Depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle, l’opposition ne cesse d’être harcelée. Le dernier opposant qui en a fait les frais, c’est Barthelemy Dias, qui a eu une visite surprise d’un agent de la Direction de la sûreté du territoire répondant au nom de Gehad Yacine Fall, avec le matricule 692-707-70. En effet, cet agent de police s’est introduit en plein jour dans la voiture de Barthélemy Dias garé devant sa maison, avec une mission à moitié dévoilée.
Les habitants de Sacré-Cœur n’en reviennent toujours pas. D’habitude calme, ce quartier a été perturbé hier matin par un…policier. 10h45mn, la devanture de la porte de la maison de Barthélemy Dias est la principale attraction. Techniciennes de surface, maçons, voisins ont tous l’œil rivé sur le maire Barthélemy Dias. Ce dernier se tient debout près d’un monsieur en tee-shirt rouge à manches longues et jean bleu, entouré par les gardes du corps du maire. Téléphone collé à l’oreille, Barthélemy Dias gesticule en signe de protestation. «M. le commissaire, je ne peux pas comprendre qu’un individu qui est de la police s’introduise dans ma voiture… comment je peux arrêter un policier… ?», il finira sa phrase à l’intérieur de la maison. En attendant, ses gardes du corps nous renseignent que le sieur qu’ils ont encerclé est un agent de la Direction de lasûreté du territoire (Dst), communément appelé agent secret, qui s’est introduit dans la voiture de leur patron.
Quelques minutes plus tard, Barthélémy Dias sort de la maison et s’adresse à ses éléments de la sécurité. «Prenez la voiture et amenez-le à la section de recherches, le lieutenant N. vous attend…mais prenez d’abord des photos de lui et de sa carte professionnelle», dit-il. Ses gardes du corps s’exécutent.
Barth revient sur la tournure des évènements
L’histoire aux relents de roman policier est racontée par le maire lui-même. «J’étais à l’intérieur, mais subitement, j’ai entendu des bruits. Je me suis rapproché de la porte d’entrée et j’ai vu que mes éléments de la sécurité avaient neutralisé quelqu’un. Ce dernier m’a expliqué une histoire à dormir debout. Ce monsieur détenait par-devers lui une carte professionnelle de la police avec son matricule. La preuve, le commissariat de Dieuppeul a appelé pour confirmer que c’est un élément de la Dst et qu’ils étaient en route pour venir le chercher. Je lui ai demandé ce qu’il faisait là. Il dit qu’il a été envoyé par ses supérieurs et il a une mission à faire avec le véhicule immatriculé DK 4102 AP qui est une Bmw m’appartenant et il a effectivement ouvert mon véhicule et y est rentré. On l’a extrait du véhicule et il semblait ne pas être inquiet», narre Barthélemy Dias.
«Je ne suis pas un révolutionnaire»
Dias en a profité pour dire qu’il est loin du personnage qu’on décrit. «C’est une stratégie de terreur qui ne dit pas son nom. Je rappelle que lors de la proclamation des résultats un enregistrement sonore a été diffusé appelant à un soulèvement populaire et on a failli m’arrêter, car on me prêtait cette voix dans l’enregistrement, ce qui est totalement faux. Aujourd’hui, un policier appartenant à la Direction de la sûreté du territoire qui se permet de rentrer dans mon véhicule, c’est assez inquiétant, parce qu’il ne faut pas demain que les gens se réveillent et qu’on leur dise qu’on a retrouvé de la drogue dans la voiture de Barthélemy Dias ou des armes à feu», dit-il. Dias fils précise encore qu’il n’est pas «un révolutionnaire» et, dit-il, «je n’ai jamais fait de mal à quiconque dans ce pays et aujourd’hui, je ne suis pas non plus candidat à l’élection présidentielle, alors je ne vois pas pourquoi tout cet acharnement contre ma personne. J’aurai souhaité vraiment que les autorités de ce pays se ressaisissent».
«La Dst… C’est totalement irresponsable»
S’agissant de la Dst, Barthélemy Dias ne comprend toujours pas la démarche de ceux qui doivent assurer notre sécurité. «Comment la Dst peut envoyer quelqu’un venir infiltrer mon intimité et se permettre de rentrer dans mon véhicule ? Et je rappelle que la Dst a saisi le commissariat de Dieuppeul pour demander au commissaire d’intervenir pour venir extraire un de leurs éléments ; ça c’est totalement irresponsable», dit-il. Et de poursuivre : «je ressemblerai à quoi si en pleine circulation, on m’arrête et qu’on trouve de la drogue, des armes ou des documents appelant à un coup d’Etat… Dans ce pays, où il n’y a pas grande espoir en la justice ? Nous allons consulter nos avocats et déposer une plainte».
Pour finir, il soutient que «les éléments de la police sont là 24h/24. Ils ont le droit de me filer, de me surveiller… c’est leur travail, mais ils n’ont pas le droit de s’infiltrer dans mon véhicule ou de violer mon intimité. Il y a deux ou trois pick-up qui passent souvent devant ma maison».
Samba THIAM