A quelques mois de l’élection présidentielle de 2024 quand les acteurs politiques rivalisent de congrès d’investiture, des questions sur la posture de Idrissa Seck face à la prochaine présidentielle surgissent naturellement. Une chose est claire : les ambitions présidentielles de Idrissa Seck restent intactes, même s’il n’a pas encore défini dans quel cadre cela se fera.
Bientôt trois ans que le parti Rewmi évolue dans la mouvance présidentielle. C’est en 2020 que Idrissa Seck a décidé de se joindre au Président Macky Sall dans sa guerre contre la pandémie. Nommé président du Conseil économique social et environnemental en remplacement de Aminata Touré, le leader de Rewmi s’est emmuré dans un silence profond pendant plusieurs mois. La présidentielle de 2024 arrivant à grands pas avec le débat sur la 3eme candidature du Président Macky Sall qui enfle de plus en plus, Idrissa Seck enchaîne les déclarations pour lever à chaque fois un coin du voile sur sa position par rapport à cette élection. Ce week-end, présidant le séminaire des responsables de son parti, celui qui s’était auto-désigné «4e président» a été clair : s’il plaît à Allah et au Peuple sénégalais, la station de président du Sénégal l’attend encore.
Idrissa Seck dit être convaincu qu’actuellement, y compris celui qui dirige le pays, personne n’est plus calé que lui en matière d’expérience présidentielle. «C’est en 1988 à mes 29 ans que j’ai dirigé ma première campagne électorale, celle du principal opposant à l’époque, Me Abdoulaye Wade. Toutes ses campagnes qui ont suivi je m’en suis occupé, même celle qui l’a porté au pouvoir en 2000», a-t-il rappelé avant de poursuivre : «notre proximité était telle qu’à un moment donné, c’était comme si j’étais le président de la République. La preuve, durant tout le temps que je suis resté aux côtés de Me Wade, de 2000 à 2004, Karim n’était pas trop impliqué dans les affaires de l’État. C’est après mon départ qu’il est devenu le ministre du Ciel, de la Terre et des Océans», ironise-t-il.
«Si Wade avait tenu sa parole, il allait faire ses deux mandats et me passer le témoin en 2012, j’aurai fini en 2022»
Idy pense que c’est peut-être pour cela d’ailleurs qu’ils ont tout fait pour le déboulonner. Mais à en juger par la tournure des choses, il est clair que ce n’était pas la meilleure formule. «Si Abdoulaye Wade avait tenu sa parole, c’est-à-dire faire deux mandats et me passer le témoin en 2012, j’aurais fait deux mandats pour terminer en 2022. Si c’était le cas, j’allais être actuellement à la retraite. C’est dans le cadre de ce projet de Wade qui voulait maintenir les libéraux au pouvoir pendant 50 ans, avec mon arrivée en 2012 et mon départ en 2022, que ma retraite politique a été programmée à 63 ans ; hélas nous connaissons tous la suite. C’est Abdoulaye Wade lui-même qui a chamboulé le programme», précise Idy.
Néanmoins, Idrissa Seck ne désespère pas, puisque qu’il se dit intimement que rien ne peut entraver la volonté d’Allah. «Dans la poursuite de ma mission de produire le maximum de bienfaits pour ma communauté sénégalaise et africaine, je considère encore que la station présidentielle, si telle est la volonté d’Allah et du peuple sénégalais, m’attend», dit-il.
Comme pour s’identifier à Lionel Messi, Idrissa Seck soutient qu’il ne sert à rien de courir ou de se précipiter. «Nous sommes tous d’accord qu’il ne court pas inutilement, il agit intelligemment pour surprendre son monde», lance-t-il sous les applaudissements de ses responsables. Pour lui, les politiciens doivent s’inspirer de Messi. Surtout les plus jeunes qui n’ont pas l’expérience, qui n’ont pas encore enduré suffisamment d’épreuves. A en croire Idrissa Seck, il faut avoir la peau dure pour être président, parce qu’il arrivera forcément un moment où en tant que président l’on vive des situations sous très haute pression. Si vous n’y êtes pas préparé, vous allez vous énerver et faire des erreurs. Alors, lance-t-il, le meilleur, ce n’est certainement pas celui qui fait plus de bruit. «Il faut observer la scène de jeu pour intervenir au bon moment et produire le résultat approprié dans la situation considérée et se relever a nouveau à la station d’observation générale de la scène», estime Idy.
