Héros Paolo Rossi, l'homme qui fit pleurer (tout) le Brésil du Mondial 1982 avec l'Italie, est mort à l'âge de 64 ans



Paolo Rossi est mort mercredi ont annoncé sa veuve et les médias italiens. Il avait survolé le Mondial 1982 et remporté le Ballon d'Or France Football, quelques mois après avoir été impliqué dans un scandale de matches et de paris truqués.
 
Quelques semaines après la disparition de Diego Maradona, le 25 novembre, Paolo Rossi, autre étoile du football mondial des années quatre-vingt, s'est éteinte, mercredi. Héros de la Coupe du monde 1982 en Espagne remportée par l'Italie, il est mort à l'âge de 64 ans, ont annoncé sa veuve et les médias italiens.
 
Son épouse, Federica Cappelletti, a annoncé sa disparition sur Instagram. Elle a publié une photo du couple avec la légende « Forever » (pour toujours), suivie d'un coeur. « Il n'y aura jamais plus quelqu'un comme toi, unique, spécial », a-t-elle aussi écrit sur Facebook.
 
Une étoile filante devenue éternelle
 
L'Italie aimait tellement Paolo Rossi qu'elle avait fini par le surnommer le « bombardier né dans les étoiles ». Longtemps, on a cru que c'en était une. Une étoile filante qui avait illuminé l'horizon du Mondial 82 en Espagne. Avant de s'éteindre petit à petit. Depuis l'annonce de son décès, cette étoile est devenue éternelle. Paoli Rossi a succombé à une longue et incurable maladie, et c'est tout un pays qui porte aujourd'hui le deuil.
 
Et dire qu'il n'aurait jamais dû disputer cette fameuse Coupe du monde en Espagne qui fit sa gloire à jamais. Avant d'en devenir le héros, d'inscrire six buts dont trois contre le Brésil (3-2), deux contre la Pologne en demi-finale (2-0) et le premier du sacre (3-1) face à l'Allemagne, le joueur avait été mêlé au scandale du « Totonero », ces fameux matches de Championnat truqués qui ébranlèrent la Péninsule.
 
Passeport retiré, suspension prononcée
 
Le 25 novembre 1980, la police financière avait en effet arrêté huit joueurs sur les stades italiens. Convoqué par un juge, Paolo Rossi s'était vu retirer son passeport. Le buteur fut accusé d'avoir, avec d'autres, arrangé la rencontre Avellino-Pérouse qui s'était disputée le 30 décembre 1979 sur le témoignage... d'un vendeur de fruits en gros. Longtemps considéré comme un bouc émissaire, Paolo Rossi s'était toujours défendu d'avoir trempé de près ou de loin dans ces paris clandestins. Il fut pourtant condamné à trois ans de suspension. Suspension vite ramenée à deux ans.
 
L'homme fut anéanti et on ne donnait pas cher de la carrière du joueur. Sauf un certain Enzo Bearzot, sélectionneur national qui l'avait convoqué pour la première fois en décembre 1977 contre la Belgique à Liège (0-1) et qui, après la tempête qui s'était abattue sur le Toscan, lui avait susurré au creux de l'oreille : « Si tu tiens le coup et que tu continues à travailler sans relâche pendant ta suspension, je promets que je te ferai revivre les clameurs de la foule. » Promesse tenue puisque Paolo Rossi réintégrera les rangs de la Juventus trois mois avant le Mondial espagnol.
 
Les champions du monde 1982 pleurent Paolo Rossi
 
Celui qui fut formé à la Juve très jeune avant d'être prêté à Côme, puis à Vicence et enfin à Pérouse, reviendra au plus haut niveau, métamorphosé et désormais imperméable aux critiques. Un jour, il dira : « 80 % des gens croient en mon innocence, 10 % me croient coupable et 10 % sont perplexes. Moi, je me suis toujours posé la question de savoir comment j'ai pu être condamné sans jamais avoir trempé dans cette affaire. »
 
Paolo Rossi vivra de longues semaines avec cette suspicion au-dessus de la tête. Même son retour en équipe nationale fut critiqué par la presse italienne et les tifosi. Lors du premier tour, l'Italie ne fit que trois matches nuls. Contre la Pologne (0-0), le Pérou (1-1) et le Cameroun (1-1). « Le lendemain du match contre le Cameroun, expliquera l'intéressé, j'ai pu lire que je n'avais pas la condition physique requise et que l'on ferait mieux de m'envoyer à la montagne. »
 
 
On connaît la suite. Avec seulement un ménisque sur quatre, le buteur de la Juventus Turin entrera dans la légende et poursuivra sur sa lancée avec le club du Piémont. A son palmarès : deux Scudetti, une Coupe des clubs champions, une Coupe des vainqueurs de coupes, une Soupe d'Italie et une Supercoupe d'Europe. A la Juve, le triangle composé par Platini, Rossi et Boniek fera des ravages dans toute l'Europe. L'Italien et le Polonais constituant les rampes de lancement idéales du Français.
 
 
En 1986, Paoli Rossi tentera une nouvelle aventure, sans succès, à l'AC Milan, puis une saison plus tard à l'Hellas Vérone. Deux tentatives vouées à l'échec. Le joueur mettra ainsi un terme à sa carrière à l'âge de 31 ans, les genoux en miettes, et se lancera avec son énergie débordante dans le monde de l'immobilier. « Ma carrière a été plutôt brève, mais elle fut si intense, si excessive... Maintenant, je veux connaître d'autres horizons, aller encore plus loin, sillonner le monde, voyager, faire de la plongée sous-marine », expliquera le jeune retraité.
 
Il se replongera de temps à autre dans le monde du football en commentant sur Sky Italia des rencontres de Ligue des champions aux côtés de Gianluca Vialli, un autre international, avant de se retirer définitivement dans l'industrie agroalimentaire près de Sienne. L'Italie n'a pas fini de pleurer cet homme qui lui apportera sa troisième étoile, mais qui toute sa vie durant marchera sous cette ombre pesante du « Totonero ».

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