IMPACT DES REVENUS PROVENANT DE L’EXPLOITATION DES RESSOURCES PETROLIERES ET GAZIERES DANS L’ECONOMIE SENEGALAISE: La croissance économique du Sénégal projetée à 13,2% en 2023, soit une croissance du Pib de 8,4%



 
Si les effets de la conjoncture marquée par le Covid-19 persistent, la croissance économique passerait à 11,5% en 2023, soit un gain de 5,7 points de pourcentage dès la première année d’exploitation et une croissance de 7,9% du Pib. Si le scénario est favorable, basé sur une hypothèse plus optimiste limitant les effets négatifs qu’engendrerait la pandémie de covid-19, la croissance devrait se projeter à 13,2% en 2023, soit une croissance de 8,4% du Pib. C’est ce que révèle une étude de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) sur l’impact des revenus provenant de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières dans l’économie sénégalaise.
 
 
 
Contrairement aux travaux jusqu’ici réalisés et qui ont soutenu l’idée d’une malédiction des ressources naturelles et qui sont controversés par d’autres travaux qui ont abouti à des résultats mitigés, cette étude utilisée par la Dpee pour réaliser les simulations est un Modèle d’équilibre général calculable (Megc). Le choix de cette approche s’explique par sa capacité à offrir une parfaite lisibilité de l’impact des politiques publiques, observable à travers l’essentiel des agrégats macroéconomiques. Les implications liées à l’utilisation des revenus provenant de l’exploitation dans la mise en œuvre des politiques économiques pourraient donc être analysées dans tous les secteurs d’activité. Sur la base de plusieurs scénarios de simulation, il est possible de donner des orientations pertinentes et de surtout favoriser une utilisation responsable des recettes, en cohérence avec les objectifs du Pse.
 
Le Sénégal pèse 0,9 milliard de barils de pétrole et 36,9 Tcf de gaz
 
Pour rappel, les ressources récupérables de pétrole du Sénégal (12e sur le continent) sont estimées à 0,9 milliard de barils dans le bloc Sangomar composées des puits de Sangomar (530 millions de barils) et FAN (330 millions de barils). La phase de production de pétrole dans le champ de Sangomar devrait débuter en 2023 pour une capacité de production d’environ 100.000 barils de pétrole brut par jour. Les réserves de pétrole du Sénégal sont relativement moins importantes comparées à celles de pays tels que la Libye ou le Nigeria estimées respectivement à 48,4 et de 37,5 milliards de barils. En revanche, l’écart est moins élevé avec des Etats comme le Tchad et le Soudan dont les réserves de pétrole sont évaluées à 1,5 milliard de barils, contre 1,1 milliard de barils pour la Guinée-Equatoriale. S’agissant des ressources naturelles du gaz, les estimations du Sénégal sont relativement moins importantes en comparaison avec celles du Nigeria (188,8 Tcf, le plus élevé du continent), ou de l’Algérie (153,1 Tcf), de l’Egypte (75,5 Tcf) et de la Libye (50,5 Tcf), mais restent tout de même conséquentes. En effet, le Sénégal dispose de ressources qui le classeraient parmi les mieux dotés du continent africain. Ces dernières sont évaluées à 36,9 Tcf de gaz, composées des champs Sangomar (2,4 Tcf), Téranga (5 Tcf), Yakaar (15 Tcf) et GTA (29 Tcf) ; dont la production durant la phase 1 sera partagée entre le Sénégal et la Mauritanie selon une clé de répartition évolutive et initialement équitable 50/50.
 
