrage de la route Fatick-Kaolack, la Cité de l’émergence, le Centre international Abdou Diouf, l’Unidak II de Diamniadio, l’attribution du port minéralier de Bargny, les concessions de Nécotrans. Ainsi que la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire pour éclairer les Sénégalais sur les listes des grands producteurs bénéficiaires de différents mécanismes de subventions sur les intrants engrais, semences, matériels agricoles normalement destinés à améliorer de façon significative la production agricole du pays et sur les 380 milliards consentis et investis dans l’acquisition d’équipements agricoles, de semences et de fertilisants etc. 
 
 
Le Cap Vert meilleur élève de la Cedeao
 
 
Au niveau africain, en dehors des pays maghrébins, une analyse des résultats montre que le Sénégal est à la 8eplace avec un score de 45/100, derrière les Seychelles (66 points) le Botswana (61 points), le Cap-Vert (57 points), le Rwanda (56 points), la Namibie (53 points), l’Ile Maurice (51 points) et Sao Tomé et Principe (46 points). Aussi, il est à signaler qu’entre le premier Africain, c’est-à-dire les Seychelles (66 points) et le Sénégal, il y a un écart abyssal de 21 points. Mais, force est de constater que parmi les 15 pays de la Cedeao, seul un pays est en dehors de la zone rouge, à savoir le Cap Vert avec un score de 57 points. Au niveau de l’Uemoa, tous les 8 pays sont dans la zone rouge, ce qui signifie qu’aucun pays membre de l’organe communautaire n’a obtenu la moyenne de 50/100. 
Fatou D. DIONE 
 
 
 

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