«Le leader de la coalition à laquelle nous appartenons nous demande de remobiliser nos partis…»
Le leader de Rewmi déclare qu’en ce moment précis, «le leader de la coalition à laquelle nous appartenons nous demande deux choses dont la remobilisation de nos partis pour que tout le monde sache de quoi on est capable». Justifiant encore son choix de rejoindre la mouvance présidentielle, le leader du parti Rewmi affirme que ce n’est pas pour rien que Wade disait qu’il ne marcherait pas sur des cadavres pour arriver au pouvoir. C’est parce que, dit-il, l’un des premiers piliers de leur projet politique, c’est la paix et la stabilité qui sont les conditions premières d’exercice de toute activité humaine. D’après le président du Conseil économique, social et environnemental, la situation dans les pays limitrophes en est une illustration parfaite. «Quand la Covid-19 s’est présentée à nous, charriant le risque d’augmentation de la misère donc de la colère des jeunes, donc pour la possibilité des djihadistes et des populistes de manipuler cette colère pour déstabiliser nos États, j’ai fait le choix, sacrifiant mes intérêts propres, de la stabilité, de la paix et de la tranquillité de mes concitoyens d’abord», renseigne Idy qui convoque De Gaulle pour assurer que « la vie d’un homme même d’Etat est d’une insignifiance au regard du destin d’une nation».
Pour lui, quand on n’a pas cette claire conscience, on peut décider de sauter sur une situation de crise pour déstabiliser le pays, faire tomber le pouvoir et espérer le remplacer. Ceux qui ont fait ce calcul ont eu tout faux, fait-il noter, parce que quand cela est arrivé en Guinée ou encore au Mali, le pouvoir est revenu aux militaires et la classe politique s’est retrouvée à végéter un peu partout, à fuir des procès interminables.
Ndèye Khady DIOUF
Idy «cautionne» la posture du Pds dans la déchéance de Aminata Touré
Idrissa Seck est et restera décidément un grand fan de son mentor, Abdoulaye Wade. Le nom du pape du Sopi est revenu encore et encore dans son discours d’ouverture du séminaire de son parti, organisé ce samedi. Racontant de petites anecdotes sur son compagnonnage avec le Président Abdoulaye Wade, tantôt lui jetant la pierre, tantôt lui rendant hommage, il est revenu sur quelques épreuves vécues par Wade durant les 26 ans d’opposition, dont la transhumance de ses députés après chaque législative. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, clarifie Idy, aussitôt arrivé au pouvoir, l’ancien président avait fait voter un projet de loi pour verrouiller toute possibilité de transhumance de député sous peine de perdre son mandat. Idrissa Seck pense que c’est ce qui explique le vote des députés du Pds lors de la déchéance de Aminata Touré de son poste de député. «Wade avait à cœur de protéger l’opposition même étant au pouvoir. Ceux qui blâment le vote du Pds sur le cas de cet honorable député ne comprennent pas. Ça vient de ce long parcours de 26 d’opposition».
Idrissa Seck tend la main à Yankhoba Seydi
Éminent membre de Rewmi d’alors, Yankhoba Seydi avait gelé ses activités dans ce parti depuis 2020 avec l’adhésion de Idrissa Seck à Benno Bokk Yakaar. Idrissa Seck, qui précise ne pas lui avoir parlé depuis presque trois ans, lui tend encore la main. Parlant de la redynamisation de l’école du parti, Idrissa Seck souligne que la branche manquait un peu d’animation lié un peu à l’attitude de Yankhoba Seydi qui avait manifesté son désaccord par rapport à son adhésion à la mouvance présidentielle. Aussi, Idy invite le professeur Seydi à intégrer l’équipe avec les professeurs Sidibé et Mbacké Diagne, s’il a pu «prendre le temps de la digestion de l’orientation que j’ai choisie en 2020 de privilégier la stabilité du pays par rapport à la carrière personnelle de chef de l’opposition».