Dans le scénario de base, la croissance économique passerait à 11,5% en 2023
 
Pour réaliser les prévisions, les premières phases d’exploitation des différents projets Grand Tortue Ahmeyim (GTA), Sangomar et Yakaar-Téranga (YT), sont prises en compte, suivant leurs années de démarrage, sur la période 2022-2026 du cadrage macroéconomique de moyen terme. Ainsi, sur la base des différents scénarios, il ressort qu’un impact globalement positif de la production des ressources d’hydrocarbure serait attendu dès le démarrage de l’exploitation. Dans le scénario de base, (reposant sur une persistance des effets de la conjoncture actuelle liée à la pandémie de Covid-19) l’intégration de la production du pétrole et du gaz dans la branche des activités extractives renforcerait son poids dans la formation du Pib autant que la valeur ajoutée estimée de la production. Cela générerait des points de croissance considérables par rapport à la situation tendancielle ne prenant pas en compte les ressources du pétrole et du gaz. En effet, la croissance économique passerait à 11,5% en 2023 contre 5,5% en 2022, soit un gain de 5,7 points de pourcentage dès la première année d’exploitation. La croissance tendancielle prévue hors exploitation des ressources est de 5,9% en 2023. Ainsi, elle serait presque doublée dans ce scénario de base avec l’exploitation des ressources. Ce gain est considérable du fait de la contribution de la valeur ajoutée de la production des ressources conséquentes dans la formation du Pib (+602 milliards, en prévision). En moyenne, sur les premières années d’exploitation (2023-2026), le taux de croissance du PIB serait de 7,9%, soit une croissance assez confortable pour stimuler une restructuration de l’économie vers une dynamique d’émergence plus poussée.
 
Si le scénario est favorable, la croissance devrait se projeter à 13,2% en 2023
 
Dans le scénario favorable (basé sur une hypothèse plus optimiste limitant les effets négatifs qu’engendrerait la pandémie de Covid-19), l’exploitation devrait être plus dynamique à la faveur d’un cours du baril sur le marché international plus favorable. Dans cette optique, les capacités de production d’hydrocarbure pourront augmenter de près de 30% par rapport au scénario de base. Les résultats sur la croissance du Pib réel seraient ainsi nettement meilleurs, soit une hausse de 1,7 point de pourcentage par rapport au scénario de base. En conséquence, la croissance est projetée à 13,2% en 2023 et devrait se maintenir sur un sentier favorable, profitant de cette manne de ressource pétrolière et gazière. En moyenne sur la période 2023-2026, la croissance du Pib serait attendue à 8,4% contre 7,9% dans le scénario de base. Dans le scénario pessimiste, en relation avec un cours du baril moins favorable, l’exploitation serait moins propice, du fait essentiellement de l’ampleur des charges à recouvrir qui s’avère moins probable. A ce niveau, l’exploitation pourrait baisser en deçà de 70% des prévisions d’exploitation dans le scénario de base. Pour conséquence, l’impact sur le Pib serait moins important, notamment dès la première année d’exploitation. En effet, la croissance du Pib réel serait attendue à 9,8%, soit un gain de 3,9 points de croissance par rapport à la situation tendancielle hors pétrole. En moyenne, sur la période 2023-2026, la croissance du Pib est projetée à 7,3%.
 
Dans le scénario pessimiste, le taux de croissance moyen sur 2023-2026 dépasserait 7,3%
 
Globalement, le taux de croissance moyen prévu sur la période 2023-2026 dépasserait 7,3% contre 4,1% sur la période 2019-2022, touché par le fort ralentissement dû à la crise sanitaire de Covid-19 et 6,6% sur la période 2015-2018 boosté par la mise en œuvre de la première phase du Pse. Au regard de la composition des secteurs sur le Pib, il y a une amélioration de la part du secteur secondaire sur la période d’exploitation au détriment des secteurs primaire et tertiaire. La composition du secteur secondaire serait sensiblement revue avec une part des ressources pétrolières et gazières au moins égale à 3% du Pib dans le scénario pessimiste, sur la période 2023-2026. Cette part est d’autant plus importante dans les deux autres scénarios, soit 4,1% pour le scénario de base et 5,4% pour le scénario favorable. Par ailleurs, il est à préciser que cette composition ne prend pas en compte les effets induits de l’exploitation des ressources sur les autres secteurs ; ce qui pourrait nettement revaloriser à la hausse la part du secteur secondaire dans le Pib, notamment avec la baisse des prix à l’énergie attendue avec la mise en œuvre du projet «Gas to Power» devant accompagner l’exploitation du gaz dès les premières années.
 
 
 
M. CISS
 
 
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