La communauté guinéenne, résidant au quartier Darou Rahmane de la commune de Rufisque Nord, est en état de choc, suite au meurtre par égorgement du nommé Boubacar Keïta, 58 ans environ, par son compatriote et colocataire non encore appréhendé. Le présumé criminel en cavale est activement recherché par les limiers du commissariat central de la ville de Rufisque.
Le meurtre du Guinéen Boubacar Keïta, aux allures de cruel assassinat crapuleux, survenu au petit matin d’hier, aux environs de 6h, à Darou Rahmane, quartier de Rufisque Nord, a suscité un véritable tollé, accompagné d’une vague d’indignation et de colère chez les voisins de quartier. Le tragique décès du sieur Keïta est sur toutes les lèvres des populations, qui ont convergé en masse vers la maison mortuaire, après avoir appris la triste nouvelle qui a fait l’effet d’une bombe et provoqué un réveil brutal des habitants encore groggy.
Keïta a été surpris en train de faire ses ablutions pour la prière de l’aube
Keïta et son présumé bourreau cohabitent, depuis quelques mois, dans la même maison en location. Leurs deux chambres respectives se trouvent côte à côte. Le premier nommé y vit avec ses deux épouses et ses quatre enfants mineurs. Tandis que le deuxième nommé est célibataire et vit seul. Nous ignorons ce qui s’est réellement passé le jour du meurtre de Keïta. Mais, d’après des témoignages vérifiés à bonnes sources, ce dernier, comme à son habitude, s’est levé tôt le matin, a pris sa douche et commencé à faire ses ablutions dans la cour de la maison. Une de ses épouses se trouve pendant ce temps sous la douche.
Une de ses épouses, à sa sortie des toilettes, voit son mari, la gorge tranchée, alerte le voisinage par des cris
Des cris stridents retentissent soudain dans la concession et tirent du sommeil profond les gens. L’épouse de Keïta – qui était sous la douche – enfile en vitesse sa serviette, déboule des toilettes et accourt pour vérifier. Et là, elle tombe sur son mari, la gorge tranchée, baignant dans son sang et agonisant. L’époux, encore en vie, hurle sans cesse et se plaint d’avoir été sauvagement poignardé au cou. Elle hurle de toutes ses forces et ameute le voisinage. Elle promène le regard dans la cour de la maison et aperçoit, dans le clair-obscur de l’aube, un de leurs colocataires et compatriote guinéen qui fonce droit vers le portail de la concession et s’empresse de sortir. Elle persiste dans ses hurlements et sollicite l’intervention des voisins. Mais, c’était trop tard pour le bonhomme, qui a perdu beaucoup de sang sur place avant de mourir.
Le colocataire présumé assassin quitte la maison et disparaît ; la police lance la chasse à l’homme
Les limiers du commissariat central de la ville se rendent sur les lieux, découvrent l’horreur et sacrifient aux traditionnelles constatations et mesures conservatoires (Cmc). Les sapeurs-pompiers embarquent le corps et l’acheminent à la morgue d’un centre hospitalier, aux fins d’autopsie. Les traces des flots de sang étaient visibles presque partout dans la cour de la maison. Une véritable boucherie. Le présumé assassin a débarrassé le plancher, avant l’arrivée de la foule. Il a été cependant clairement identifié par les flics, qui ont lancé la chasse à l’homme. Il a devancé dans la maison en location la famille Keïta. Il développait parfois un comportement bizarre dans la concession. Leur logeuse Marième Dalanda Diallo dit n'avoir jamais été alertée d'une quelconque brouille dans la maison entre les deux parties.
Vieux Père NDIAYE
La nature du mobile de l’assassinat inconnue ; la thèse du crime crapuleux se dessine
Même si l’on ignore pour le moment la véritable nature du contentieux entre les deux compatriotes guinéens colocataires, la thèse d’un assassinat crapuleux, planifié la veille, se dessine. Le présumé criminel aurait-il mûri son coup et guetté les premières lueurs de l’aube d’hier, pour sortir en douce de sa chambre et aller s’attaquer sauvagement par surprise à son voisin de maison ? Ont-ils plutôt eu une brouille ponctuée d’échange de propos durs autour de quelqu’un ou surtout de quelque chose relatif au fonctionnement de la maison en location, le jour de l’horreur, avant que le supposé criminel ne se jette sur lui et lui tranche net la gorge avec un couteau, avant de prendre la fuite ? Mais, comme il n’y a jamais de crime sans mobile, la suite de l’enquête de la police permettra d’être édifié, si les limiers parviennent à coincer le mis en cause en fuite. Ce dernier vivait comme un reclus dans la maison et n’entretenait aucune relation d’affinité et de bon voisinage avec la famille du défunt.
Darou Rahmane de Rufisque Nord crie à l’insécurité et interpelle l’Etat
Les habitants du quartier de Darou Rahmane de Rufisque Nord souffrent d’un manque criard d’infrastructures sociales de base. Notamment l’éclairage public. S’y ajoutent également le difficile accès, le manque d’urbanisme dans la bourgade et les risques réels d’agression. Ils ont saisi l’occasion pour crier leur ras-le-bol et solliciter l’intervention des autorités étatiques, aux fins de les aider à sortir de l’ornière. En effet, la configuration de la localité est telle que tout visiteur véhiculé ou pas est tenté de qualifier le secteur de quartier perdu et coupé du reste du monde. On y vit presque comme des reclus. Il s’agit d’un quartier aux allures d’un véritable ghetto avec des ruelles en labyrinthe. Aucun habitant n’ose sortir la nuit ou envoyer son enfant à la boutique du coin. Les femmes qui se lèvent au petit matin pour aller vaquer à leurs occupations, sont aussi exposées.
V. P. NDIAYE